Le Diable avait décidé de livrer l'essentiel de notre cargaison spéciale à notre mandant. Mais avant, il fallait se préparer un minimum, car l'identité de notre contact n'était autre que le Mogul Balaka, un gros bonnet du Cartel des Hutts. Au moins, cela voulait dire que le capitaine nous accordait un peu de repos, et donc une petite avance sur salaire pour que nous puissions profiter dignement de cette permission. La joyeuse troupe se sépara donc, diluée parmi la foule glauque de Roon. De mon côté, j'ai commencé par me racheter des bottes neuves, les dernières étant bousillées suite à la mission de Nar Shaddaa. Puis, je me suis pris une chambre au Blue Frog, ne sachant pas vraiment où aller autrement. Bien entendu, je ne comptais pas rester sagement dans ma chambre jusqu'à la fin de ce congé. De plus, Irnyle m'avait injecté quelques drogues anti-douleurs afin de me permettre de supporter mes blessures, cela aurait été dommage de ne pas en profiter.

Mon activité du soir s'orienta ainsi vers une cage de combat, au Dissi'dance, un club branché de Nunurra. Là-bas, je fis un malheur. Cependant, ma participation au tournoi fût écourtée à cause de la mort de ma dernière rivale. En effet, celle-ci avait cru bon de s'armer d'une barre de fer pour me faire la peau, on pouvait dire qu'elle avait reçu un puissant retour de bâton... Cette affaire réglée dans le sang et la violence la plus brutale qui soit, je me retrouvai jeté au-dehors de la salle de combat, un petit pécule remporté tout de même. Mais mon esprit n'était pas encore à la dépense. J'avais remarqué, durant mes confrontations précédentes, une spectatrice perchée sur un balcon. De loin, je crus reconnaître Jen, celle que j'avais abandonné (de force) sur Coruscant des années plus tôt. Alors, je devais en avoir le cœur net. Il fallait que je vérifie si Jen était là ou non. S'il y avait bien une toute petite chance de la retrouver, je ne pouvais la laisser filer.

Le garde de l'étage des balcons ne se montra pas très avenant. Ce dernier me refusait l'accès pour je ne savais quelle raison. Un coup de pied plus tard, je pus enfin avancer. Néanmoins, ma progression fût stoppée par plusieurs blasters pointés sur moi. Par hasard, le maître des lieux se trouvait être en compagnie de la brune que je cherchais. Mais ce n'était pas Jen, il s'agissait en fait, à ma grande surprise, de Néro. La mécanicienne avait troqué ses fringues d'ado pudique contre des vêtements plus appropriés à l'ambiance décomplexée du club. Sans oublier quelques traits de maquillage pour sublimer son fin visage. Autant dire qu'elle était désormais méconnaissable, voire tout à fait charmante.

L'homme qui tenait compagnie à la Black Rover sur le balcon était en fait le véritable patron des lieux, du moins à cet étage (l'organigramme du Dissi'dance étant un peu particulier). Il s'appelait Lok, Maître Lok. Accroc aux drogues, et philosophe à ses heures, Lok se promenait à moitié nu sous son peignoir, sans la moindre gêne. Néro était venue à lui pour qu'il lui donne du travail, en échange de faux papiers notamment. Je me retrouvais quant à moi un peu bête ici. Mais Lok me proposa un verre malgré mon intrusion, chose que je ne refusais évidemment jamais. Un Dar'manda n'était pas forcément dénué de manières...

Cette soirée se termina bizarrement. Après sa "mission", Néro se joignit à moi pour boire du rhum. S'ensuivit la naissance d'une amitié pas comme les autres. Je fis le serment de ne rien lui cacher, ainsi que de répondre à toutes ses questions dorénavant. J'appris en retour de la nerd qu'elle avait perdu tout souvenir datant de plus de six mois en arrière. Ceci expliquait pas mal de choses à son sujet, c'était indéniable. Une fois chez elle, le thème de notre échange fût mon passé, ou du moins une partie de mon histoire. Stokes était jusque là la seule personne qui savait tout de moi, dans les moindres détails. Vider mon sac auprès de Néro s'avérait agréable. Je me sentais un peu plus léger après coup. La compagnie de la mécanicienne m'apportait un peu de fraîcheur, et une sorte de réconfort plutôt difficile à expliquer clairement.

Dans sa bonté habituelle, Néro m'hébergea, me permettant de ne pas finir à la rue, car je n'avais à présent plus de quoi payer l'hôtel toute la durée du séjour. Le lendemain, alors que nous avions convenu de nous retrouver en ville avec ma collègue pirate, une surprise vint frapper à la porte de l'appartement. Étant seul sur place, je devais m'occuper de ça moi-même. C'est comme ça que je rencontrai Abequa, la fille de Danan Demeci, mon frère tué de mes propres mains. Au départ, je fus très méfiant envers elle. Après tout, elle restait une Demeci, et la plupart devait souhaiter ma mort maintenant que j'avais liquidé un des leurs. Mais Abequa n'était pas animée par la vengeance. Au contraire, elle cherchait à fuir le joug des aînés Mandaloriens, qui continuaient vraisemblablement à se perdre dans leur idéologie même après avoir vu Manda'yaim partir en fumée.

D'une fausse promesse, je parvins à me débarrasser de cette nièce collante, qui risquait de m'attirer moult problèmes. Par la suite, je pus retrouver Néro comme cela était convenu entre nous. Pour passer le temps en paix, nous prîmes des places d'holo-cinéma pour le film d'anthologie "Le Bon, la Brute et le Gluant". Ce fût un bon moment. Néanmoins, Abequa nous avait suivi et nous espionnait depuis le fond de la salle obscure... Il était clair qu'elle était plus maline que prévu.

Forcés de se coltiner l'adolescente ce jour-là, qui joua de son regard étincelant pour nous convaincre de ne pas l'envoyer paitre, nous nous rendîmes dans un salon de thé non loin de l'holo-ciné. C'est d'ailleurs là-bas que les problèmes commencèrent. Pendant que nous étions en train de discuter, découvrant un peu plus en détail les tenants et les aboutissants de la fugue de ma nièce, un duo de Mandaloriens armés fit irruption dans le bistroquet. Il s'agissait bien entendu du fiancé d'Abequa, Rholee (accompagné d'un de ses compagnons de clan probablement), venu récupérer sa promise pour la marier au plus vite. Les événements ne pouvaient que dégénérer...

Abequa liquida le garde-du-corps de Rholee après quelques tergiversations, puis je me chargeai d'envoyer personnellement le jeune homme en enfer, en lui explosant le crâne contre le mur du salon de thé. Après ça, il fallait admettre qu'Abequa ne pouvait plus revenir en arrière, s'étant elle-même rendue coupable du meurtre d'un Mandalorien. Dans les faits, elle était devenue comme moi : un Dar'manda. Il n'y avait donc plus qu'une seule chose à faire à présent : la prendre sous mon aile. Ou plutôt : sous notre aile, à Néro et à moi. Car la mécanicienne faisait partie de l'histoire désormais, elle l'avait accepté.

Installés dans l'appartement de Néro, nous passâmes une dernière nuit sur Roon tout en tranquillité. Bon, quelques tensions apparaissaient entre les deux filles, mais rien d'assez méchant pour que j'eusse le besoin de m'interposer. Au fond, cette situation était assez sympathique. Dommage qu'elle soit constamment menacée par une ombre dangereuse répondant au nom de Ramercia Demeci... D'autant plus que Rholee était un membre du clan Wren, la même famille que celle d'Irnyle, alias la Seringue des Black Rovers. Tout ça n'augurait clairement rien de bon.

Le jour du départ arriva enfin. Il fût décidé qu'Abequa resterait à Nunurra, le temps que les choses se tassent. Et puis, de cette façon elle garderait l'appartement. Ce n'était pas plus mal, même si l'idéal aurait été qu'elle ne soit pas recherchée, en parallèle, par toute une bande de guerriers véreux, bien entendu. Les situations sûres et parfaites avaient tendance à échapper au cours de ma vie, à vrai dire. Quoi qu'il en fût, Néro et moi ne pouvions rester, car l'argent de Mugler ne nous avait pas encore été versé, en compensation des derniers services rendus. Je n'avais pas fait exploser Ridda sans intérêt, d'autant plus que mes quelques blessures contractées à ce moment là (cumulées aux nouvelles, liées à la Fight Night du Dissi'dance) pesaient toujours sur mon corps.

De retour sur le Black Rover, il était temps de reprendre le travail. J'avais espéré que Mugler me trouve d'autres tâches que celles du préposé au ménage, mais non, le repos du Diable ne l'avait pas inspiré plus que ça. Condamné à passer la serpillère encore et encore, je fus logiquement ravis d'entendre la sonnerie de fin de service de ce premier jour de reprise. Je me rendis alors immédiatement auprès de Néro, car non seulement je voulais voir un visage familier, mais je devais également effectuer l'entretien de ma prothèse bionique. Nul doute que la nerd se révélerait utile dans ce cadre là. Par ailleurs, la vie de l'équipage pirate semblait avoir simplement repris son cours. Ce qui était rassurant, puisque cela voulait dire qu'Irnyle ignorait qu'un membre de sa famille venait de périr de mes mains la veille seulement.

La livraison des marchandises arrachées à Ridda eut enfin lieu. Pour tout dire, cette opération fût très facile. Néro et moi avions pour seule mission de surveiller l'endroit prévu pour l'échange, tout en restant en retrait. Quelques frictions apparurent entre nous, pendant ce job, toutefois il ne fallait pas en faire un drame. Bien que ceci me fit réfléchir à l'avenir de notre relation, logiquement. Ma collègue mécanicienne avait difficilement gagné ma confiance lors de notre escale sur Roon, pourtant elle paraissait toujours capable d'agir de façon très... Individuelle. Son indépendance était très importante à ses yeux, sûrement car c'était ce trait précis qui lui avait permis de survivre jusqu'ici, relativement seule donc. Cependant, il entravait parfois nos discussions. Empêchant notre lien de se renforcer davantage. Je n'étais pas exempt de défauts non plus, dans cette affaire. Néanmoins, je m'étais mis à penser avec la notion de groupe, de famille. Car Abequa, Néro et moi étions désormais une famille, qu'on le veuille ou non. Nos vies étaient toutes liées, pour le meilleur comme pour le pire. Alors, peut-être que je m'emballais un peu à ce sujet, je ne savais trop quoi en penser, pour être honnête.

Tout d'abord nous avons effectué un exercice d'abordage. C'était marrant, mais on a fini par perdre (j'étais dans le trio d'attaque avec Mugler et Néro). Lors du débriefing, en compagnie de tous les Black Rovers, quelques langues se sont enfin un peu déliées. Puis, il y a eu cette... Discussion avec Néro. Je me suis excusé pour notre dernier échange tendu, nous nous sommes pris la main, et nous avons laissé notre passion s'exprimer. Que dire d'autre? Ah oui : elle m'a révélé l'existence d'une entité artificielle dans son cerveau, reliée à son implant cérébral. Cette information fût très importante, car elle m'a permit de mieux comprendre certaines choses sur elle. Quoi qu'il en soit, cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti aussi bien. Je ressens d'ailleurs encore ce feu ardent au plus profond de moi, si chaleureux et revigorant. Nous avons tout bonnement partagé un instant inoubliable, qui marque d'une bien belle façon le début de notre nouvelle relation. Néro, tu es sublime.

Nouvelle mission, nouvelle planète. Cette fois-ci, nous devions retrouver quelqu'un, Antonov Gibral, une sorte d'assureur qui trempe dans des affaires louches sur Coruscant. Oui, sur Coruscant... Je ne pensais pas revenir un jour dans la capitale Républicaine, d’autant plus en tant que pirate. Enfin, j'ai tout de même réussi à faire abstraction de mes vieux démons, concentré sur mon objectif et la tâche pour laquelle j'étais payé. Et puis, j'étais aux côtés de Néro, symbole à part entière de mon renouveau.

Après avoir massacré une bande de loubards dans un bistro, nous partîmes vers la base d'un gang véreux du quartier industriel. Selon les informations obtenues, Gibral avait été capturé par ces voyous aux crânes rasés, tous Humains, sans exception. Il devait s'agir d'une bande suprémaciste... A mon époque, ce genre de groupe ne sévissait pas beaucoup sur Coruscant, il fallait croire que la donne avait changé après la guerre contre la CSI. C'était assez logique, vu le faible nombre d'Humains parmi les rangs séparatistes.

L'attaque de la base ennemie ne fut pas de tout repos. Quantité d’obstacles se sont dressés sur notre chemin, dont deux jeunes Jedi envoyés là par leurs maîtres, avec, surprise, le même objectif que nous. Ils constituèrent d'abord des adversaires, puis des alliés. En effet, Néro et moi avions déjà libéré Gibral, les Jedi n'avaient donc d'autre choix que de s'allier à nous pour espérer sortir vivants du guêpier suprémaciste.

Une fois dehors, ils ont bien tenté de nous arrêter, en vain. Néro a tout de même failli se faire capturer, mais l'arrivée de nos alliés Black Rovers fut salvatrice. De retour au vaisseau, l'heure du débriefing avait sonné. Notre mission était un succès.