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L'ennemi intérieur
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Phoebe Aldrich

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Phoebe Aldrich
Militaire
Dim 25 Oct - 15:51
Phoebe regarda de ses yeux glaciaires Ezor et Brown se faire embarquer par les officiers du coin, fermement menottés. Brown suait à grosse goutte, ce qui semblait être un état permanent chez lui, et Milva Ezor, la cheffe de la sécurité, accrocha son regard juste après. Ils lui envoyaient des éclairs et la promesse d’une mort très lente et très douloureuse si elles se recroisaient un jour.
L’inspectrice expira sa fumée à ce moment juste devant elle, faisant disparaître l’image des décadents de la République Galactique de ses yeux. Si Ezor pensait l’impressionner ou l’atteindre, ce n’était pas le cas. Et lorsque la fumée se dissipa, elle n’eut en retour que le visage placide et stoïque de la blonde. Aucune réjouissance, aucune peur, aucune émotion.


Une façade rigide derrière laquelle se cachait une légère rage. Si elle n’avait pas été en mission, si ses coéquipiers ou d’autres témoins n’avaient pas été là, la responsable sécurité de la base n’aurait sans doute plus assez de dent pour sourire.
Et peut être même que son corps n’aurait jamais été retrouvé. Pas avant de très longues années en tout cas.


Cette histoire faisait remonter un dégoût profond dans la gorge de la Septième fille Aldrich. Elle ne l’avait jamais ressentie aussi fort avant, et surtout pas au sujet de son ancienne famille militaire. C’était comme retrouver l’usage de ses yeux après une grenade flash lancée dans les ténèbres. Ça agressait les pupilles et le cerveau. Est ce que l’ensemble des bases sur lesquelles elle avait construit sa vie d’avant étaient toutes aussi pourries? Où n’était-ce que des cas isolés, profitant d’un népotisme et d’arrangements datant de l’ancien gouvernement Valorum pour poursuivre des manigances considérées comme tolérable avant?


Il y avait des cadavres dans les placards, des charniers puants et dégoulinants. La nouvelle gestion de la République étant encore en construction, il était plus que probable qu’elle ne soit pas au bout de ses peines et de ses découvertes. Le souci majeur étant que cela touchait une institution qui se devait par nature d’être irréprochable. Lorsqu’elle était à l'intérieur, elle réalisait qu’elle avait laissé passé beaucoup de choses, se planquant derrière les ordres où elle ne savait quelles doctrines qui donnaient l’impression de construire un monde meilleur.

Mais vue de l'extérieur, ce monde meilleur était déjà à moitié mort, grignoté par des charognards tels que Brown ou Ezor. Une vraie claque. Un vrai dégoût.

Jesti Ribu la sortit de ses pensées moribondes, abordant le sujet épineux des clones. Pauvres gars, pensa Phoebe. Suffisamment vivants pour être envoyés au front et remplir les tâches ingrates pour que personne ne se salisse les mains, mais pas assez pour avoir un minimum de considération de la part de leur pairs non clonés ou de la population.

Elle n’avait jamais été hostile envers eux. Ils avaient chacun leurs missions. Mais encore une fois, de l'extérieur, tout devenait plus laid.
Si elle ne pouvait rien faire pour les clones en général, elle avait cependant quelques trucs à faire pour Armstrong et ses semblables ayant subit les actes répugnants et étranges des superviseurs de la base.


Interrompre momentanément la procédure de reconditionnement était un de ses trucs. Elle ne pensait pas qu’à son niveau, elle pouvait l’arrêter complètement, mais avec la latence de la justice, des miracles pouvaient encore se produire.

Phoebe fixa alors Loh Darl. Il n’avait rien dit depuis que la sentence était tombée. Enfin rien d’audible pour elle. Elle ne l’avait peut être pas entendue, trop concentrée à tenir tête à Ezor, de femme à femme. Il serait cependant intéressant que le jeune Jedi puisse lui faire part de ces perceptions sur les deux individus qu’ils venaient de coffrer. Après tout, il venait de jouer un rôle majeur dans cette enquête, il avait légitimement le droit d’émettre n’importe quel avis sur la situation.

Pour faire retomber la tension, elle lui fit part de son avis sur son investissement dans cette affaire.

- Merci Jedi. Votre aide à été salutaire.

Elle tira de nouveau sur sa cigarette quand son datapad bipa. Le dossier Armstrong venait d’arriver apparemment. Un officier de la base vint au même moment leur préciser que le clone se trouvait de nouveau dans la salle d’interrogatoire.
Interrogatoire était peut être un mot un peu fort, mais c’était le seul qu’ils utilisaient réellement au sein de la PEGI. Le clone n’était pas encore au bout de ses peines, mais déjà, il n’était plus suspect dans la sombre histoire de la caisse manquante.


L’équipe d’inspecteur se mit alors en route, et la blonde commença à lire le dossier, dans les grandes diagonales, tout en faisant part à ses collègues de ses dernières questions sur l'enquête.

- Il nous manque encore des pièces dans cette histoire…

Ribu lui répondit par un “hum” un peu interrogatif, ses yeux étant aussi a moitié posé sur son écran.

- Ezor et Brown ne sont que des rouages, il manque…

Sans le vouloir, sa phrase se coupa en plein milieu et son pas se ralentit, frôlant l’arrêt. Son regard venait de tomber sur un mot d’outre tombe qui fit germer un sentiment de panique extrême teinté de surprise dans ses entrailles.

Le Shadow. Armstrong avait servi sur le Shadow. Si cela était une blague, elle était très mauvaise. C’était comme si elle s’enfonçait dans des marécages nauséabonds à chaque fois qu’elle parvenait à en sortir ne serait-ce qu’un peu. Putain. Est ce que quelqu’un se foutait de sa gueule la haut?

- Il manque quoi?


Elle releva la tête, surprise par l’intervention de son collègue palmipède.

- T’as commencé à dire un truc et tu t’es arrêté.


Phoebe cligna des yeux deux fois, tira sur sa clope une nouvelle fois, puis son visage stoïque revint s’afficher.

- Ah… oui. Il manque le reste du réseau. On ne sait toujours pas de qui vient l’ordre, ni à qui la caisse devait être livrée. Ni s’il y en avait d’autres.
- Les gars des renseignements vont sans doute cuisiner suffisamment nos deux larrons pour leur faire cracher quelque chose.

Oui. Pour avoir baigné dedans, elle connaissait leurs méthodes et leur capacités à extorquer des informations par le biais d’actes peu conventionnels. Restait à savoir si ces informations seraient vraies, et non pas des aveux pour faire tomber des têtes. Mais cela était hors de sa juridiction désormais. Tant mieux ou hélas.

Comme pour le vaisseau fantôme qui, en plus de la hanter toutes les nuits, voulait aussi s’accaparer ses jours.

Ils reprirent leurs marches, et Aldrich essaya de remiser toutes ses sensations contradictoires au fond d’elle. Loh Darl était empathique, ils avaient encore besoin de valider deux trois choses avec le clone. Autant éviter de parasiter sa perception par un flot d’émotions inutiles à l’enquête.

Lorsqu’ils entrèrent dans le petit local de leur première rencontre avec le clone, il était déjà là. Ses mains menottées étaient posées à plat sur la table, mais il paraissait égal à lui même. Comme ce que l’on attendait de lui. Phoebe marmonna un ordre rapide à l’adresse du garde devant la porte pour qu’il vienne retirer les bracelets du soldat. Il n’était plus dans la catégorie de personne qui nécessitait de telles mesures.

Une fois le clone libéré, et eux-même installé sur leur siège en face de lui, il fallait commençait. Et Ribu lui signala que c’était à elle de commencer.
Elle débuta donc par quelques informations sur la situation de l’enquête.


- Bien Armstrong. Le superviseur Brown et la cheffe de la sécurité Ezor ont été mis aux arrêts pour de très nombreux motifs, qui ne comblent cependant pas tout les trous de notre enquête.


L’annonce fit réagir légèrement le dit Armstrong, mais il ne dit rien, ses mains restant posées bien à plat devant lui. Compte tenu de la loyauté que ce dernier avait pour Ezor, l’inspectrice s’était attendu à une réaction plus nerveuse de sa part, mais pour le moment, il se contentait d’écouter. Loh pourrait éventuellement lui en dire plus sur sa réaction après.

- En ce qui vous concerne, vous êtes désormais considéré comme une...un témoin important dans l’affaire.

Elle avait esquivé de justesse le terme “pièce à conviction” dont l’usage aurait, selon elle, été déplacé face à un être vivant, malgré le peu de droit dont les clones disposaient. Armstrong acquieça doucement. Il ne savait peut être pas ce que cela signifiait exactement, aussi Phoebe essaya de lui détailler ce point.

- Aucun reconditionnement ne pourra être applicable vous concernant, jusqu’au jugement final tout du moins. .. Nous avons cependant besoin de savoir plusieurs choses, ainsi que d’avoir les matricules des autres clones ayant pu être confronté aux comportements déviants de Brown.

Armstrong hocha la tête de nouveau, et répondit d’une voix protocolaire qui fit tiquer l’inspectrice. Le clone s’était révélé plus loquace et un peu plus émotif durant leur dernier entretien, malgré son entraînement. Et elle se demanda s’il ne cherchait pas à cacher quelque chose.

- Je suis a votre disposition dans le cadre dans cette enquête.

La blonde chercha alors quelques secondes à articuler ses questions. Il était peu aisé de trouver un commencement dans toutes les interrogations qu’elle avait. Son regard se porta alors sur son dossier. Et elle choisit de débuter par cela, mais avec un manque évident de tacte.

- Bien. Merci. Votre dossier est...quelque peu lacunaire.

Les mains du clone bougèrent légèrement sur la table, et elle vit qu’il cherchait à masquer une légère tension.
La boule au fond de la gorge revint alors, et elle essaya elle aussi de masquer ses réactions en reprenant basiquement la lecture du dossier.


- Il est écrit que vous avez servi sur le...un vaisseau nommé ...Shadow au début de la Guerre. Vous n’êtes plus en service spatial?


Ses coéquipiers ne savaient rien sur son lien étroit avec le vaisseau. Et le clone ne semblait pas non plus avoir fait le lien entre le nom de famille de son amiral et elle. Elle ne lacherait pas cette information ici. Elle avait une mission à mener, pas une vendetta personnelle, malgré le fait que cela la démangeait dangereusement.


- C’est exact. Le vaisseau a été détruit durant la bataille. Depuis, j’ai été affecté aux escouades logistiques terrestres. Mes quelques OPEX sont principalement de l'ordre de l’acheminement de matériel. Je n’ai pas vraiment pris par à une mission spatiale ou aéroportée depuis.

Phoebe respira doucement et profondément pour chasser la vision incandescente du Shadow de son esprit.

- C’est… étrange ce genre de mutation…

Armstrong contracta de nouveau légèrement ses mains.

- Beaucoup de gens sont morts ce jour là.


Elle empecha ses yeux de s’embuer momentanément, le message du répondeur vocal de feu son père tournant dans sa tête. Pour reprendre un peu de contenance, elle s’alluma une nouvelle cigarette. L’effet de l’inhalation la reconcentra immédiatement, et elle fit un léger lien avec la présence du mot “insatisfaisant”. Armstrong et les survivants du Shadow devaient aussi se trimballer un PTSD aussi gros qu’un Hutt.
Dans ce cas, pourquoi n’était-il pas passé par le reconditionnement avant? Le clone ne devait cependant pas avoir la réponse. Elle tapota donc une remarque sur son datapad, puis releva la tête pour regarder de nouveau le soldat.

- Excusez moi. La suite du dossier reste… vide suite à cet événement.
- J’ai débuté mon service auprès du superviseur Brown. Il n’y a pas grand chose à dire de plus.

Et ils y étaient. Le Shadow pouvait repartir dans le lointain, le lien avec l’enquête était là.

- Vous ne sembliez pas l’apprécier, de ce que j’en ai vu.

Les mains du clone se tendirent de nouveau.


- Je n’ai pas d’avis à donner sur le Superviseur.

Phoebe échangea un regard avec RIbu, puis avec Loh. Le Pen-fi semblait avoir une envie forte de secouer le clone mais la jeune femme décida de temporiser. Et de jouer sur une autre corde.

- Armstrong, dans le cadre de cette enquête, nous allons sans doute remuer des choses. Sachez cependant qu’aucune ne pourra être retenue contre vous, quoiqu’elles soient. Brown et Ezor, avec leurs défauts et leurs qualités, ont fait des choses graves, que nous devons être capable de mesurer.


Armstrong baissa les yeux, et ses mains glissèrent lentement sous la table. Phoebe planta alors ses yeux dans les siens, afin qu’il ne perçoive pas l’agitation de son collègue à ses côtés.

- Nous avons appris que Brown vous demandait de...d'ôter vos casques, entre autre, dans des zones de la base non soumises à surveillance. Pouvez-vous nous détailler précisément ce qu’il vous demandait de faire.

Le clone déglutit, respira, et l’inspectrice était quasi certaine que ses mains devaient serrer ses genoux si fort qu’il pouvait s’en déplacer les rotules. Et elle eut un peu peur des révélations qui allaient poursuivre.

- Je…C’est...compliqué à exprimer.



Jesti Ribu lâcha un : “nous avons besoin de savoir”, autoritaire mais pas agressif, ce qui était une performance chez lui. Mais il fallut encore quelques secondes au clone pour réussir à débuter une phrase correcte.

- Le...Superviseur Brown nous demandait d’ôter nos casques et de...porter des vêtements civils.

Le Pen-Fi faillit rire mais se retint en faisant mine de s’étouffer. A ses côtés, Phoebe se contenta de tirer sur sa clope, et Loh Darl bougeait à peine. Le trio d’inspecteur devait tous se demander ce qui posait problème dans cet acte, mais aussi ressentir un début de soulagement, s'attendant à une information beaucoup plus sordide. Puis, Aldrich se rappela qu’aussi physiquement humain qu’elle, Armstrong restait un clone. Donc un "matériel" de guerre. Et l’on passait rarement une petite liquette à sa mitrailleuse lourde.
Devant le nouveau silence, Phoebe essaya d’encourager le soldat à poursuivre.


- Et? Ces tenues étaient elles...indécentes, non républicaines, pas à votre goût, en plus d’être civile?

Le regard du clone se perdit quelque part, et après quelques hésitations, il parvint à faire sortir la suite de sa gorge.

- Ce n’est pas ça… après, il...voulait qu’on se comporte comme des...des “humains”. Et…

Le silence retomba, la fumée s’envola de nouveau, et la blonde polaire prit un moment pour  passer l’une de ses mains gantées sur son visage. Clone et comportement humain. Voilà deux beaux mots antagonistes dans leur langage. Les clones en connaissaient-ils seulement la définition? Cette requête était bien évidemment aussi étrange qu'insensée dans leur contexte. Brown avait-il un attrait particulier pour les jeunes hommes bien formés, ou était ce une envie personnelle que ces armes génétiques puisse entrevoir autre chose que des ordres et des saluts militaires? Elle n'avait pas interrogé Brown, mais la manière dont Ezor lui avait conté ces situations montrait que tous étaient gênés, comme s'ils accomplissaient quelque chose d'anormal, voire de dangereux. D'où les difficultés du clone à parler de ces moments. Ils ne correspondaient pas à ce à quoi il avait été formé. Ils ne correspondaient à rien d'ailleurs, théoriquement.

Cependant, derrière l'hésitation, et une espèce de honte à évoquer cela, d’autres choses semblaient tournoyer au fond de la tête du soldat. Inaccessible pour elle. Mais peut être pas pour Loh Darl
.

Tirant une nouvelle bouffée, elle fixa son compagnon atypique, espérant qu’il puisse prendre la relève ou simplement l’aiguiller sur la marche à suivre pour continuer de faire parler le clone.







Phoebe Aldrich

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Phoebe Aldrich
Militaire
Mer 11 Nov - 15:08
Il y eut un instant de flottement, mi sidéré, mi gêné, et de mi-plein d'autres choses. Et l’équipe d’enquêteur resta silencieuse. Phoebe comprit vite qu’elle n’aurait pas d’aide de leur côté, mis a part un léger geste de Ribu qui souhaitait qu’elle poursuive. Apparemment le soldat avant plus de facilité à lui parler à elle qu’aux autres. Mais là, ils entraient dans un domaine où ses compétences devenaient très ténues. Peu empathique, à l’inverse du Jedi Loh Darl, la blonde polaire avait du mal à orienter la suite de la discussion. Puis, elle décida une nouvelle fois de se raccrocher aux faits. Peut être que le clone parviendrait à aller plus loin dans ses réponses sans qu’elle ne soit obligée de jouer les psys.

- Hmmm… qu’entendez-vous par plus “humains”?

Cette question sonnait étrange, absurde même. L’éternelle question sur le statut des soldats clones revenait dans la tête du groupe comme une ritournelle insensée. Physiquement, ils étaient humains, ils parlaient le même langage mais au delà de ça, ils ne réfléchissaient pas de la même façon que l'habitant lambda. Quelques part, c’était une chance. Et elle se demanda presque si elle n’enviait pas un peu les clones pour leur capacité à passer au travers de tout, imperméable aux questionnements alambiqués de l'existence.

Mais les révélations d’Armstrong montraient que même pour leur conception, la technologie humaine avait failli, la recrudescence du nombre du PTSD et de reconditionnement pour preuve. Apparemment, tout ce qui avait un cerveau en fonctionnement se mettait forcément à dériver hors de sa boite. Une mauvaise blague pour la République qui pensait pouvoir contrôler ces soldats d’élites sans trop forcer.

En face d’elle, Armstrong chercha ses mots, le terme "humain" ne devant pas avoir la bonne définition dans sa tête. Plusieurs fois, il failli parler, mais à chaque fois, sa bouche se refermait comme si il cherchait une manière d’évoquer ce qui lui arrivait d’une façon “correcte” ou acceptable par les enquêteurs. Craignait-il le renvoi sur Kamino? Ou était-ce autre chose?


L’inspectrice, pour temporiser, tira de nouveau sur sa cigarette. La patience était un de ses forts, et si elle devait rester des heures assise ici pour avoir une réponse compréhensible, elle le ferait. Fort heureusement pour elle, Armstrong semblait vouloir avancer dans la discussion, malgré ses difficultés à communiquer.

- Je...il voulait, enfin, ils nous a donné accès à de la cuisine “civile”.

Nouveau silence du côté des inspecteurs. Ribu leva un sourcil assez haut pour marquer le caractère inattendu de la réponse, et la blonde se sentit obligée de lui expliquer.

- Les clones n’ont que des rations militaires.

Le Pen-fi claqua du bec. Visiblement, elle n’avait pas compris le sens de sa surprise.

- Ça je sais, merci. Mais, en quoi cela rend-il plus humain?

Les regards se posèrent de nouveau sur le soldat, et Phoebe crut voir un mince sourire passer sur son visage. Elle repensa elle-même à ce qu’elle avait pu manger sur le vaisseau. Et une réponse lui apparu, comme une évidence.


- La plaisir de manger, et des arômes.
- Pardon?

Armstrong hocha cependant la tête. Et la dépressive tenta de nouveau de faire comprendre ce qu’il en retournait, sans pour autant mettre trop en évidence son passif chez les militaires.

- Les clones n’ont accès qu’à des rations sans trop de goût dont l’apport est finement calculé pour maintenir leur corps en bon état. Genre les bonnes vitamines, les bonnes calories. Quand tu vas au resto, y’a rien de ça en général. Tu choisis un plat parce qu’il te plait, que tu aimes ça. Pour des gars comme Armstrong, y’a pas de choix. Seulement des apports nutritifs, pas de bon petit plat à maman.

Ribu la fixa avec des yeux ronds. Puis sa tête se secoua doucement. il venait sans doute de saisir le lien entre la bouffe et se sentir plus humains. Phoebe profita de ce bref calme pour poursuivre et reporta son attention sur le pauvre soldat.

- Et donc?

Ayant sentit que la jeune femme avait saisit, il reprit assez rapidement, une légère gêne sur son visage.


- C’était … bon.

Elle s’entendit lâcher un léger rire. De mémoire, elle n’avait jamais entendu un clone être capable de formuler ce genre d’avis. Même en matière d’alcool, ils avaient des goûts de merde, incapable de différencier un whisky d’une huile de vidange. Et donc incapable de comprendre la différence entre les deux, ou d’en apprécier les saveurs. Le visage d’Armstrong se referma par la suite, comme s’il venait de révéler le plus horrible des secrets.

Elle sentit de nouveau le regard du Pen-fi. Là pour le coup, ils étaient sur la même longueur d’onde. Ce genre de comportement n’était pas très conforme au regard des attributions clones. Et cela paraissait d’autant plus stupide de les envoyer en reconditionnement simplement par que Brown leur avait cuisiné une bonne blanquette. Le trouble du clone était compréhensible du coup. Aimer les pantalons à pinces et la cuisine Coruscanti pouvait les conduire à un aller-retour express chez les Maitres-cloneurs.
Phoebe tira de nouveau sur sa cigarette qui finissait de se consumer et repris avec une voix un peu altérée par la fumée.


- Si je comprend bien, Brown à entamer un petit travail d’apprentissage avec vous. Une apprentissage de valeurs, de sensations dont vous avez été privé finalement. C’est intéressant.

Armstrong répondit d’une voix sombre.

- C’est non conforme.
- Oui. Qu’avez vous ressenti?
Les mains du soldat reprirent leur malaxage sur ses genoux. La question était fourbe. Normalement un clone en bonne conformité aurait répondu “j’obéis aux ordres” ou “rien”.

- J’ai obéis aux ordres.

Phoebe soupira. Puis chercha son paquet de cigarette dans sa poche. Plus que deux avant d’en ouvrir un autre. Et tout en portant le cylindre tabagique à ses lèvres, elle maugréa.

- Conneries. Vous êtes capable de dire si une cuisine est bonne. Vous devez, par conséquent (elle appuya sur ces mots), être capable de trouver une meilleure réponse. Je repose donc ma question : qu’avez-vous ressenti?

La lumière du briquet illumina brièvement le visage de l’inspectrice, le gris bleu de ses yeux devenant plus intense sur Armstrong. Manière subtile de lui faire comprendre qu’elle ne lâcherait pas l’affaire.
Le soldat détourna les yeux. Et après quelques secondes, les mots sortirent, comme des murmures, et comme une sentence.


- Pas bien. L’impression de faire quelque chose d’illégal. Et puis… l’impression de découvrir que… enfin autre chose. Pas déplaisant. Sans trop comprendre.

Ribu lâcha quelques mots derrière elle, plus sur le ton de la logique que d’une quelconque menace. Et agrémenté de nouvelles questions plus ou moins fines

- Vous ne pouvez pas comprendre quelque chose qu’on ne vous a pas appris. Il y’a autre chose? Est ce qu’il vous forcait à faire autre chose? Est ce qu’il vous...touchait?

A l’air interrogé d’Armstrong, le soldat ne semblait pas voir le sens caché de la question. Aussi, il répondit avec, cette fois-ci, sa franchise habituelle.

- Oui. Des tapes sur l’épaule. Après, il parlait. Il essayait de nous apprendre l’interêt de l’ajout du sel dans un plat, pour relever le goût.

Ribu ricana un peu. La discussion glissait dans le fantastique. L’évidence n’était pas accessible à tous, surtout pas aux clones à qui on avait ôté volontairement toutes ces notions. Phoebe souffla sa fumée par le nez. Même en étant une piètre cuisinière, elle savait cela.
- Oui. C’est effectivement vrai.

Puis la mâchoire d’Armstrong se contracta. Et il jeta son interrogation sur la table.

- C’est non conforme aussi. Vous allez m’envoyer en reconditionnement?

La blonde toussa, ayant avalé de travers, et ne s’attendant pas à ce que cette pensée occupe autant d’espace dans le cerveau calibré du soldat. Et après une légère grimace, et un agitage de main dans l'air, elle secoua la tête pour accompagner la réponse :

- Non. Pas pour le moment en tout cas. Vous êtes témoins dans une affaire capitale de détournement d’armements militaires, pour laquelle, je le répète, vous êtes innocenté. Vous avez respecté le protocole et obéis aux ordres.

- Et concernant…

- Le sel? Et bien, je ne pense pas que cet argument puisse être retenu dans le cadre de l’affaire, sauf pour… abaisser la peine de Brown éventuellement. Mais sans être formulé ainsi.

Ribu croisa les bras sur son élégant costume
- Il pourrait se prendre une accusation de détournement de clone ou déconditionnement.

Phoebe tourna légèrement la tête dans sa direction. De mémoire, elle n’avait jamais entendu pareille affaire. Cela serait une première si cela arrivait. Et lancerait de trop nombreux débats dans la presse si l’information venait à fuiter. Et elle fuiterait, comme toujours. Les clones pourraient être érigés en nouveau martyr de la guerre. Et la question de leur nature serait abordée. Et de la même façon que certaines organisations promouvaient la “robolution” par l’obtention de droits pour les droïdes, les clones se retrouveraient jetés en pâture dans les débats. En pleine Guerre avec les séparatistes, ce genre de discussion tombait un peu mal. Et déstabiliserait quelque peu l'organisation militaire de la République. Il fallait donc se la jouer fine dans les conclusions de cette enquête. Si Ribu lui confiait la rédaction du rapport, la notion de “N/A” viendrait le clôturer, histoire d’éviter d’attirer immédiatement l’attention sur le groupe de soldats qui venaient de découvrir autre chose que la guerre.

Phoebe fit le tour des regards. Personne ne semblait avoir quoi que ce soit à ajouter. Il était temps de clôturer.

- Bien. Merci Armstrong.

Et alors que Phoebe se redressait de sa chaise la clope au bec, il la coupa dans son mouvement.

- Et maintenant? Qu’est ce qui va m’arriver? Nous arriver?

La blonde reprit doucement, finissant de se lever.


- Vous allez intégrer le programme de surveillance des témoins. Pas de séjour sur Kamino de prévu avant le jugement de Ezor et Brown… et….
- Et?
- Vous allez sans doute avoir le temps découvrir qu’il y’a d’autres épices que le sel pour relever le goût des plats.

Sans être un véritable encouragement, il s’agissait surtout ici de dé-dramatiser la situation. En sortant le groupe de soldat de l’environnement militaire, il était évident qu’ils tomberaient sur d’autres situations de ce type. On allait pas détourner des rations destinées au terrain pour nourrir des témoins. Après le jugement, l’inspectrice se reposerait des questions sur eux. Notamment sur le Shadow. Le témoignage d’Armstrong pourrait peut être l’aider à comprendre ce qu’il s’était passé. Et remuer aussi le couteau dans la plaie, comme c’était déjà le cas maintenant.

Ribu appelait déjà le service en charge d’escorter Armstrong et son équipe hors de ce lieu. Sans se concerter, les deux officiers avaient sentit le risque de laisser ces clones ici. Notamment celui de les voir disparaitre, que ce soit à cause de la main longue d’Ezor ou autre.


Phoebe se tourna alors vers le jedi. Ce dernier avait été silencieux. Mais elle se dit que soit il n’avait rien à dire, soit ses questions nécessitaient une petite analyse de son côté. Après tout, l’enquête de base était terminée. Possible qu’il n’ait trouvé aucun interêt dans leur dernière discussion avec le soldat.
Elle le salua donc:


- Merci Jedi. Je pense que l’affaire s’arrête là aujourd’hui. Bien évidemment, si vous souhaitez nous transmettre des informations mettant en avant votre éclairage, il sera bienvenu.

Ribu leva son bec de son datapad et fixa le reste de l’équipe :

- Moi qui venais juste arrêter un receleur de matos militaire, on se retrouve avec tout un réseau de malfrats hauts placés, et des clones cuistots.
- Ils ne savent pas encore cuisiner. Enfin, pas “correctement”.

- Genre t’es une experte en cuisine?
- En empoisonnement, ouais.

En apparence, Ribu ne semblait pas avoir relevé sa bonne connaissance du milieu clone. Mais après tout, Phoebe ne savait pas non plus d’où le Pen-Fi sortait. Peut être était il un ancien haut gradé, où avec une experience de terrain inédite. Il était étonnant de constater que l’un et l’autre étaient plutot avares en questions les concernants. Sans doute était ce mieux comme cela.

Le trio entama donc sa sortie de la base. Et en dernier contact, Phoebe donna son numéro de boite PEGI à Loh Darl. Si jamais il avait d’autres informations à leur communiquer sur l’avancée de l’enquête de leur côté, cela serait bienvenu.

Et bien évidemment, Ribu se la ramena une nouvelle fois.


- Tu te charges du rapport du coup, non?

Et Phoebe alluma sa dernière cigarette sur les escaliers de la base, soufflant sa fumée vers le ciel.

- Ouais.


Ca aussi c’était mieux comme ça. Pour une fois.


[Fin de la mission]
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