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Xander Ikarion

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Xander Ikarion
MJ RP | Politicien
Mer 19 Déc - 16:53
Le vrombissement du vaisseau tira Xander de son sommeil au point de le faire légèrement sursauter. Son transport en provenance de Naboo était entré dans l’atmosphère d’Eriadu, les volets électriques des hublots se relevèrent, et le mathématicien aperçut alors la vaste étendue urbaine de la capitale du système, grise, triste et terne. Son regard parcourut toute la conurbation qu’il avait en visu, cherchant instictivement le fleuve et par extension le quartier où sa famille résidait. Inutile de dire que c’était peine perdue… Ah Eriadu… ! Voilà quelques temps qu’il n’avait plus posé le pied sur la planète. Il avait cependant conservé nombre de contacts plus ou moins régulier avec quelques personnalités haut-placées à qui il essayait de vendre ses travaux, surtout avec sa famille et particulièrement avec Calista Ikarion, sa mère, qui demeurait influente auprès de la classe politique militariste. Une fervente militante qui avait quitté ses fonctions au cabinet du palais pour investir le trouble milieu des affaires publiques.

- Mesdames et messieurs, notre navette hyperspatiale YX-281-6 à destination d’Eriadu City – Spatioport Seswenna arrive à son terminus. Veillez-à ne rien oublier sur vos sièges. Nous vous rappelons que vos bagages seront disponibles d’ici 20 minutes auprès du service de retrait, suivez simplement les indications de notre steward qui vous guidera bien volontiers jusqu’à celui-ci. Nous espérons que vous avez passé un agréable voyage. A bientôt sur Eriadu Spacelines.

La voix féminine du transport de voyageurs avait sorti Xander de ses pensées, toujours assis sur son fauteuil alors que comme d’habitude, les autres passagers se pressaient vers la sortie à la file indienne. Lui préféra attendre que le monde se dissipe pour tranquillement récupérer ses bagages à main puis se diriger vers le lieu de retrait de ses affaires. Les formalités effacées, le voilà dans l’immense hall du spatioport où chaque année, des milliards de personnes se croisaient. Les chiffres donnaient le tournis, et pourtant, le flux d’Eriadu n’était rien comparé à celui de Coruscant ! Xander traversa d’un pas régulier le vaste espace, imperturbable, ignorant le bruit des convoyeurs de bagages, les conversations comlinks d’hommes et de femmes pressées ou encore les caprices des gamins qui ne voulaient sans doute pas quitter leur planète, effrayé par le voyage hyperspatial. Le mathématicien traçait sa route en direction de l’armée de taxis aériens – pour l’instant cloués au sol – qui attendaient avidemment les clients-voyageurs qui venaient d’attérir sur Eriadu. Il pénétra dans l’un d’eux, en laissant soin au chauffeur de ranger de lui-même ses bagages dans le coffre du transport. Celui-ci regagna son siège, se tourna vers son client à s’appuyant son avant bras sur le dossier.


- J’vous conduis où m’sieur ? Demanda-t-il en mâchant discrètement un chewing-gum.
- 2156 ter Cours Elin Garza, Secteur Orrineswa. Déposez moi sur la plateforme 144.
- Et c’est parti !

Le taxi se mit en branle, se faufilant dans le dédale urbain de la capitale. Pendant ce temps, Xander sortit un datapad d’un de ses bagages à main. C’était un Versafonction88, une version améliorée, où il stockait les données qui allaient lui servir pour la semaine. Le jeune homme l’alluma, scrutant quelques graphes dédiés à la situation politique, sociale, et économique d’Eriadu. Ses thésards avaient bossé sur le sujet comme des chiens, et lui également afin que tout soit prêt pour le jour J. S’il avait la maîtrise de l’agenda, il ne savait pas encore tout à fait devant qui il allait présenter ses travaux. Mais ce qu’il observait sur l’écran du datapad, les données d’Eriadu, n’étaient en aucun cas l’objet de sa conférence… Ca, il allait le garder pour lui et l’utiliser le moment venu. Non l’heure était à la synthèse des travaux de sociophysique, et il avait orienté le choix du lieu de la conférence par opportunisme.


- Plateforme 144 m’sieur ! Comme vous me l’avez demandé ! Le chauffeur s’était une nouvelle fois tourné vers Xander.
- Mh… ? Celui-ci ne s’était pas rendu compte qu’il fut arrivé à destination. Ah… Il éteignit son datapad, le rangea dans son bagage à main et sortit du taxi. Le conducteur s’affairait déjà à sortir les valises du coffre.
- Celui-là est vraiment lourd, je sais pas ce que vous avez dedans mais ça pèse un âne mort !
- Mon acolyte…

Le taximan cligna des yeux, stupéfait. Au même moment, Xander lui prit la main en apposant une puce de crédit (avec un petit plus, cet homme était bien sympathique). Pendant ce temps un droïde de protocole sortit du bâtiment avec une plateforme à répulsion magnétique qui flottait au dessus du sol. Il s’approcha avec sa démarche un peu gauche, après tout il avait maintenant un certain âge.

- Maître Ikarion ! Je suis extrêmement ravie de vous voir de retour chez vous.
- Moi aussi C7, moi aussi, répliqua le jeune homme en posant ses bagages sur la plateforme.
- Votre mère, Maître Calista vous attend avec impatience ! Dépêchons, dépêchons !

Poliment, Xander salua le taximan en inclinant très légèrement son buste, l’expression faciale assez neutre. Puis les mains liées derrière le dos, il suivit C7 qui entrait maintenant dans le hall du 2156 ter Cours Elin Garza. Le droïde poussa le bouton de l’ascenseur, les portes de celui-ci s’ouvrirent presque instantanément. Le jeune homme et C7 y entrèrent, et ce-dernier sélectionna un des étages du complexe immobilier tout en entrant un code et en scannant une carte magnétique. L’ascenseur s’actionna puis monta à toute vitesse. Quelques secondes plus tard à peine, une petite sonnerie agréable se fit entendre juste avant que les portes ne se rouvrirent de nouveau, débouchant sur un vestibule aux tons clairs, baigné de lumière par un joli lustre. On pouvait ouïr une voix féminine au loin, celle-ci se rapprocha petit à petit alors que Xander et le droïde pénétrèrent dans la salle. Soudain elle apparut. Calista, vêtue d’une élégante robe azur, venait d’éteindre son comlink. Elle le serrait de sa main droite, tout en esquissant un sublime sourire, qu’elle ne retînt pas cette fois. Calista vint serrer son fils dans ses bras, lui un peu gêné comme à son habitude.

- Mon fils ! s’exclama-t-elle joyeusement.
- Je suis ravi de vous revoir, mère, répondit Xander un peu mal à l’aise.
- Voilà une scène qui me réchauffe les circuits ! C’était C7 qui admirait l’accolade.

Conférence(s) Calist10
Calista Ikarion, mère de Xander et spécialiste des relations institutionnelles

Calista agrippa les épaules de son cher fils des deux mains mais son sourire et son attitude regagnèrent petit à petit leur mesure habituelle. Elle l’invita dans le grand salon donnant sur un panorama urbain assez spectaculaire ainsi que sur le fleuve Orrineswa en contrebas. Les tons y étaient gris et rouges, l’espace vaste, la décoration sobre mais avec tout de même cet aspect très bourgeois. Les meubles y demeuraient de très bonne facture et la technologie à la pointe. Au centre du séjour, deux longs et larges canapés écarlates en arc de cercle se faisaient face autour d’une table basse. Une petite table de chevet longiligne sur laquelle était disposée une lampe de lumière blanche qui se diffusait à travers quelques fentes relativement fines taillées sur toute la longueur de l’objet. Au fond de la salle à droite, une bibliothèque holographique remplie, à gauche, une table à manger et ses 8 chaises : une à chaque extrémité et trois sur chaque côté. Xander avait fini par s’asseoir sur un des deux canapés pendant que Calista s’installait en face. C7 quant à elle s’était précipitée vers la cuisine qui jouxtait le séjour. La télévision diffusait l’HoloNews local en continu ; la mère du jeune homme se chargea d’en baisser le volume.

- Eh bien alors, raconte-moi, tout se passe bien à Theed ? Lança Calista.
- Oh oui très bien, nous avançons sur notre projet de jours en jours. J’ai une équipe performante, même si j’ai à coeur de leur mettre la pression pour que le meilleur en ressorte…
- Formidable. Dis-moi, le professeur Ril’ya est toujours à la tête du département de droit républicain ?
- Je n’en sais franchement rien… Je n’ai pas énormément de contact avec les autres départements, si ce n’est lorsqu’ils acceptent de me faire part de l’ensemble de leurs travaux pour que je puisse les utiliser dans mes recherches.
- C’est dommage, c’est un excellent professeur.
- Je n’en doute pas…

Comme à son habitude, Xander resta sobre dans son attitude, assez peu agréable sans être désagréable. Après tout, il avait sa mère en face de lui, il ne comptait certainement pas la traiter comme ses pauvres thésards.


- Bon, qu’est-ce qui t’amène sur Eriadu cette fois ?Reprit Calista.
- Oh je vais être assez clair…
- Je t’écoute.
- Je dois donner une série de conférences sur les principes de la sociophysique à l’Université d’Eriadu. Et je compte saisir cette opportunité pour arriver à concrétiser mon nouveau projet.
- Lequel …?
- J’ai déjà établi quelques contacts avec les militaristes d’Eriadu, histoire de revaloriser mon activité politique au sein du Parti. J’ai assisté à quelques holo-conférences, j’ai d’ailleurs pu converser avec quelques cadres sans vraiment m’adresser aux chefs et notamment aux Tarkin. Je leur ai parlé de cet outil majestueux que pourrait être ma science dans le maintien de l’ordre politique et social.
- Et donc ?
- J’aimerais organiser une nouvelle conférence sur le sujet au siège du Parti, plus politique, moins scientifique. L’objectif ultime est une rencontre informelle avec le Gouverneur, pour aller plus loin…

C7 revint avec un plateau sur lequel deux verres bien remplis étaient disposés. Le droïde les posa sur la table basse.

- Rencontrer le Gouverneur, répéta Calista, j’ai encore mes contacts au Palais, mais obtenir un rendez-vous avec Tarkin c’est pas à la portée de tout le monde…
- J’ai simplement envie que plusieurs personnes lui suggèrent de me rencontrer. Il faut que sa curiosité s'attise pour qu’il daigne me recevoir même informellement. Les conférences à l’Université, puis une nouvelle au siège… Vous savez mère, les intellectuels et les scientifiques ont une voix prestigieuse au sein des organisations politiques et sociales : elles sont vectrices de légitimation de discours, de positions politiques, même d'idéologie. Je commence à me faire un nom au sein de la communauté scientifique, je compte cette fois attirer l’attention pour me faire récupérer proprement par les militaristes…

Xander prit son verre et but une gorgée, Calista l’imita. Lui le reposa sur la table basse, elle le conserva dans sa main droite.

- Te faire récupérer par le Parti… ? Répliqua-t-elle.
- Exactement, c’est une partie de mon projet en effet.
- Dans quel but dans ce cas...
- Oh vous le savez très bien mère.
- Je le crois bien en effet, et c’est bien cela qui me fait peur...

Xander Ikarion

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Xander Ikarion
MJ RP | Politicien
Lun 14 Jan - 2:21
La porte du véhicule s’ouvrit, un pied se posa sur le bitume, et Xander sortit du transport vêtu d’un long manteau noir. L’expression neutre, il déploya son élégant parapluie au dessus de sa tête et avança vers les marches menant au siège du parti, gris, froid, et pourtant imposant. Quelques secondes plus tard, Dex -son fidèle droïde calculateur - s’extrayait aisément de la banquette arrière puis vint se placer à côté de son maître.

- Je n’ai pas bien apprécié le fait d’avoir été enfermé dans votre valise durant le trajet, Maître Ikarion, fit-il de sa petite voix aiguë robotique tout en scrutant Xander de ses yeux verts. Et encore moins le fait que vous ne m'ayez réactivité il y a seulement quelques heures.
- Je t’ai pourtant mis en veille depuis notre départ de Naboo, justement pour t’épargner un voyage des plus désagréables… Tu n’as pas pu ressentir l’enfermement si tu as été désactivé auparavant, Dex.

Le droïde cligna mécaniquement des yeux avant de rétorquer :

- Selon-vous, l’affirmation selon laquelle un droïde n’a pu ressentir directement le fait d’avoir été enfermé dans votre valise après mise en veille est une condition suffisante au fait qu’il puisse n'y ressentir aucune humiliation ? Mon noyau me pousse à penser qu’au contraire, le simple fait de le savoir est amplement suffisant, Maître Ikarion. Il n’est pas nécessaire de le vivre pour cela.

Xander poussa un profond soupir.

- Une fois de plus je ne peux que te donner raison...

Le docteur pénétra dans le hall en repliant son parapluie trempé. C'était un vaste hall aux murs épais et lisses couleur argent. Il en dégageait logiquement une impression martiale : le bâtiment s'imposait au visiteur rien que de part sa masse. Xander - qui connaissait déjà bien la structure - se dirigea vers un couloir à l’Est, s’y engagea puis le parcourut un long moment avant de franchir une porte coulissante automatique. Il s'agissait d'une loge de taille moyenne. Le mathématicien posa les quelques affaires qu'il tenait sous le bras – holodocuments, datapads d’actualités, etc. - sur une table disposée au centre de la pièce. Il accrocha ensuite son pardessus sur un porte-manteau puis se laissa modérément aller dans le fauteuil le plus proche, croisant sa jambe gauche sur la droite en même temps qu’il prenait un des datapads qu’il venait de poser quelques secondes auparavant. Dex de son côté fit le tour de la pièce, l’analysa avant de s'arrêter et de se tourner vivement en directement de son maître.


- Il est 15h58, je pense que le référent du parti ne devrait plus tarder, fit-il d’un ton bien affirmatif.
- Oui, et j’aimerais bien prendre mes marques sur la tribune tout de même, répliqua Xander un peu agacé tout en farfouillant son document.

Quelques jours auparavant, la faction militariste avait été d’accord pour que le jeune homme puisse programmer une conférence à l’attention des cadres et des militants d’Eriadu. Elle s’inscrirait dans un cycle dédié à la légitimation du discours partisan par la doctrine et les grandes figures intellectuelles du temps présent. Alors que d’habitude, juristes, constitutionnalistes, économistes, politologues ou historiens se succédaient au pupitre, Xander était un des premiers polymathes « pure-souche » à récemment prendre la parole. Et l’organisateur du cycle de conférences avait été assez enthousiasmé par cette demande du jeune homme, qui parvenait à se faire un nom chez les mathématiciens du sud de la Bordure médiane. Controversé ou pas, peu importe, entendre parler de lui lui suffisait largement.

On lui avait donné rendez-vous à 16h. Xander regardait l’heure, voilà maintenant que le référent avait 2 minutes de retard. Le scientifique poussa un soupir d’exaspération, il détestait absolument les gens peu ponctuels (ses élèves en avaient régulièrement fait les frais d’ailleurs). Il commençaà frapper du pied frénétiquement au sol. Sa mâchoire se crispait et son impatience ne cessait de croître à mesure que les secondes s'écoulaient. On devait le faire accéder à la tribune où il allait faire son exposé et le plus tôt était le mieux. Alors qu'il s'apprêtait à pousser un juron, le référent du parti, assez petit et bedonant; pénétra à son tour dans la loge.

- Docteur Ikarion ! s’exclama-t-il en avançant vers le mathématicien. Veuillez m’excuser pour ce léger retard, quelques soucis indépendants de ma volonté.

Xander se leva, les mains liées dans le dos, puis inclina légèrement le buste en avant en guise de salutation.

- Je vous remercie de me recevoir dans le cadre de votre cycle de conférences, répondit le docteur sur assez froidement avant de détendre peu à peu le ton qu'il avait employé, je suis très heureux que ma proposition ait été acceptée par le Bureau.
- C’est à dire que nous avons été très surpris lorsque nous avons eu connaissance de la nature de vos recherches. Vous avez un parcours brillant, il ne me semble pas déraisonnable de vous accorder un certain crédit. Il marqua une brève pause. Alors dites moi ! Vous êtes prêt ?
- Tout à fait prêt, je suis très satisfait de pouvoir évoquer devant le parti et surtout devant un parterre de cadres, l’objet de mes travaux.
- Parfait, venez-donc je vais vous montrer la salle de conférence.

Xander se contenta de hocher positivement la tête, puis il suivit son guide. Tous deux gagnèrent les « coulisses » puis la tribune principale. Le jeune homme esquissait un léger sourire de satisfaction sur ses lèvres face à la beauté de la salle de conférence. Celle-ci était baignée dans une intense lumière blanche qui se réfléchissait sur un sol clair et parfaitement poli. Elle ressemblait à une immense coupole, et s’il y avait autant de lumière, c’était bien grâce au reflet des néons sur des milliers de plaques métalliques de longueurs irrégulières accrochées le long du plafond courbé de la pièce ; celles-ci se recoupaient perpendiculairement les unes aux autres en pointant vers le sol, et cachaient les sources de lumière tout en la diffusant par reflets. Il y avait tout d’abord un parterre de sièges disposés de manière à dessiner un arc-de cercle rappelant ainsi la forme en coupole de la salle. Seule une allée centrale séparait l’arc en deux parties égales, celle-ci filant droit vers l’entrée principale. Puis en hauteur, à différents niveaux étaient disposées quelques mezzanines avec un nombre de sièges assez limité. Tout dans la pièce était harmonieux et agréable, imposant à l’auditeur l’idée d’une certaine grandeur.  

- C’est la salle du Conseil Militariste d’Eriadu, j’espère qu’elle vous convient.
- Vous dites ça, mais vous connaissez déjà la réponse lorsque vous posez cette question à vos invités, n’est ce pas ? Le référent lâcha un léger rire avant que ce dernier ne reprit la parole. Je connais bien cette salle puisque je suis déjà passé quelques fois par ici, n’oubliez pas mon héritage uxorien. Je suis le fils de Calista Ikarion.
- Il est vrai, et qui plus est, vous avez toujours votre carte du parti à jour, je ne doute pas un instant qu’en tant qu’Eriaduan vous soyez déjà passé par ici.

Xander se mit au pupitre et l’empoigna comme pour le tester sans prendre la peine de relever les derniers mots de son interlocuteur. De son côté, Dex analysait l’étrange plafond où étaient suspendues les plaques en métal. Parfaitement aligné à l’allée centrale, le scientifique se tenait droit, il sentit déjà une impression de puissance alors que la salle de conférence était encore vide. Il avait l’habitude des amphis bondés et des conférences de mathématiques, mais pour la première fois Xander allait tenir un discours à la fois scientifique et politique. Il aimait ça. Un léger frisson parcourut sa colonne vertébrale jusqu’au bas de son dos et mécaniquement, un petit sourire en coin se fixa sur ses lèvres.


- L’heure n’a toujours pas changée, nous débuterons à 20h. Nous vous avons prévu un repas.
- Parfait.

Ils quittèrent tous les trois la salle.

Xander Ikarion

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Xander Ikarion
MJ RP | Politicien
Mer 27 Fév - 19:13
Le silence était total. Xander avait les yeux clos, assis confortablement dans son fauteuil en attendant le début de la conférence. Sa respiration était profonde, son rythme cardiaque lent. Son tour devait venir d’ici cinq minutes, mais il savait l’orateur qui le précédait d’une nature plutôt faconde. Il allait en effet avoir un peu de temps devant lui. Durant son exercice, le jeune homme devait attirer l’attention des importants, et mieux, celle du Gouverneur. Peut-être allait-il faire une apparition lors de la soirée, et il y avait la possibilité que celle-ci se fasse alors que Xander Ikarion déroulait son exposé sur la scène surélevé de la salle du Conseil. Dex n’était pas avec lui. Il devait déjà y être, sur un des côtés du parterre. Son travail consistait à collecter les données visibles de la pièce, en plus d’analyser le discours de son maître. Tout le long de l’exposé, il avait l’obligation de rester silencieux.

Le mathématicien rouvrit soudainement les yeux, se leva et quitta la loge d’un pas calme. Il arpenta un couloir de couleur métallique et s’approchait de la salle de conférence. L’auditoire se fit entendre via une série d’applaudissements qui marquait la fin de l’exposé précédent. Il se plaça proche de la scène. Quelqu’un sur le côté – sans doute une personne du staff technique – lui dit quelques mots mais il ne les entendit guère, trop concentré sur sa future tâche. Il avait quelqu’un près du pupitre, et un hologramme sur le coté droit de celui-ci afficha le visage de Xander, tournoyant lentement sur lui-même. C’est à ce moment-là que le scientifique entendit l’homme sur scène présenter son parcours. D’ici quelques secondes, il allait se retrouver devant un parterre de cadres du Parti et quelques militants triés sur le volet. Il y avait là cette aristocratie partisane d’Eriadu et de la Faction Militariste. C’était maintenant, ou jamais.

Une série d’applaudissements retentît alors que la personne qui résumait le curriculum vitae de Xander regagna le premier rang de la salle. Il sut que c’était le moment. Le jeune homme pénétra dans l’arène, sous la lumineuse coupole métallique de la salle, éclairée par les sortes de néons dissimulés par les ornements originaux du plafond. Les applaudissements continuèrent pendant qu’il salua l’auditoire d’une courbette polie depuis le côté du pupitre. Il s’y installa et refit un léger signe de tête pour saluer le public. Derrière lui, une série d’hologrammes détaillant ses travaux était affichée en hauteur à côté d’une image très travaillée de son laboratoire. Xander prit enfin la parole.


« Mesdames et messieurs les représentants, chers partisans, cher amis et chers collègues,

Tout d’abord, je voulais vous communiquer la gratitude qui est la mienne pour m’avoir convié à cette série de conférences dédiées aux stratégies politiques de la Faction Militariste, plus précisément de la branche ériaduane. En tant qu’adhérent de longue date – certains ici connaissent peut-être la filiation qui est la mienne – je ne pouvais trouver de meilleur endroit que ma planète natale pour évoquer mes travaux. Pour sûr, les colloques – disons profanes - auxquels les mathématiciens sont conviés, sont bien peu nombreux. J’ai de mémoire connu pléthore de Congrès, dans lesquels politologues, juristes, historiens, constitutionnalistes ou même sociologues et ethnologues, parce que rattachés à la même famille des sciences sociales, parce que dissertant sur un langage connu de tous ou du moins des élites intellectuelles traditionnelles, venaient exposer avec plaisir leurs travaux le plus souvent teintés de politique. Leurs sciencs s’y prêtent il est vrai parfaitement bien. A contrario, les mathématiques, ou même les sciences physiques ont peu de place dans les Congrès. Sont-elles si peu compréhensibles que cela, ou sont-elles réservées à une élite particulière distincte de l’élite traditionnelle, s’enfermant dans son langage si peu familier du commun des mortels ? Peut-être. Il est vrai que nous manions, nous mathématiciens, une langue étrangère au commun. Cette langue est pourtant universelle, et se développe sans cesse jour après jour alors que ses bases les plus fondamentales sont indéboulonnables depuis des millénaires. Cet enrichissement permanent est en effet un obstacle à la démocratisation – ou devrais-je dire à la massification – de la compréhension de nos sciences. Me voilà donc devant vous pour tenter d’expliquer mes travaux. Je suis mathématicien, sociophysicien, mais jamais vous ne verrez ici une seule formule, ni même un seul chiffre. A la manière des sciences sociales, je vais discuter de mes accomplissements scientifiques via le langage du commun.

Vous vous demandez sans doute quel est l’intérêt d’inviter un mathématicien, ici, pour parler de ses recherches. Je vous réponds que tout réside dans l’objet de celles-ci. Il me semble assez dénué de sens que de discuter devant vous du nombre maximal et de la position mutuelle des orbites périodiques isolées pour une équation différentielle polynomiale plane de degré donné. Vous en conviendrez, et moi aussi... En revanche, il serait intéressant de trouver des applications concrètes des mathématiques dans le domaine de la politique, et pour être plus précis, dans le domaine du gouvernement. Je vous dis d’emblée que cela est possible, et ce sera là nécessairement une des multiples conséquences de mes recherches. Je vous entends déjà vous demander en quoi l’algèbre linéaire et multilinéaire, les statistiques, la théorie des graphes ou le calcul distribué seraient utiles à la recherche du bon gouvernement. Pourtant, il s’agit là d’autant d’outils pertinents mobilisables au service de l’analyse des données.

C’est le cœur de mes travaux : l’analyse des données. Beaucoup avant moi eurent l’idée de les utiliser au service de l’intelligence artificielle, de l’économie, de la santé, du marketing, de la sociologie, de la communication et j'en passe. Pour la science politique également, via la compréhension de certains mécanismes électoraux, tout en se heurtant au principe de la rationalité limité des populations galactiques. Ces données, au service de la science, sont accompagnées de leur lot d’incertitudes, et les scientifiques n’eurent de cesse de perfectionner leurs compétences et leurs analyses dans leurs propres domaines d’expertise. Un objectif tout à fait sain…  mais chacun ayant sa propre spécialité, le cloisonnement des sciences est inévitable. De fait, la science en général, et les scientifiques à son service, se heurtent à un biais fondamental : celui finalement de considérer par défaut, et sans vraiment en être conscient, que leur objet d’études est un système isolé.

Ma science dépasse ce biais intrinsèque à la spécialisation des scientifiques et au cloisonnement de leurs disciplines. Croiser l’ensemble des données, considérer des systèmes en interaction permanente, voilà l’objectif primordial de mes recherches. Mais dans la théorie qui est la mienne, il existe bel est bien un système socialement isolé - la Galaxie - comprenant une infinité de sous-systèmes en interaction permanente - ceux par exemple que j'ai cité précédemment. Cela fait sens : l'ensemble des données sociales et historiques collectables sont situées dans ce système nommé Galaxie ; il n'est pas absurde, de ce fait, de la considérer comme isolé. Dès lors, notre travail réside en la collecte d’un maximum de donnée, dont le but précis est l’observation de récurrences, d’évolutions dans la structure des interactions entre sous-systèmes. En somme, mon objectif est d’accumuler le plus de connaissances et de données possibles, afin d’élaborer une description sociophysique du système isolé qu’est la Galaxie.


Xander empoigna son verre d’eau. Sa gorge et ses lèvres étaient sèches. Il bût tranquillement une gorgée, interrompant son discours puis reposa le récipient un peu trop fort à côté du pupitre. En scrutant le public il reprit calmement :

« - L’analyse mathématique des données de masse se nomme "hypermathématiques". La science que je viens de vous décrire, "sociophysique". Des systèmes en interactions permanentes, la connaissance la plus pléthorique et la plus abondante qui soit, l’analyse des données hypermassives, la recherche d’un ordre extrêmement complexe mais qui existe bel et bien, voilà ce qu'est la sociophysique.  La dynamique de la totalité, telle pourrait être sa description la plus brève. Et pour décrire la totalité, nous ne devons pas nous contenter que du présent, il nous faut aussi analyser le passé, du plus proche au plus lointain possible, car la totalité comprend l’ensemble des données physiques spatiales, sociales, mais aussi temporelles. L’utilisation dans l’analyse du maximum de données historiques possible est une étape infiniment importante ! Car la sociophysique, in fine, a pour but d’établir les lois de la dynamique historique et sociale de la Galaxie et de la Civilisation. Nulle loi envisageable et nulle dynamique sans évolution dans le temps. Vous l’aurez compris, le corollaire est le suivant : la sociophysique, en se basant sur une analyse historique et temporelle du système isolé qu'est notre Galaxie, est nécessairement une science prédictive.

Un murmure parcourut les rangs de l’audience. Certains responsables du Parti restèrent cependant impassibles tout en fixant Xander ; d’autres en profitèrent pour commenter la dernière phrase du scientifique à l’oreille de leurs voisins. Le regard du jeune chercheur s’arrêta sur un homme en tenue militaire qui lui semblait l’observer avec curiosité, les bras et les jambes croisés. C’était le Gouverneur Tarkin. Une sueur froide intempestive foudroya Xander, et il détourna vite son regard pour fixer le parterre en concluant son monologue.

« - J’espère dès lors, que vous saisissez l’intérêt de ma science : il est possible de la mettre au service du bon Gouvernement, et de prédire, éventuellement, l’effet de certaines politiques au regard des lois sociophysiques que nous cherchons à établir. C’est là que mon action militante entre en jeu : l’ordre est nécessaire, non seulement pour profiter d’un environnement stable essentiel à l’accumulation du maximum de données possibles, mais également pour alimenter la décision politique. L’objectif des militaristes est l’anéantissement de l’ennemi séparatiste sans négociation aucune, et le retour de l’Ordre, avec un grand O. En suivant mon discours, vous aurez compris qu’il s’agit d’une mesure de salut public, pour le progrès politique et social. Je crois en la science, je crois en cette nouvelle discipline extrêmement puissante. Et si mes recherches se font dans l'objectivité la plus totale - car qu'est ce qui peut être plus objectif que les mathématiques ? - leur subjectivation, c'est à dire leur appropriation par les hommes, et leur impact sur la société, est du domaine de la politique. Il n'est donc pas contraire à la déontologie de ma profession que de mettre mon savoir au service d'une cause extérieure à la recherche scientifique. C'est ainsi que je suis prêt à mettre mes recherches au service de notre Faction, et au service du bon gouvernement. »

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Aleister Tarkin, Gouverneur d'Eriadu

On reprochait souvent à la faction militariste son attitude belliqueuse et autoritaire, largement considérée par les divers gouvernements s’étant succédés à la tête de la République galactique comme le signe d’un extrémisme qui serait susceptible – si ce parti venait à gagner le pouvoir – de porter un coup fatal à la démocratie républicaine. Était-il bien nécessaire de faire primer ainsi la puissance étatique et la coercition ? Était-il vraiment tolérable que des représentants des peuples républicains placent l’usage de la force en si haut estime et méprisent le dialogue ? Durant une vaste période de l’histoire républicaine, la Faction du Noyau, traditionnellement la plus puissante, aurait toujours répondu à ces deux interrogations par la négative. Mais les choses avaient changé. Antares Valorum avait trahi les idéaux du Noyau, le Sénat, et la République toute entière. Le système institutionnel républicain s’en voyait bouleversé et le Noyau se voyait accusé de laxisme et de naïveté par l’opposition, permettant ainsi l’émergence de la Faction Militariste comme nouvelle grande puissance politique et entraînant par la même occasion l’alliance improbable entre les Militaristes et le Noyau, ce dernier n’ayant plus d’autre choix que de collaborer avec l’ennemi honni pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l’être. Désormais, bon nombre d’électeurs voyaient dans le programme des Militaristes une opportunité de sauver la République de la corruption, qui avait conduit à la crise séparatiste et à l’affaire Valorum.

Pour l’amiral et gouverneur militaire Aleister Tarkin, soutien de longue date du Parti Militariste, la question qui se posait était avant tout celle de l’éternel débat entre ordre et liberté. Il reprochait ainsi aux ennemis des Militaristes d’ériger la liberté en idéal suprême et de stigmatiser les défenseurs de l’ordre. Comment pouvait-on tenir un discours aussi stupide, se demandait-il ? Comment pouvait-on croire que la liberté puisse être défendue sans un système stable et sain ? La puissance publique se devait d’être garante de l’ordre, non pas avec pour finalité l’oppression et la violence, comme les opposants hypocrites persistaient à penser, mais au contraire pour être un bouclier pour les plus faibles, ceux qui devaient être protégés de la corruption et de l’injustice. Le discours militariste n’avait ainsi rien de cynique, selon Tarkin, qui préférait le qualifier de rationaliste, par opposition à la passion dont pouvait faire preuve les mouvances partisanes rivales.

Cependant, malgré l’approche rationaliste de la politique que le gouverneur Tarkin privilégiait, celui-ci attachait également une importance considérable à des concepts plus abstraits tels que l’honneur. Ainsi, le fait qu’un natif d’Eriadu ait plongé la République dans le chaos l’attristait au plus haut point, et c’est pour cette raison qu’il souhaitait vivement que ce soit Eriadu et elle-seule qui prodiguerait le remède à tous les maux de cette sombre époque. Ainsi, alors qu’un sénateur devait bientôt être désigné pour représenter le système sur Coruscant, le vieil officier nourrissait l’espoir d’assister à l’émergence d’une figure de proue du Parti, d’un élément capable de faire franchir un nouveau cap à ce mouvement et, pourquoi pas, le faire parvenir au pouvoir.

C’est donc avec surprise qu’il assista à la conférence du docteur Ikarion, et sa théorie de la « sociophysique » l’intrigua particulièrement. Il se plut à imaginer toutes les possibilités que pouvait ouvrir pareille discipline. Une démonstration scientifique des bienfaits de la politique militariste… Si l’idée du docteur Ikarion tenait debout, Tarkin tenait peut-être enfin la clé du succès du Parti. Lorsque la présentation du jeune professeur prit fin, un tonnerre d’applaudissement retentit sous l’étincelante coupole, couvrant les conversations des convives les plus ahuris par l’exposé. Il ne faisait aucun doute que le mathématicien serait au centre de toutes les conversations dans les galas de la haute société d’Eriadu pendant au moins une semaine. Mais cette élite partisane comprenait-elle réellement les implications de tels travaux ? Tarkin, lui, en fut pris de vertige. Le don de prescience avait toujours l’apanage de l’ordre Jedi, aujourd’hui tombé en disgrâce, et la nature de leur pouvoir les avait érigés, à tort selon le gouverneur, en figures quasi divines auprès d’une importante partie de la populace. Désormais, le prestige de l’Ordre avait bien décliné, et un nouvel art de l’anticipation, alternative opportune au don des Jedi, venait de prendre forme sous les yeux ébahis des apparatchiks de la branche Eriaduan de la Faction et de l’élite intellectuelle planétaire. Mieux encore, cet art nouveau s’appuyait sur une approche rationaliste, qui, selon le gouverneur d’Eriadu, correspondait parfaitement aux valeurs et au mode de réflexion du Parti. Il devait se rendre à l’évidence : il était sous le charme.

Le quinquagénaire grisonnant et à la barbe impeccablement taillée, qui, ce soir-là, arborait fièrement un uniforme blanc virant au gris foncé au niveau des épaules et du col, et sur lequel étaient épinglées ses nombreuses médailles à la gauche de sa poitrine, se pencha vers son épouse, Irina Tarkin. La femme à la belle chevelure brune et bouclée, qui était de dix ans sa cadette, s’était revêtue d’une sobre robe de soirée de couleur ocre, assorti d’un voile de même teinte, quoique légèrement translucide.


- Qu’en pensez-vous, très chère ? demanda le gouverneur militaire à sa compagne.

Celle-ci lâcha un petit rire embarrassé avant de répondre.

- Eh bien… A vrai dire, je ne saurais trop quoi vous répondre. Il est vrai que cette présentation fut enthousiasmante, mais je crois savoir ce que vous avez derrière la tête, et je vous prierais de ne pas tirer de conclusions hâtives, Aleister.

- Vous ne me connaissez que trop bien, j’en ai peur ! s’exclama Tarkin en riant de bon cœur. Mais, vous devez admettre que si la théorie de ce jeune homme est aussi cohérente qu’il l’affirme, nous tenons là un extraordinaire atout pour la victoire du Parti, pour ne pas dire une merveille de la science.

- Certes, très cher, mais encore faut-il s’assurer de l’efficience de cette théorie.

Aleister Tarkin demeura silencieux pendant quelques instants, plongé dans ses pensées. Il plissa les yeux et fixa le jeune docteur, qui se tenait près du pupitre.

Une nouvelle présentation succéda à celle du docteur Ikarion. Il s’agissait d’une démonstration philosophique, exposée par un intellectuel Coruscanti invité sur Eriadu par le Parti et répondant au nom de Hobbes. Bien que brillante et développée avec une diction parfaite, sa « Théorie du Léviathan » n’eut néanmoins pas autant de succès que la présentation du docteur Ikarion, qui monopolisait toujours les pensées de l’assistance, nuisant à toute forme de concurrence.

La soirée se termina par ce qu’Irina Tarkin s’amusait à nommer un « pince-fesses », un cocktail réunissant intervenants, spectateurs et organisateurs des conférences, organisé dans la salle de réception avoisinante. Il s’agissait d’une vaste salle rectangulaire, située le long d’une des façades du siège du Parti, ce qui avait permis d’installer une haute baie vitrée de près de dix mètres de haut, offrant une vue imprenable sur les spires d’Eriadu. Le sol et les murs de la salle étaient d’un blanc immaculé, et contrastait avec la sobriété militaire du reste du bâtiment en se permettant quelques ornementations argentées. Sur le plafond, auquel suspendait des globes diffusant une lumière étincelante, semblable à celle de la coupole de conférence, on pouvait apercevoir une vaste mosaïque mêlant figures abstraites et scènes mémorables de l’histoire républicaine. Sur toute la longueur de la salle, des tables avaient été installées pour disposer les mets et boissons offerts aux convives, des droïdes de protocole assurant le service.

Arrivé dans la salle de réception, le couple Tarkin repéra le professeur de l’université de Theed dans la foule et s’approcha de lui. Aleister Tarkin ouvrit la conversation.


- Docteur Ikarion ? Veuillez m’excuser pour le dérangement. Amiral Tarkin, gouverneur d’Eriadu, pour vous servir. Et voici mon épouse, Irina Tarkin.

- Enchantée, docteur.

- Votre présentation nous a paru tout à fait étonnante, docteur. Pour tout vous dire, nous pensons qu’elle pourrait en effet servir les desseins du Parti à l’avenir. Ainsi, nous serions très intéressés d’en discuter plus en détail avec vous. Du moins, si vous n’aviez pas prévu de rejoindre Naboo aussitôt cette soirée achevée, cela va de soi. Peut-être pourrions nous parler dans un cadre moins formel ? Que diriez-vous d’en discuter autour d’un dîner à notre résidence ? Nous sommes toujours ravis d’accueillir des brillants intellectuels dans notre demeure. Demain soir, vous pourriez ?

Xander Ikarion

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Xander Ikarion
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Dim 7 Avr - 21:20
A la fin de la conférence, une fraction du beau monde réuni sous la coupole des militaristes s’attroupa autour de Xander en déclamant les politesses d’usage - toujours aussi barbantes - durant lesquelles sourires et rires hypocrites s’enchaînaient sur fond d’obéissance aveugle aux règles de la bienséance. Le mathématicien n’entra pas réellement dans le jeu, mais il restait courtois. Son attitude, disons un peu fraîche, mis mal à l’aise quelques ténors venus là parader avec leurs épouses pendues à leur bras. Les mêmes qui s’intéressaient à la science pour le paraître, étalant leurs infimes connaissances comme la fameuse confiture sur la tartine (on connaît la suite, n’est ce pas). Leur médiocrité exaspérait Xander, et il eut du mal à retenir de les corriger en public. La tentation de l’humiliation était donc extrêmement puissante... mais Dex vint le sortir de ce piège.

« Maître Ikarion, fit-il de sa petite voix robotique, peut-être devrions nous nous diriger vers le cocktail qui suit la conférence ? De nombreuses personnalités, toutes plus éminentes les unes que les autres souhaiteraient sans nul doute vous rencontrer pour discuter de vos travaux.

- Oh eh bien… »

Xander se tourna face à ses interlocuteurs et déclama sobrement en inclinant poliment le buste vers l’avant :

« Je vous prie de m’excuser, je suis attendu ».

Quelques balbutiements incompréhensibles de la part de la basse aristocratie militariste plus tard, Xander s’orienta vers la fameuse salle de réception. C’est là que l’on voyait que les Militaristes d’Eriadu ne manquaient guère d’argent : d’une part la pièce était magnifique, mais on servait là des mets et des boissons, notamment des vins, aussi exceptionnels les uns que les autres. D’ordinaire, le mathématicien n’appréciait guère les réceptions, il avait horreur de ces mises en scènes sociales où chacun allait de sa petite technique pour grimper les échelons de la réputation. En revanche, il appréciait les buffets : la nourriture et les alcools raffinés étaient gratuits.

Dex suivait son maître, et Xander se mêla à la foule avec une certaine horreur. Allait-il de nouveau être confronté à des ignares persuadés de détenir une forme de savoir qui leur permettrait d’enclencher une conversation avec lui ? Quelle perte de temps… Il n’y avait qu’un seul inculte à convaincre, un seul à fasciner, un seul à écouter : le Gouverneur (et pourquoi pas, sa femme). Pour ne pas paraître trop suspect et donc soupçonné d’opportunisme, le mathématicien laissa filer le temps en dégustant quelques petits fours face aux immenses baies vitrées donnant sur le paysage urbain et nocturne de la Capitale de Seswenna. Certes, on vint le gonfler avec des :
« oh Docteur Ikarion ! Votre exposé était absolument passionnant ! Voyez-vous, ma petite-fille est actuellement en 4ème année à l’Université Centrale de Denon, et elle a vocation également à produire une thèse blablablablabla […] D’ailleurs, vous devez souvent vous poser des questions sur le lien étroit entre les mathématiques et la vérité, là où la physique blablablablabla... ». Quel enfer…

Mais sa patience porta ses fruits. Après une demi-douzaine d’interpellations toutes aussi pompeuses les unes que les autres entre lesquelles il appréciait mâchouiller quelques petits salés de manière élégante (on peut mâchouiller élégamment, oui), il aperçût du coin de l’œil la silhouette de sa cible. Tarkin venait de pénétrer dans la salle de réception et il se dirigeait directement vers Xander. Un petit frisson parcourut le dos du mathématicien ; il avala un peu trop rapidement son petit-four et sa main serra par réflexe son verre un peu fort. Il se tourna vers le Gouverneur presque au dernier moment, et un sourire parcourut ses lèvres alors que Tarkin commençait son introduction. Le scientifique inclina son buste un petit moment – la courbure et le temps d’inclination étaient proportionnels au respect que l’on vouait à son interlocteur - puis se redressa en réaffirmant un sourire assez franc, et étrangement bienveillant. Dex imita son maître de manière synchrone.

« S’il y a bien une personne ici qui ne me dérangerait guère à s’adressant à moi, c’est bien vous Gouverneur. Xander lâcha un petit rire qui l’aida au passage un tantinet à le détendre. Je suis ravi de vous rencontrer vous et votre épouse ». Il lui adressa également une légère courbette.

Le mathématicien n’eut même pas le temps de proposer un bon verre de rouge que Tarkin enchaîna directement sur la conférence, preuve que le sujet l’intéressait au plus haut point. Et quelle ne fut pas la surprise du jeune homme quand le quinquagénaire lui proposa directement un dîner au palais. Xander prit réellement la mesure d’une telle invitation, cela le déconcerta même un peu, lui réputé pour son imperturbabilité. Il eut peut-être l’air d’hésiter, mais loin de là l’idée de refuser la proposition !

« Eh bien, Gouverneur, pour être honnête, vous me flattez, je ne m’attendais vraiment pas à ce que vous me proposiez un tel dîner, mais ce sera évidemment avec plaisir. Ce serait un immense honneur. Xander s’inclina profondément avant de se redresser. Voyez-vous, et vous l’avez dit dans votre propos, mon objectif est que ma science serve le Parti et a plus long terme, la République et son Gouvernement. Vous ne vous imaginez pas à quel point je suis heureux que vous saisissiez l’enjeu de la sociophysique, et c’est avec joie et enthousiasme que j’accepte votre invitation Gouverneur. Je ressens là toute votre curiosité et votre fascination pour les mathématiques appliquées au bon gouvernement, et je tâcherai de vous convaincre lors de ce dîner, que cela est aujourd’hui à portée de main : j’y vois là une révolution, une théorie et une pratique politique sans précédent dans l’histoire, que le Parti peut aujourd’hui saisir pour devenir majoritaire au Sénat, mais surtout mettre fin à cette période troublée qui est la notre. J’ai déjà hâte d’être des votre demain soir ».

Xander espérait attiser d’avantage la curiosité du charismatique Aleister Tarkin. Un préalable nécessaire à la création chez lui, d’une certaine instabilité émotionnelle qui lui permettrait de le convaincre le lendemain : il était nécessaire pour alimenter son projet d’avoir accès à une masse d’informations considérable sur le jeu politique. Et que cela impliquait de ce fait, certaines choses bien précises, comme par exemple détenir une partie du pouvoir politique…

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Jeu 25 Avr - 20:29
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Aleister Tarkin, Gouverneur d'Eriadu

L’appartement d’Aleister Tarkin était situé dans le palais du gouverneur, bâtiment tape-à-l’œil et imposant, mais dont le couple dirigeant avaient su s’écarter dans leur habitation personnel. A l’image de ses propriétaires, le lieu était avant tout fonctionnel, rigoureux. Décoré de couleur sombre allant de l’ocre au noir, chaque meuble y avait sa fonction, chaque chose était à sa place. Pas de chance d’y trouver un étalage de richesse ou d’objet aussi inutile que clinquant, seulement livre et artefacts utiles aux réflexions de ses habitants, comme la carte très précise de l’avancement de la guerre, avec l’ensemble des fronts et des points de tensions balisés, mais aussi des livres aux hauts potentiels de réflexion au sujet desquels le commandant discutaient de longues heures avec son épouse.

Figé devant l’une de ses immenses fenêtres donnant sur le jardin, Aleister Tarkin se grattait distraitement la barbe qui encadrait son visage carré, réfléchissant à la future soirée qui s’annonçait plus qu’intéressante. Le jeune Xander Ikarion avait su attiser son intérêt lors de sa conférence. Il lui apportait l’approche qu’il lui manquait, la stratégie qui leur permettrait peut être de jouer la bonne carte dans la guerre larvée qui rongeait l’univers actuellement. L’as qui mettrait sans doute à mal la CSI si, comme lui avait rappelé sa compagne, le génie des mathématiques était capable de passer de ses théories sous la moulinette de la pratique.
Et c’était ce qu’il comptait déterminer ce soir.


La Faction militariste se voyait grande politicienne, mais Aleister savait que pour que cela soit réel, il fallait une figure à mettre en avant. Une figure capable de faire battre de concert les idéaux militaristes, l’ordre et la fameuse liberté cher à ses détracteurs. Il fronça légèrement les sourcils. Ses alter-égos de la faction lui avaient fait part de leur intérêt croissant envers une personnalité montante dans leur rang. Une jeune officier prometteur, à ce que lui avait dit, qui avait su séduire son auditoire dans un discours enflammé sur des nouvelles stratégies de guerres élaborées par ses soins.

Mais ses stratégies étaient issues d’une réflexion humaine, gouvernée par ses humeurs, par la subjectivité, et cette guerre, ainsi que la trahison de Valorum lui avait pourtant rappelé que rien n’était plus faillible que l’être humain. Chose que ses confrères semblait avoir oublié trop rapidement à son goût. Cette guerre n’avait été, dans ses premiers affrontements les plus sanglants, qu’une succession d’actes isolés, parfois héroïques, des deux côtés. Nulle victoire ne pouvait émerger du statut quo dans lequel ils s’embourbaient. Et il était certain, de son point de vue, que si la paix était signée dans l’instant, le peuple souffrirait encore de nombreuses années et leur reprocherait sans doute de ne pas avoir taper du poing sur la table pour faire valoir leur idéaux et récupérer ce que l’infâme ennemi séparatiste leur avait pris.

Se tournant vers sa carte, il fixa tour à tour les différentes batailles, les lieux occupés, ceux perdus, ceux réduits en cendres. Et si les stratégies avant-gardistes de l’officier Morgan Fleet suscitaient l’intérêt de tout son parti, elles le gênaient aussi. Il avait sentit dans le regard de cette autorité grimpante la soif de pouvoir, de sang et de destruction. Il craignait qu’à l’instant où ce jeune homme aurait le pouvoir, il le garderait, envers et contre tout, créant de facto un nouvel état, une nouvelle coalition, similaire à celle de leur adversaire et mettant à mal toute la dynamique du Noyau. En faisant part de ce point à ses pairs, le commandant avait essuyé pas mal de commentaires peu construits, mettant en avant le fait que la faction militariste cherchait désespérément à se renouveler, faute de mieux. Néanmoins, certains l’avaient encouragé à chercher de son côté une idée plus perenne, comprenant ses inquiétudes, là où d’autres les avaient balayés d’un revers de leur mains gantés, arguant que la faction veillait, et qu’elle serait à l’abri de déboire similaire à ceux connus par l’Ordre Jedi, véritable exemple de l’échec retentissant d’un excès de confiance.


Mais pouvait-il faire confiance à Xander Ikarion, dont la personnalité semblait néanmoins être moulée dans une confiance similaire à celle de Fleet? C’était ce qu’il entendait creuser ce soir avec sa compagne. Savoir qui était ce conférencier aux idées futuristes et qui était persuadé de détenir dans ses mains la clé de la victoire et l’avènement d’une nouvelle aire politique.

Pour le coup, Aleister était déstabilise. L’approche séduisante du jeune homme ébranlait aussi tout ce sur quoi il s’était bâtit : un système stable et maitrisé, rigoureux aussi et qui se voulait imperméable à la corruption. Est ce que Xander était en accord avec ses idéaux, certes vieillissants, mais auxquels le peuple était capable de se rattacher?

La main de son épouse qui se posa sur son épaule le détacha quelques instants de sa contemplation. Elle lui fit un sourire plus que chaleureux, apprêtée dans une robe chatoyante grise qui lui allait à ravir. Le commandant, rigide dans son uniforme, s’adoucit un peu, lui rendant son sourire.

- L’heure avance Aleister. Vous ne devriez pas accueillir notre invité avec cet air aussi sérieux.


Il rit légèrement. Que ferait-il sans elle? Elle lui rappelait sans cesse ce pourquoi il se battait, ajoutant son intelligence et sa légereté à un édifice déjà solide. Et nul doute qu’avec elle à ses côtés ce soir, il saurait à quoi s’en tenir avec le mathématicien.

Lorsqu’il se retourna, la table était mise. Sobre mais élégante, elle était en parfaite harmonie avec la décoration ambiante. Son épouse avait ajouté quelques fleurs colorées, cassant le côté un peu rigoureux de l’ensemble. Si les discussions de ce soir allaient prendre une tournure sérieuse, il ne fallait pas oublier les bonnes manières, et il savait qu’on ne connaissait bien une personne qu’au travers des discussions anodines qui laissaient transparaitre les vrais traits de personnalités.

Il regarda l’heure. Moins cinq.  Leur invité ne devrait pas tarder à arriver. Il s’approcha de son bar personnel et en sortit deux bouteilles, ne sachant pas ce qui serait préféré par Ikarion. Alors il choisit celle privilégiée par sa femme, un vin d’orange au longueur acidulée très fines et son Scotch, fort et équilibré.

Des cuisines, un doux fumée d’une viande dorée au four de longues heures s’échappa. Le commandant ne posa néanmoins pas de question, il aurait la surprise, sachant pertinemment que son épouse maitrisait tout de A à Z sur l’organisation du repas.


ll sortit trois verres et un serviteur, qu’il remercia, vint déposer quelques glaçons sur le bar. Son intercom bipa, lui annonçant que Xander Ikarion venait de se présenter à l’entrée, pile à l’heure. Il donna son accord pour le mener jusque dans ses appartements et après avoir ajusté une énième fois son uniforme, il se dirigea vers l’entrée au côté de sa femme, prêt à accueillir le jeune érudit.

Lorsque Xander se présenta à l’entrée, son épouse le devança.

- Docteur Ikarion, vous êtes d’une ponctualité remarquable * elle lui tendit sa main en guise de salutation, avec un sourire chaleureux*. Laissez nous vous débarrasser de votre manteau.

Aleister tendit sa main à la suite de son épouse, gratifiant le jeune arrivant d’une solide poignée de main et d’un sourire détendu. La compagne du commandant leur indiqua alors de la suivre dans le salon :

- J’espère que vous n’avez pas peur des questions docteur. Mon mari en à tellement que je ne suis pas sûre qu’une seule soirée suffise à toutes les éluder!

Suivant son épouse d’un pas mesuré, Aleister tourna sa tête vers le jeune docteur.

- Et voici la première : que puis-je vous servir pour commencer? Nous avons du vin d’orange, un excellent scotch… ou d’autres apéritifs à votre convenance j’espère.

D’un geste sûre et un peu paternaliste, Aleister ouvrit l’un de ses bras vers le bar, coincé entre la carte de bataille et la vue sur les jardins, attendant qu’Ikarion finisse de prendre ses aises dans son environnement.

Le commandant servit alors les verres à chacun, agrémentant le sien d’un petit glaçon pour la fraicheur. Puis il se tourna à nouveau vers le jeune Ikarion, se postant non loin de la vaste fenêtre qui dominait les jardins de palais.

- Je dois dire que si une chose devait un jour me manquer ici, c’est cette vue. Les jardins, la ville au loin. On comprend beaucoup de chose sur Eriadu rien qu’en contemplant ce paysage...N’est ce pas?

Xander Ikarion

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Xander Ikarion
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Dim 28 Avr - 0:04
Devant son miroir, Xander s’était emparé du nœud de sa cravate. Un style typique du coin, fine et très géométrique. Il la serra fermement d’un coup sec, sans doute un peu trop fort. Vêtu d’un costume à son image, élégant mais sobre il ajusta les derniers détails de sa tenue ; il se desserra très légèrement le col, puis se frotta hâtivement les épaules. Le scientifique se jugea longuement, exécuta quelques mouvements de bras et de jambes vérifiant que tout restait impeccablement en place. C’était le cas. Enfin, pendant que Dex lévitait vers son maître en le scrutant dans la glace, Xander retouchait sa coiffure durant quelques minutes, durant lesquelles sa patience fut mise à rude épreuve.

«  Non, j’irai seul », lâcha le jeune homme en reposant son peigne sur le bord du lavabo avant toute question en provenance de son fidèle assistant

Le droïde calculateur laissa échapper un petit bruit mécanique, sa manière de manifester le semblant de déception que ses circuits pouvaient générer. Xander avait sans doute tort de ne pas amener Dex avec lui, c’était se priver d’une collecte de données émotionnelles, spatiales, corporelles et bien d’autres encore, dont l’analyse pouvait s’avérer précieuse. Qu’importe, la décision avait été prise.

« C’est comme le maître le désire », répondit sobrement Dex en hochant légèrement la tête. Il fit demi-tour et retourna dans les appartements du scientifique.

Ce-dernier était fin prêt, et l’heure appelait un départ. Mais par dessus-tout, il ne fallait guère arriver les mains vides ! Il fouilla dans la valise qu’il n’avait pas encore tout à fait défaite, puis en sorti un paquet en tissu, lacé d’un nœud délicat qu’il suffisait de tirer pour que l’enveloppe puisse dévoiler le présent. Le mathématicien était très fier de cette présentation, loin de l’apparence d’une pochette surprise. Il s’agissait d’­un velours mat, violet sombre, et très fin, lié par une bande en tissu pourpre lacé délicatement autour. En scrutant le paquet, Xander eut un léger sourire de satisfaction. Il cala le paquet sous son bras.


« Je te souhaite de ne pas trop t’ennuyer, Dex. A toute à l’heure.
- Merci maître, bon courage. 
- Oh, tu devrais savoir depuis le temps que le courage n’est pas un paramètre pertinent à prendre en compte. La chance, sans doute un peu plus en revanche. »

Le scientifique quitta l’appartement familial en enfilant un manteau, et traversa le grand hall qui menait à la plateforme extérieure, faisant résonner ses bruits de pas induits par les talons presque plats de ses chaussures parfaitement cirées. L’endroit était étrangement vide, et les rayons presque naturels mais surtout radieux des luminaires de la salle ne suffisaient pas à réchauffer l’atmosphère. Dehors le temps était maussade, pourtant la météo n’avait guère annoncée de pluies acides. En attendant le taxi commandé peu avant, il restait à l’intérieur du vestibule, de peur qu’une averse ruine sa coiffure. Mais le chauffeur ne tarda point, le voilà qu’il se posa à l'endroit prévu, et Xander le rejoignit d’un pas pressé.

« Nous avons à peine le temps de nous rendre au palais du Gouverneur, pressez-vous donc, dit-il en pénétrant le véhicule en sachant très bien qu'il avait pris de l'avance exprès, je souhaite y apparaître pile à l’heure. Les aléas, les vérifications d’identité, tout ça pourrait me retarder et je n’en ai guère envie. Allons-y ! »

Le taximan tira une sale tête devant le ton désagréable et autoritaire du jeune homme. Mais il ravala sa fierté, et appuya sur l’accélérateur suffisamment fort pour tenter d'effrayer son client et lui faire ravaler son arrogance. Le palais n’était pas si loin du quartier Oreswenna dans lequel la famille Ikarion vivait. Le bâtiment, au coeur de la capitale se situait dans l’arrondissement voisin. Mais vu la circulation embouteillée permanente de la ville, malgré la lévitation et les flux de transports superposés, il se révélait toujours plus prudent de partir avec quelques minutes d’avance. Xander avait horreur du retard, et sa ponctualité était tout à fait tyrannique. Mais comme prévu, le trajet ne fut pas très long. Arrivé devant le palais, Xander fila au chauffeur la puce de crédits républicains sans le moindre mot, et sortit tranquillement du taxi.

Le palais. Quel bâtiment massif et imposant. Il se souvenait y être entré plusieurs fois dans sa jeunesse, lorsque Callista, sa mère, travaillait au sein du cabinet du Gouverneur de l’époque. Il se remémorait les longs couloirs en trapèzes, gris et froids, nuancés d’un tapis écarlate les parcourant de bouts en bouts. Il ne se souvenait pas où se situaient les appartements du Gouverneur militaire de la planète, mais sans doute allait-on le lui indiquer sérieusement. D’ailleurs il s’était approché de l’entrée des invités, sévèrement surveillée par une flopée de gardes de Secteur Seswenna armés jusqu’aux dents (après tout, on était dans le fief des Militaristes). Les contrôles se révélaient d’ordinaires drastiques, mais tout passa crème pour Xander ; sans doute des ordres venant du sommet de la hiérarchie, dont le but était de ne pas incommoder les visiteurs VIP, c’est à dire les invités personnels du Gouverneur. Un administrateur équipé tout de même d’un Westar 34 à la ceinture fit entrer le scientifique, et l’accompagna, tergiversant dans le bâtiment aux corridors dont les nefs immenses ne pouvaient qu’impressionner ceux qui y pénétraient la première fois. Quelques longues, très longues minutes plus tard, la voie se resserrait peu à peu, c’était le signe qu’ils arrivaient dans l’antre du Gouverneur, si souvent peuplée par la célèbre famille Tarkin.

« Je vous laisse monsieur, veillez simplement à tourner à droite puis à monter le grand escalier. La caméra détectera automatiquement votre arrivée. L’administrateur s’inclina. Bonne soirée Docteur. »

Xander acquiesça d’un signe de tête et s’attacha à suivre les indications de son guide. Il serra son « paquet cadeau », tourna à droite et en grimpant l’escalier habillé d’un merveilleux tapis pourpre, jeta un coup d’œil à sa montre. Plus que 30 secondes. C’était parfait, sa ponctualité légendaire n’allait pas une fois de plus lui faire défaut. La caméra le capta pile lorsque l’aiguille passa sur le zéro. Quelques secondes plus tard, c’est Madame Tarkin qui l’accueillit chaleureusement.

« Madame Tarkin, Gouverneur. »


Xander serra la main de son épouse avant celle du Gouverneur, plus fermement tout en inclinant légèrement le buste poliment, gageant ainsi son respect. La remarque de sa femme sur sa ponctualité le fit sourire (le genre de compliment qui lui faisait plaisir…) et il la laissa ensuite le délester de son manteau.

« Merci beaucoup madame, et plus généralement, Gouverneur, merci de me recevoir ici, dans votre Palais. Je suis très honoré, et très heureux d’y revenir, dans ce lieu que j’eus fréquenté plus jeune et qui me rappelle de doux souvenirs. Votre invitation fut une agréable surprise, et j’essayerai de satisfaire à votre curiosité, j’imagine. »

Le ton du sociophysicien se révélait posé, délicat, et ne sonnait guère faux. Une sincérité assez rare, il fallait le souligner. Il continua.

« Il se trouve que j’ai ramené de Naboo un objet tout à fait particulier. Je ne comptais guère l’offrir, simplement le montrer à mon père féru de ce genre d’antiquités. Mais c’est avec plaisir, et honneur, que je souhaites vous présenter cet objet. Il tendit le paquet, enveloppé du tissu de velours en s’inclinant légèrement. J’espère qu’il vous plaira, mais permettez-moi de vous suggérer de l’ouvrir en temps voulu durant la soirée. »

On s’empara du présent, puis on guida Xander vers le séjour. La première question fusa alors sur le chemin : une question sur les questions à venir, une mise en abîme qui confirmait que la curiosité d’Aleister Tarkin s’était furieusement aiguisée durant la conférence que le Docteur avait proposé devant un parterre de cadres et de militants historiques de la Faction Militariste d’Eriadu.

« Je vais être honnête Madame, mon but initial fut de capter l’attention de mon auditoire. Effectivement, je pense que l’usage de ma science au service de notre parti est une solution d’avenir. Et voyez-vous, je suis plus qu’heureux d’être invité ici pour vous éclairer d’avantage. J’espère ainsi que vous verrez toute l’utilité, et la puissance de la sociophysique, que vous verrez en elle l’instrument idéal du pouvoir, et l’issue à la crise que nous traversons. En ce sens, posez donc toutes les questions que vous voulez ! »

Il lâcha un sourire radieux, et voilà que Tarkin lui posa la première : vin d’orange ou excellent scotch ?

« Allons-y pour le scotch, nous goûterons le vin un peu plus tard ! ».

Xander appréhendait un peu le moment, il détestait l’alcool, n’en buvait strictement jamais et n’y connaissait rien. Mais il fallait faire bonne figure. Son regard n’avait pu éviter le plan de la Galaxie, extrêmement bien fait, mais les paroles de Tarkin l’attirèrent vers la gigantesque vitre qui menait sur un spectacle rare au coeur de la cité capitale de Seswenna : la vue d’un jardin. La remarque du Gouverneur le fit sourire. S’il y avait quelque chose à retenir du paysage qui s’offraient à eux, c’était bien les privilèges exquis du pouvoir. Il n’y avait nul autre endroit dans cette ville qui pouvait sérieusement rivaliser en espaces verts avec les jardins du palais. Ce qu’il fallait donc comprendre de ce paysage, c’était bien cela : Eriadu n’était pas si différente des autres planètes. Le pouvoir amenait à des privilèges, que jamais le petit peuple ne connaîtrait, puisque le premier n’était partagé depuis des millénaires qu’entre une aristocratie qui se détestait entre elle, mais qui était suffisamment consciente de ses privilèges pour ne jamais les mettre sérieusement en danger. Ceux qui avaient accès au pouvoir étaient soit bien-nés, soit  scrupuleusement cooptés parce que compatibles aux ambitions des premiers. Un simple paysage pouvait dire bien des choses. Cela étant dit, Xander n’en avait rien à faire des inégalités de pouvoir. Une seule chose l’obsédait, la stabilité, l’ordre, le bon choix politique et un bon déroulement des choses. S’il faut que quelques uns s’arrogent le pouvoir pour cela, alors ainsi soit-il.

Xander garda quelques secondes le silence, contemplant les jardins illuminés d’une lumière artificielle qui se combinait aux rayons de la lune. Il ne lâchait pas le paysage du regard.

« Je serais ravi que vous me partagiez ce que vous comprenez d’Eriadu en scrutant ces jardins. Un privilège rare essentiel au Pouvoir peut être ? La nécessité d’offrir aux gouvernants un havre de paix, qu’il ne peuvent trouver ailleurs qu’ici tout en leur rappelant que celui est encerclé en permanence par la nécessité du devoir, symbolisé par la ville et ces grattes-ciels qui toujours, domineront ce jardin ? On y comprend qu’Eriadu a besoin de cela peut-être : de puissants dirigeants, qu’exige son histoire, mais qui ne peuvent vivre sans un éden comme celui-ci, agissait tel un soutient psychologique et leur évitant de sombrer dans la folie ? Je constate que cette vue vous plait et vous apaise en tout cas, tout comme elle m’apaise moi. Que se passerait-il si le pouvoir n’était entouré que de béton ? Une certaine forme d’aliénation sans doute, suite à l’impossibilité d’offrir aux vecteurs du pouvoir et à ceux qui l’incarnent ici, sur Eriadu, la respiration nécessaire afin de ne pas se laisser submerger par lui. »

Xander s’était laissé emporté par sa réflexion. Et après tout, elle n’était pas si absurde. Sans doute était-elle même vraie. Il y avait la version qu’il conservait dans son for intérieur, celle qui mentionnait explicitement les privilèges, la cooptation, l’aristocratie et le monopole du pouvoir. Et il y avait la version audible, mais pas moins stupide, celle de la respiration nécessaire au pouvoir, mais qui restait dominée par l’indispensable exercice infaillible de l’État, représenté par la conurbation urbaine qui encerclait le palais, et ses jardins. Le jeune homme but enfin un verre du précieux liquide, et réprima une violente toux. Son visage se colorait peu à peu d’une teinte écarlate. Il avait chaud. Il prit alors une longue respiration et scruta Tarkin avec un sourire, comme si de rien n’était.

« Oh je m’égare peut-être. Et sans doute partagez-vous une image tout à fait différente de la mienne. Je serais cependant ravi d’entendre la votre. La mienne reste malheureusement cernée par la politique, un peu trop même. L’influence de l’endroit, la nature de notre rencontre, votre personne, la mienne... Autant de données qui paramètrent certainement mon discours et mes explications. »

La petite phrase. La petite allusion subtile. Rien avec Xander Ikarion n'était laissé au hasard.

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Aleister Tarkin, Gouverneur d'Eriadu

Le gouverneur avait caché momentanément sa surprise lorsque le jeune Xander Ikarion lui avait tendu son “cadeau”, intercepté très rapidement par sa compagne, qui partit ensuite le déposer sur la table, s’arrogeant elle-même le droit de l’ouvrir dans le “temps voulu” énoncé par le jeune docteur.

- Vous aiguisez ma curiosité, mais soit, non attendrons...

Il y’a bien longtemps qu’on ne lui avait plus offert de cadeau, et ce respect des protocoles ancestraux de bienséance lui rappela que cela faisait bien longtemps qu’il n’avait plus reçu personne d’extérieur à la Faction militariste dans sa demeure. Et tous dans cette faction savait qu’il était inutile, voire gênant, de lui offrir une babiole “diplomatique”, compte tenu de sa passion “organisationnelle”. Ils renouvelaient son stock de scotch généralement.
C’était peut être un tort d’ailleurs, de ne plus accueillir dans sa demeure tout ses érudits et artistes dont les points de vue parfois loin de ses préoccupations pouvaient l’aider à prendre du recul. Mais la guerre les occupait tous fortement. Y compris ce soir.


Il secoua légèrement son verre, faisant tinter le glaçon contre les bords transparents. Ces quelques premières minutes étaient intéressantes, même prometteuses. Le jeune docteur n’était pas avare en mot, loin de là et il avait parfaitement cerné que l’entrevue de ce soir prendrait des allures de mises à l’épreuve de ces théories, et sans doute de lui-même. Quoi de plus évident pour l’expert en socio-physique qu’il se targuait d’être en tout cas.


Son épouse vint se placer en face de lui. Le couple encadrait ainsi leur invité, à des distances respectables, mais témoignant de leur attention sur sa personne. En écoutant Xander, il ne put s’empêcher de lâcher un léger rire, portant son verre à ses lèvres alors que le docteur finissait de s’étendre sur la vue légèrement féérique offerte sous leur yeux. Il fixa alors un point sur l’horizon, sur un objet connu de lui seul.

Xander Ikarion était encore jeune, et son discours témoignait de cette jeunesse, encore encombrée d’idéaux ou de ressentis parfois un peu éloignés de la réalité des dirigeants de la faction militariste, des enjeux sous-jacents invisibles au peuple.

- Mais réponse à votre question va être beaucoup plus pragmatique que votre ressenti sur le besoin de dualité pour diriger correctement un système, pour satisfaire à la fois les besoins du peuple et gérer les crises d’ordres majeures.
Vous effleurez quelques choses Xander, sans le nommer cependant. Ce que je vois ici est l’équilibre, l’ordre. Ordre teinté d’une certaine incertitude et nécessitant de l’attention et l’entretien
*il marqua une légère pause*
Savez-vous combien de personnes, de compétences sont nécessaires pour entretenir se jardin pour qu’il ne se transforme pas en jungle? Énormément. Autant de fourmis exécutant un travail perpétuel mais nécessaire à la conservation de notre environnement. Je ne vous ferrais pas un cours de botanique, mais je vous avoue qu’il m’est arrivé de m’asseoir à les regarder effectuer leur tâche durant de longues heures, avec une certaine fascination. Ils savent exactement où intervenir, quoi laisser, quoi tailler et cela sans aucune hésitation. Et cela est la même chose pour la ville. Et cela devrait être la même chose de partout, y compris au pouvoir.

Il se tourna alors doucement vers l’érudit, ses yeux se levant légèrement dans la recherche d’une formulation. Puis ils revirent se fixer dans ceux d’Ikarion.

[color=#999999]- Je ne crois pas à l’aliénation des classes dirigeantes dans notre société, malgré les apparences. Et cela car nous œuvrons tous pour la même chose, car nous sommes chargé de maintenir l’équilibre de tout les facteurs qui font d’Eriadu une puissance non négligeable dans l’univers.

Son épouse prit place dans un fauteuil adjacent, un sourire léger sur les lèvres :

- Nous sommes tous les artisans de quelques choses Docteur Ikarion. Et beaucoup de gens peinent à comprendre ce sur quoi nous travaillons. Mais cette vue en est témoin : nous sommes là pour maintenir la cohésion entre le tout qu’est Eriadu.

Aleister glissa un regard apaisé vers sa compagne. Loin de se contenter du rôle de maitresse de maison voulu par l’aristocratie, elle suivait avec grande attention les discussions du parti, impliquée un peu secrètement dans la gestion de la planète. Le commandant fit quelques pas et poursuivit l’exposition de sa vision.

- L’équilibre est un bien grand mot, qui ne signifie rien pour la plus-part. Car il est fragile, et surtout, il prône indirectement un respect des traditions. Hors sans évolution, une société comme la nôtre est-elle capable de survivre? Et c’est là qu’intervient la fameuse dualité que vous évoquez: nous voulons conserver ce que nous avons, l’être humain étant généralement apeuré par tout changement, mais au delà de ça, nous voulons tous construire quelque chose de meilleur. Et nous mettons donc à mal ce précieux équilibre. Et c’est là toute la complexité de notre rôle : être capable d’avancer vers cette évolution, sans perte de repères, sans que cela ne cause d’instabilité fatale à tout ce que nous avons construit jusqu’à maintenant.

Derrière ces mots, Aleister sondait discrètement le jeune Ikarion, cherchant néanmoins à lui témoigner de l’impact, qu’il espérait bénéfique, de ces recherches sur leur société. Mais aussi que cela ne se ferrait pas simplement, surtout si le glissement vers cette nouvelle perspective était mal géré. A demi-mot, le commandant dévoilait légèrement son jeu, lui suggérant intelligemment qu’il pouvait avoir son soutien, si et seulement si, il parvenait à le convaincre ce soir. Le convaincre des performances de sa théorie, mais aussi le séduire par sa personnalité. Le gouverneur ne donnait pas sa confiance pleine à n’importe qui, ni à des idées trop vagues et inapplicables.

Pour le moment, le commandant de la faction militariste ne se faisait pas encore d’avis sur son invité. Il était emplit de confiance, comme le non moins jeune Morgan Fleet et ses tendances traditionalistes très appréciées et rassurantes. La jeunesse montante d’Eriadu était-elle issue d’un même moule? Sûre, peut-être trop, d’elle? Il allait falloir qu’il creuse plus cette personnalité complexe s’il souhaitait pouvoir faire du jeune Ikarion une alternative viable aux passions guerrières de Fleet.

Le maitre des lieux finit son verre doucement et le posa sur le bar dans un bruit un peu sec.

- Votre discours est cerné par la politique? Alors c’est curieux, car, dans ce cas, je me serais attendu à entendre quelques remontrances sur les privilèges actuels de l’aristocratie. Ou une remise en question de l’attribution des pouvoirs, comme le font la plus part de gens de votre âges impliqués dans la vie politique… Laissons tomber le protocole jeune homme, détachez vous légèrement de “votre paramétrage”. Nous parlons ici de la gestion d’un système complet, auquel vous semblez vous intéressez fortement.

Sa femme se redressa doucement dans son dos, inclinant la tête sur le côté.

Aleister, ne soit pas si brusque…. Ce que mon mari veut dire est que, compte tenu de votre implication de notre société, nous nous serions attendus à un discours plus “teinté” sur le pouvoir que nous représentons. Nous nous interrogeons sur ...vos motivations.

Aleister reprit plus doucement, changeant légèrement de sujet, cherchant un peu à déstabiliser le jeune homme dont les joues s’étaient légèrement colorées après l’ingestion d’un peu de scotch.

- Lorsque vous parlez d’aliénation, de soutien psychologique, qu’entendez-vous exactement? Pensez-vous que les dirigeants de ce système soit si enfermé que la folie les guette? nous guettent?

Volontairement, Aleister et sa compagne soufflaient un peu le chaud et le froid. Xander Ikarion n’était pas en terrain conquis, ni allié. Et il craignait que la politique n’ait un peu trop imprégné le jeune homme pour le cantonner dans une simple démonstration de langue de bois aurpès d’eux. Alors il grattait toutes les informations que Xander lui donnait.

- Une autre question m’interpelle. Si je n’avais pas été gouverneur, quelle aurait été votre réponse, face à cette même fenêtre? N’y voyait là aucune...méchanceté, mais une vraie curiosité. *il conserva un air assez adoucit* . Je souhaite réellement saisir la manière dans les éléments exterieurs vous “alimentent” et ce qui fait évoluer votre discours.

Les yeux du couple dirigeant ne quittèrent pas le docteur, attendant avec une patience bienveillante ses réponses.






Xander Ikarion

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Xander Ikarion
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Dim 28 Avr - 19:38
Le discours du couple Tarkin fit frissonner légèrement Xander. D’un seul coup, l’attitude bienveillante du Gouverneur et de sa femme avait laissé place à une autre sensation : celle de se sentir testé et jugé. Le scientifique avait tout de suite compris pourquoi, il avait en effet le sentiment que le commandant cherchait quelque chose, ou quelqu’un. Xander écoutait les déclarations de l’un et de l’autre, attentivement, les examinant scrupuleusement. Ses implants commençaient à analyser différentes hypothèses de réponses, diverses branches à suivre, mais la spontanéité allait se révéler être la solution choisie par les tissus organiques du jeune homme. D’un air un peu plus assuré, le sociophysicien serra plus fermement son verre, scrutant une nouvelle fois le jardin avant de se retourner pleinement vers Tarkin.

- La personne, ou la classe au pouvoir m’importe peu… commença-t-il en buvant une gorgée de scotch en réprimant une grimace comme si de rien n’était. Ce qui m’intéresse – il posa son verre sur le bar - c’est la bonne décision. Non pas celle qui est juste, mais celle qui est efficace (il insista sur ce mot). Si les tailleurs que vous me décriviez exercent dans ce jardin, et excellent dans leur métier, c’est que primo, ils détiennent une compétence, et secundo, que quelqu’un quelque part à un instant t leur a donné l’ordre de l’exécuter pour la mettre à profit. Le tout est que la décision soit rationnelle, qu’elle soit motivée par l’objectif d’être efficace, et qu’elle soit profitable à l’ordre politique. Décrire ce qui se passe dans ce jardin comme étant un ordre est juste : chacun est dignement à sa place. En réalité, c’est un sous-ordre pour en entretenir un plus vaste. S’occuper des jardins a en effet d’autres objectifs que ceux auxquels on pense dans l’immédiat comme l’esthétisme. La preuve en est, nous en discutons autrement ce soir. On ne gaspillerait pas du temps et de l’argent pour de simples critères de beauté n’est-ce pas ? Il y a autre chose derrière : le soft power, impressionner ses invités, le privilège de disposer d’un tel espace et la domination symbolique qui l’accompagne… En soit, dépenser de l’argent dans un jardin est tout à fait rationnel. Et les jardiniers, ordonnés dans leur tâche contribuent à un ordre plus grand qui les dépasse.

Il prit une pause, et croisant les mains dans son dos, il enchaina :

- Vous me parlez ensuite de ma position à contre-courant de la jeunesse actuelle. Vous supposez peut-être que je cache en réalité mes propres opinions. Mais que cette jeunesse soit animée par des discours contre les privilèges, je m’en fiche éperdument. Leurs revendications politiques sont beaucoup trop animées par les passions. Or le constat que je fais est justement que les émotions dans la décision politique ont mené à la situation chaotique que nous connaissons aujourd’hui ; elle est le fruit de l’avarice, de l’ivresse du pouvoir, de la recherche du sentiment de puissance totale et surtout de la conviction perpétuelle d’avoir tout le temps raison quand bien même sommes-nous parfaitement conscients que nous proférons des mensonges.

Xander refit face aux jardins, prit une profonde inspiration.

- C’est humain, tout à fait normal même, et je ne blâme personne. D’ailleurs vous savez, je ne crois pas au génie humain absolu, totalement gouverné par la Raison, lequel puisse prendre les décisions les plus efficaces à chaque fois que celui-ci se retrouve confronté à un problème de taille. Dès lors, pour répondre à vos interrogations, l’aliénation est inévitable. Il peut bien y avoir des jardins, des salles agréables ornées de décors qui satisfassent l’égo et apaisent les passions - ce qui est d’une importance cruciale – la corruption de l'esprit des hommes par le pouvoir me semble être une fatalité. C’est ce que j’entends par aliénation.

Xander tourna le visage vers Aleister Tarkin, lui adressant un léger sourire.

- Enfin, que la question sur la signification de ce paysage ait été posée par vous modifie nécessairement la teneur de ma réponse : je m’adresse à une personne qui détient une très grande part du pouvoir sur cette planète, telle le veut l’organisation institutionnelle et politique d’Eriadu. Je n’aurais pas eu cette discussion avec un métallurgiste de Phelar : il ne m’aurait pas posé cette question, tout simplement parce qu’il n’a jamais eu l’occasion de voir ce jardin et ce paysage. Par conséquent, il aurait bien été incapable de me demander si la vue à laquelle je fais face représente parfaitement Eriadu.

Le mathématicien s’écarta de la baie vitrée qui menait sur les vastes jardins du palais. Il fit quelques pas dans le séjour, scrutant quelques bibelots, les mains toujours liées dans le dos. Si on l’avait fait venir ici, ce n’était pas pour ses positions politiques personnelles, lesquelles savait-on fidèles à la doctrine globale des militaristes, mais bien pour son projet scientifique. Il était donc nécessaire de rediriger la conversation sur le sujet. Peut-être Tarkin voulait-il d’abord tester la personnalité du jeune homme avant d’aller plus loin. Mais Xander recentra le dialogue dans la direction qu’il avait souhaité.

- Voyez-vous, si je suis mathématicien, ce n’est pas par hasard. Bien sur j’ai des convictions politiques, bien sur j’adhère aux valeurs militaristes… Mais que sont les mathématiques si ce n’est l’expression la plus pure de la Raison et de l’objectivité ? C’est là où je voulais en venir depuis le départ : le gouvernement efficace, le gouvernement par la Raison est possible, s’il n’est pas uniquement concentré entre les mains des hommes… C’est là l’objectif même de mes études. Abandonner une partie du pouvoir au profit de la science, pouvoir prédire tel évènement et réfléchir en amont à la bonne décision, aidée par l’analyse physico-mathématique qui dit nécessairement la vérité parce qu’elle se contente de décrire le monde. C’est ce que je souhaite mettre au service du Parti, non seulement pour qu’il conquiert le pouvoir mais surtout pour qu’il l’exerce d’une nouvelle façon. Car seul lui dispose de l’idéologie de base nécessaire à l’application d’un projet capable de laisser la science participer au gouvernement de la Galaxie. Seul lui a le fond philosophique initial, basé sur l’efficacité de l’action politique.

Il marqua une très brève pause, jouant avec son verre posé sur le bar. Son regard se fixa tour à tour sur Tarkin et son épouse.

- C’est sans doute ce qui vous intéresse chez moi, au point de m’inviter dans votre palais. Je ne crois pas qu’on puisse résumer votre intérêt au seul attrait de la science, et au seul assouvissement de votre curiosité. Non je ne le crois pas, il y a autre chose... Vous voyez je pense une cohérence dans mon projet, entre la nature de mes recherches, et l’évolution de la doctrine militariste. Du moins si ce n’est sur les idées, au moins sur les méthodes de gouvernement.

Xander s’approcha d’un douillet fauteuil du salon, sur lequel il s’assît tranquillement. Il croisa une jambe sur l’autre, et se cala confortablement au fond du dossier. Il observa le gouverneur, d’un air très sérieux, puis son épouse si élégante qui pourtant semblait disposer d’un pouvoir politique et symbolique presque aussi puissant que son mari. Le sociophysicien avait conservé son verre de scotch et but une ultime gorgée. Le précieux liquide lui brûlait presque l’oesophage avant de finir au fin fond de son estomac. Puis la question arriva, délicatement, mais inévitablement :

- Alors, en quoi puis-je vous aider ?

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Aleister Tarkin échangea un regard profond avec son épouse, qui lui répondit d’un micro hochement de tête à peine perceptible ou compréhensible par quiconque d'autre que lui-même. Ils avaient en face d’eux quelqu’un à contre-courant des modes anti-pouvoirs que son épouse lui avait rapporté lorsqu’elle faisait salon. Et il ne sut si il avait là la vrai personnalité du docteur, ou si il se livrait à un de ses exercices psychologiques, mais quoiqu'il en soit, ce jeune venait de taper juste. L’efficacité devait être au dessus des passions, l’ordre émanait du respect d’une hiérarchie qui se devait de répondre aux attentes de tous : émaner, être visible quand il le fallait, induite à d’autres moment, mais jamais absente. Et surtout, non soumise aux velléités personnelles de chacun.

Et le couple fut assez satisfait de constater que malgré le scotch, et leur petit jeu de pression, le mathématicien gardait la tête sur ses épaules étroites, dans une démonstration pertinente de sa vision du gouvernement idyllique.

Il ne put s’empêcher d’adresser un dernier sourire au jeune docteur, alors que sa femme se redressait avec grâce, récupérant leurs verres et donnant par un bref signe de tête ses consignes pour la suite de la soirée au serviteur resté en retrait dans la pièce.


- Le soft power est l’apanage des vieux traditionaliste. Il permet à tout le monde de… se retrouver, d’identifier simplement qui fait quoi, qui est quoi. Vous avez parfaitement raison sur ce point, et j’avoue moi-même en être un adepte. Comme vous l’avez si bien dit, le discours des gens change en fonction de qui vous êtes, de ce que vous représentez. Nul doute que si je n’arborais pas uniforme et barbe bien taillée, personne ne me prendrait au sérieux, même en étant la personne la plus compétente dans l'univers.


Sur cette fin de phrase, qui se voulait humoristique, il se permet néanmoins de dévisager le jeune homme assis dans son fauteuil, rebondissant à nouveau sur ses réflexions.

- Et une nouvelle fois, vous avez cerné ce qui ronge le pouvoir actuel, mais je serais moins acerbe que vous. L’ivresse du pouvoir peut être contenue, c’est d’ailleurs notre rôle à tous au sein du parti, et j’espère que vous le comprenez. Personne ne souhaite revoir certains événements se reproduire… Par contre, je serais bien évidemment curieux de savoir ce que vous auriez pu répondre à un métallurgiste. Juste pour la curiosité, bien que ce soir vous soyez ici, face à moi, à ma compagne et sans doute devant ce que je devine être un gigot à l’odeur….

Suite aux réponses de leur invité, le regard du commandant fut un instant assombrit. Non par des pensées néfastes, mais parce que le jeune docteur venait d’entrer de lui-même dans une zone proche du cœur de leur entrevue. Le gouvernement par la Raison, régit par les lois mathématiques, l’outil le plus adapté et sans doute le plus efficace pour y parvenir. Et là, il effleurait à nouveau ce qui avait poussé le couple gouvernant à l’inviter chez eux ce soir. Aleister se sentit un court moment étouffé dans son uniforme. Tout cela représentait le changement. Un changement qui serait sans doute rude, et pour lequel il n’avait aucune certitude. Il n’avait d’ailleurs toujours aucune certitude sur la capacité du jeune homme assis confortablement en face de lui à faire la bonne démonstration de la mise en œuvre de son savoir. Il reprit un air un peu plus doux, mais concerné, reprenant certains mots employés par son interlocuteur pour guider la discussion

- L’analyse physico-mathématique vous dites. Mais qu’est-elle réellement? Des équations théoriques inapplicables? C’est comme ça que beaucoup de gens le verrons. Surtout les membres du parti. Je vois dans vos yeux un souhait réel d’apporter le rouage supplémentaire qui nous permettrait de sortir de l’impasse. Mais je crains que vous n’ayez pas encore conscience de ce dans quoi vous voulez mettre les pieds. *Il marqua une courte pause, avant de reprendre avec une légère emphase* L’efficacité de l’action politique, c’est une belle phrase. Mais qu’y mettez vous derrière? Pensez-vous en quelques secondes pouvoir faire bouger des décennies d’exercices rodés et ancrés au plus profond de chacun, du livreur de pizza jusqu’au plus grands pontes de notre système?

Sur cette question un peu inquisitrice, il imita alors sa compagne, qui s’était dirigée vers la table pour faire ses derniers ajustements. Si Xander Ikarion était clairvoyant, il lui manquait un trait important pour réussir dans leur environnement tiraillé de toute part : la patience. Et surtout, il émanait de lui à l’instant une arrogance palpable dont Aleister ne sut si cela lui plut ou non.
Mais pour chasser la lourdeur de leur derniers échanges, le commandant émit un nouveau rire.


- L’évolution de la doctine militariste donc. Pour cela il vous faudra acquérir quelques choses d’important mon cher : la patience. La république ne s’est pas faites en un jour.

Il ouvrit alors l’un de ses bras, indiquant la table.

- Si vous voulez nous faire l’honneur de nous rejoindre. J’espère que vous avez faim, d’ailleurs.

Il agrémenta sa phrase d’un regard tendre vers sa femme, dont il vint tirer le fauteuil afin qu’elle puisse prendre place, avant de faire de même avec le sien. A nouveau, le couple encadrait solidement le jeune Ikarion.


- Je vais être franc avec vous Xander. Je ne sais actuellement pas en quoi vous pouvez m’aider. Au delà de mon rôle dans les hautes sphères, je suis un homme d’action. J’aime les faits, le concret. Et si effectivement, votre conférence à su susciter en nous un intérêt réel, nous avons encore beaucoup de questions.

Un serviteur vint alors apporter une bouteille d’un vin dans le commandant reconnu l’étiquette, un rouge, de ceux qu’on lui avait offert, provenant de la bordure et dont le goût légèrement épicé serait en adéquation parfaite avec la suite du repas.

Son épouse, qui n’avait pas perdu le fil de la discussion, prit alors la parole, croisant délicatement ses mains sous son menton.

- Dites moi docteur, comment vous est venu l’idée de vos théories? Comment avez-vous procédé pour vérifier la viabilité, leur applicabilité au sein de notre gestion gouvernemental? Avez-vous fait des simulations? Quels en ont été les premiers résultats?

Aleister profita de ce temps pour servir un verre à chacun, tandis que le reste de la maisonnée apportait tour à tour les différents plats : des patates rôties, un assortiment de légumes solaires légèrement grillés, et bien évidemment, le fameux gigot.

- La question de la méthode nous intéresse particulièrement. Notamment, comment inclure quelque chose d’aussi abstrait que la science dans le concret qu’est la guerre, ou la gestion d’un gouvernement puisque vous l’avez évoqué.

Et tandis que les serviteurs agrémentaient leurs assiettes, il fixa le jeune homme, verre en main, le levant légèrement au niveau de sa tête.

Mais j’en oublie les règles les plus élémentaires. Merci d’avoir accepté de venir ici pour discuter de vos recherches. Je pense que vous devez être durement sollicité par d’autres ou par vos recherches, et nous dégager du temps ne doit pas être facile.

Il porta un léger toasts, imité par sa compagne, leurs regards concentrés sur le docteur. Aleister esquivait volontairement les véritables questions importantes, à savoir les projets de Xander Ikarion sur le parti militariste, le pourquoi il souhaitait impérativement trouver des alliés en son sein, alors que d’autres partis montants se l’arracheraient, et enfin : la démonstration, la mise en application de ses théories à une situation concrètes. Mais elles attendraient, mettant peut être les nerfs de leur invité à rude épreuve. Pour le moment, son épouse et lui voulaient comprendre. Comprendre l’érudit, sa science et en déduire ce qu’il pouvait leur apporter.

Retournant son regard vers son assiette désormais pleine, il incita les personnes présente à la table à ce servir, laissant quelques secondes de répit au docteur Ikarion pour formuler ses réponses à leur très nombreuses questions.


Xander Ikarion

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MJ RP | Politicien
Lun 6 Mai - 1:54
Originellement accolé contre le dossier de son siège, le sociophysicien se redressa lentement, écoutant attentivement la tirade d’Aleister Tarkin. Voilà que celui-ci s’était arrêté sur les méthodes d’analyse de la science du Docteur Ikarion. La première chose – et Xander se retint de le dire à haute voix – c’était que les clichés sur les mathématiques avaient la vie dure. La discipline, associée au mot « recherche » ne rimait qu’avec « équations théoriques inapplicables » (bon, ça ne rime pas… faisons comme ci). Les exemples pris par le Gouverneur ne satisfaisaient guère le jeune homme. Il était donc temps d’entrer dans le vif du sujet. Mais avant, l’heure demeurait au repas.

- Allons-donc nous installer oui, confirma Xander en suivant l’invitation de Tarkin, quoi de mieux que de discuter de tout cela autour d’un bon plat.

Le trio s’installa calmement. Le mathématicien resserra sa cravate et approcha sa chaise au plus près de la table ; il se tenait de ce fait un peu trop droit. L’odeur des plats venait titiller ses sens depuis la cuisine plus loin. Mécaniquement, son ventre gargouillait de faim, suffisamment discrètement cependant pour que ses interlocuteurs ne puissent l’entendre. On vint lui servir un verre de rouge, « encore de l’alcool » se disait-il, mais bon, le vin passait de temps à autre. A vrai dire il avait la sale habitude de le couper avec de l’eau pour le rendre plus doux, sacrilège absolu dans les hautes sphères, mais aussi auprès de la populace de Naboo et surtout de Dantooine. Ce soir, Xander allait faire un effort.

Imitant les deux autres, le mathématicien leva son verre pour porter un toast, adressant à chacun un signe de tête respectueux avant de diriger le précieux liquide conservé dans son écrin de cristal hyalin entre ses lèvres. Il les trempa délicatement, avant tout de même d’avaler une gorgée après que le Gouverneur l’eut fait en premier, telle le voulait une étiquette même désuète que plus beaucoup respectaient de nos jours, à l’exception de la caste oligarchique. Xander montrait indirectement, et surtout involontairement, qu’il disposait déjà des codes de la politique. En réalité, il ne s’agissait que de petits détails que seuls quelques femmes et hommes de pouvoir parvenaient à distinguer. Ces symboles revêtaient mine de rien une importance qui n’était pas négligeable : la politesse et les bonnes manières, deux faces d’une même pièce, celle qui nous faisait nous placer légitimement au-dessus de la plèbe barbare. Et c’est pourquoi au final, seule elle, la classe éclairée et civilisée, se sentait capable de tenir les rênes du Gouvernement. Xander n’avait pas échappé à ces règles, il venait d’un milieu aisé, en connaissait les codes. Il avait donc intégré leur utilisation. Généralement, les militaristes appréciaient cela, eux mêmes et surtout les cadres du parti, descendant de nobles familles ériaduane, tout comme beaucoup d’officiers haut-gradés locaux.


L’heure était aux explications alors qu’on entamait le repas. Beaucoup de questions avaient fusé ci-et-là, aussi diverses les unes que les autres. C’est au moment où Xander s’empara de ses couverts que celui-ci débuta ses réponses.

- C’est moi qui vous remercie Gouverneur. J’étais loin de parier que ma conférence allait saisir votre curiosité. Et je ne cacherai que j’en suis particulièrement heureux. Je donne en effet quelques autres conférences sur le même thème cette semaine, dont une à l’Université de la capitale demain dans l’après-midi. J’espère attirer l’attention des futurs doctorants, les plus brillants cela va s’en dire, au regard de l’extrême complexité de la sociophysique.

L’introduction était faite, un faible sourire avait éclairé le visage habituellement si sévère du Docteur. En réalité, il ne se faisait pas d’illusions, rarement il avait eu l’occasion de réaliser des entretiens avec des aspirants chercheurs ériaduan. La plupart de ses thésards étaient issus des écoles et universités les plus prestigieuses de la Galaxie (Coruscant par dessus tout), et il s’agissait avant tout de ceux au mental le plus robuste. Il fallait en effet se coltiner la sévérité, l’intransigeance, l’irascibilité si courantes de Xander. Sa réputation en la matière commençait d’ailleurs à faire le tour de la communauté scientifique.  

- Bien, vous avez beaucoup d’interrogations, reprit-il, et c’est normal. Je vais essayer d’y répondre le plus précisément possible, sans entrer nécessairement dans les détails qui font la difficulté de ma science, guère accessibles aux profanes. N’y voyez pas là quelconque mépris, seulement une nécessité pratique.

Observant ses hôtes, le mathématicien attendit que le Gouverneur rompit la chair le premier par politesse. Il suivit ensuite, dégustant le tendre gigot de sa compagne.

- Permettez-moi une petite parenthèse avant d’attaquer le sujet : c’est excellent Madame Tarkin, vraiment excellent.

Xander lui avait adressé un faible sourire, tout en retenue, anticipant déjà dans son esprit le futur monologue explicatif qu’il s’apprêtait à déclamer devant le couple le plus puissant de tout le secteur Seswenna, et peut-être même au-delà. Il termina sa bouchée, posa sa fourchette et redressa légèrement la tête et le dos.

- Je vais donc tenter de vous éclairer Gouverneur. Pour être tout à fait clair, au département de sociophysique de l’Université de Theed, nous ne produisons pas « d’équation théoriques », encore moins sur la base de nos simples intuitions. La sociophysique ne fonctionne pas tout à fait comme cela, même si l’intuition a forcément eu un impact sur la construction de cette science : le postulat fondamental est en effet qu’il existerait des lois physiques applicables aux masses intelligentes et qui encadrent les rapports sociaux, que l’on ne peut révéler qu’en réduisant les très nombreux degrés de libertés, c’est à dire les variables qui ne pourraient être fixées par une équation. Xander marqua une légère pause, buvant une gorgée d’eau cette fois-ci. Commençons par la base si vous le voulez-bien : les mathématiques sont fondées sur des axiomes. Certaines évidences sont en effet simplement formalisées, elles ne sont pas démontrées parce qu’elles sont évidentes et donc vraies en toutes circonstances. Il y a bien certains mathématiciens qui ont tenté de les démontrer, mais en vain. Ces affirmations mathématiques évidentes, sont les fondements de l’ensemble des domaines de la discipline qui, il ne faut pas l’oublier, est entièrement une construction de l’esprit humain dont les applications et les dérivations permettent de décrire précisément le monde.

Le sociophysicien marqua une pause, laissant à ses interlocuteurs s’imprégner de son introduction. Il parlait avec envie, d’un ton passionné bien que mesuré, qu’il n’aurait jamais employé face à une personne lambda. A vrai dire, l’idée de discuter mathématiques avec une personne « normale » ne lui avait jamais traversé l’esprit, par pur mépris pour les « gens ».

- Les différents domaines des mathématiques, c’est à dire l’algèbre, l’arithmétique, l’analyse, la topologie, la théorie des nombres, la statistique et j’en passe, sont tous fondés sur ces fameux axiomes. C’est à partir d’eux que tout théorème est construit, démontré, lui-même débouchant sur de nombreux corollaires et lemmes, à leur tour prouvés à la suite. Les hypermathématiques sont un des domaines mathématiques parmi tant d’autres que j’utilise pour la sociophysique. Il s’agit de l’étude des grands nombres et des grands ensembles finis de « datas », en l’occurrence des données extrêmement massives, nombreuses et de toute nature. Brève pause. La sociophysique quant à elle utilise les hypermathématiques pour se fonder elle-même. Il s’agit d’une matière hybride, de physique-mathématiques, fondée sur l’exploitation des données et leur traitement dynamique. Son principe réside dans la confrontation de différents ensembles, l’observation de leurs interactions, et la déduction de résultats. J’espère que jusqu’ici vous me suivez, vous verrez, tout cela est essentiel pour que je puisse vous répondre le plus précisément possible et ainsi capter l’essence même de ma science.

Xander attendit l’acquiescement du couple, le regard neutre, prêt à continuer ce qui s’apparentait finalement à un récit. Il enchaîna :

- La sociophysique repose également sur des principes fondamentaux. Le premier, et il est extrêmement compréhensible, énonce que cette science ne peut en aucun cas s’appliquer à des données individuelles, et donc prédire des chemins liés à un seul individu puisque son objet réside en l’analyse et la dynamique de grands ensembles en interaction. Je tiens à préciser que même s’il est impossible de prédire les parcours individuels, les grandes conséquences du fait de certains individus sont eux prédictibles puisqu’ils peuvent avoir des impacts véritablement historiques. Le second principe concerne la nature des masses étudiées : les espèces intelligentes. Ce principe ne s’attarde pas sur l’environnement, la nature, et le cosmos puisqu’ils sont décrits par d’autres sciences, mais la sociophysique n’ignore pas cependant les productions scientifiques du fait des civilisations intelligentes. Le troisième principe, entré finalement assez tardivement dans la construction de la sociophysique est le suivant : la Galaxie est un système social isolé. Jusqu’à ce  que nous n’ayons prouvé l’existence d’espèces intelligentes extérieure au système social {Galaxie] et pouvant agir sur lui, le troisième axiome est indéboulonnable. Bien sur, ces principes peuvent être contredits dans le futur, mais ils cadrent suffisamment notre temps pour obtenir des résultats extrêmement pertinents.

Voilà que les fondements axiomatiques de la sociophysique étaient posés. Xander cessa son repas, se cala un peu plus contre le dossier de sa chaise tout en posant délicatement sa fourchette sur la nappe.

- Notre travail de recherche consiste à établir de façon optimale les systèmes d’interaction entre données. Vous pouvez voir cela comme de simples équations, mais en réalité, c’est plus compliqué que cela, c’est surtout un travail empirique. L’objectif de la sociophysique réside essentiellement dans la modélisation de trajectoires étant la conséquence de l’interaction des données. Vous me demandiez d’ailleurs si des expériences préalables ont déjà fonctionné : la réponse est oui, mais avec une grande marge d’erreur. J’ai fais ma thèse au sein de la Mathématocracie de Yag’Dhul, où les plus éminents esprits gouvernent via le Corps Calculus et la production d’équations théoriques. Ils oublient justement l’exploitation croisée des données, laissant ainsi un vaste champ d’incertitudes qui les a conduit à choisir la Confédération des Systèmes Indépendants lors de l’arrivée du conflit. S’ils se sont, je le pense sincèrement, trompés de faction, ils avaient néanmoins prédits la sécession qui allait nous conduire à la guerre… A la différence des Givin, je fais évoluer ma science, en la basant sur d’autres fondements, notamment historiques, ce qu’ils ne font pas. Et c’est là le coeur du sujet...

Le scientifique prit son temps, laissant planer un certain suspens autour de sa future révélation. Il fixa droit dans les yeux le gouverneur, en se penchant un peu plus sur la table.

- La donnée, Gouverneur Tarkin, c’est de l’or. La sociophysique traduit parfaitement cette maxime bien connue : « la connaissance, c’est le pouvoir ». Plus nous possédons de données, plus nous pourrons les faire interagir. Plus nous en avons, plus nous pourrons réduire le nombre de degrés de liberté du système, et plus globalement l’incertitude. Plus nous en collectons, plus nous trouverons des récurrences dans les rapports sociaux que nous pourrons ensuite mettre en équation. Plus nous en amassons, plus nous pourrons analyser le passé, et donc plus nous pourrons anticiper le futur. Car voyez-vous, si nous possédons la totalité du savoir historique, nous pouvons décrire l’histoire de façon physique. Ainsi le temps file, la société galactique également, mue dans une dynamique que nous pouvons tout à fait décrire. Et c’est en ayant les équations de cette dynamique que nous pouvons anticiper le futur. Dès lors c’est le règne de la décision éclairée, et de l’action politique raisonnable…

Xander se tut quelques secondes, dévisageant Tarkin et sa compagne, un sourire à peine dissimulé sur les lèvres. Il y avait dans ces révélations de quoi devenir fou, car quiconque avait pris la mesure de ces dires savait ce qu’une sociophysique fonctionnelle signifiait en termes de pouvoir politique.

- Mon rêve le plus absolu est que cette science serve une révolution politique qui garantisse un ordre pérenne et paisible, où l’État dispose d’une maîtrise la plus ample possible sur la gouvernance des civilisations intelligentes, renchérit le jeune homme,
et je sais que nous pouvons mettre un tel pouvoir qu’entre des mains responsables, conscientes des enjeux qu’il incombe. Il nous faut pour cela des gens qui soient déjà en partie animés par le désir de gouverner par la Raison. Ce que je vous dis là, tous ces détails, ils sont précieux, je ne puis le dire en public. Je ne peux que décrire globalement ma science devant l’audience la plus large possible pour qu’elle attise la curiosité des puissants. Mais en aucun cas la masse doit être précisément au fait des lois physiques qui la gouverne, ni des mécanismes précis qui conduisent à elles. Car cela créairait un biais évident dans nos modélisations : c'est comme si un observateur tentait de mesurer ou d'observer directement un phénomène quantique, cela le pertuberait grandement et viendrait entâcher les équations qui décrivent ce phénomène.

Le mathématicien posa calmement les mains sur la nappe, fuyant un peu le regard du couple, et reprenant lentement la fourchette de sa main gauche. Il reprit son monologue, en insistant tout particulièrement sur ces deux phrases :

- Mais même si nous avons à disposition des données qui ne permettront peut-être d’assumer des positions politiques majeures sur le court terme, pour que ce projet réussisse nous avons besoin d’avoir accès à la plus grande masse de connaissances possible. Et je vais être honnête avec vous, Monsieur le Gouverneur cela implique d’avoir accès à certaines positions dominantes.

Xander avait convoqué son attitude la plus sérieuse, la plus droite et la plus engagée. Il redressa un peu le visage, engloutît une rapide mais succulente bouchée, puis continua son argumentaire en recroisant cette fois le regard de ses interlocuteurs.

- La collecte des données requiert également l’environnement le plus stable possible pour qu’elle soit optimale et massive. La République dispose encore d’un territoire vaste, avec la population la plus nombreuse, c’est donc le cadre évident de cet objectif. L’application de la sociophysique réclame quant à elle pour sa mise en œuvre un environnement le plus politiquement hégémonique possible, ce que la Faction Militariste promeut - elle qui est parfaitement adéquate à ma science - et ce que la fin de la guerre nous offrira nécessairement si c’est nous qui la menons. Voyez-la, Gouverneur, les raisons pour lesquelles je suis Républicain et Militariste. Voyez là les raisons qui font que je suis infaillible dans mon engagement.

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Lun 6 Mai - 19:17
Aleister réprima un sourire face aux premières explications de Xander. “Profanes”. Voila longtemps que l’on ne l’avait plus qualifié ainsi. Depuis ses classes en fait, lorsqu’il apprenait encore les bases des stratégies militaires, de la communication en temps de crise, de la gestion des ressources en temps de guerre. Il glissa un léger regard sur son épouse qui écoutait avec attention le jeune docteur. Son statut de “femme de” la reléguait souvent au rang de simple admiratrice ou organisatrice de rendez-vous culturel, et rare était ceux qui avait compris qu’elle jouait un véritable rôle dans le maintien de la stabilité. Elle était au courant de tout, savait poser les bonnes questions. Nul doute que si le partie militariste était moins engoncés dans ces percepts violents et légèrement masculins, elle serait à sa place depuis longtemps. Et c’était ce qui l’avait séduit chez elle, bien avant sa beauté. Le “debriefing” avec elle serait des plus intéressants en tout cas.

Il reporta son attention sur leur invité, qui n’avait pas non plus oublié les règles élémentaires du bon comportement à adopter face aux pontes qui conservaient le pouvoir. Néanmoins, il se demanda si il serait capable de séduire réellement d’autres partisans haut-placés au sein du partie militariste. Son arrogance était évidente. Comme pour le jeune Fleet. Il avait peut être ses chances finalement…



En tout cas, le jeune homme devenait passionné, et passionnant lorsqu’il expliquait les fondement de la socio-physique. Et quelques part cela lui parut cohérent. Pourquoi est ce que les êtres pensants dérogeraient aux lois fondamentales de l’univers, étant eux-même issu de ce même univers? La question méritait d’être posée. Le seul vrai barrage qu’il voyait à ce principe de base était, une fois encore, le souhait de l’être vivant à être plus qu’une simple donnée, à avoir la sensation de faire des vrais choix. Lui-même espérait que ces décisions n’étaient pas le fruit de l’application d’une simple équation, mais le fait d’un seul homme.

Mais il fallait se rendre à l’évidence, aujourd’hui, cet état de fait sclérosait les fonctionnements gouvernementaux, les empêchant d’accéder aux fameux “changements” qui avaient tant à offrir pour l’avenir.

Aleister avait prit conscience de cela il y’a quelques temps, ils stagnaient. Et comme il l’avait si bien appris à l’académie, ils ne pourraient jamais gagner s’ils n’arrivaient pas à se renouveler correctement.


- Jusqu’ici je vous suis mon cher Xander. J’arrive parfaitement à concevoir qu’il y ait un lien plus étroit qu’on ne le pense entre… disons, une science un peu métaphysique, et les êtres pensants peuplant la Galaxie. Après tout, nous arrivons à peine à comprendre nos origines, le pourquoi de notre création. La réponse proposée par votre science est tout aussi acceptable que d’autres.

Le commandant fit un geste léger de la main, se rendant alors compte que le jeune érudit n’avait nul besoin d’encouragement pour poursuivre. A ce stade, il était inarrêtable et déroulerait son raisonnement jusqu’au bout. Le sujet étant complexe à appréhender, cela valait mieux en effet. Et Aleister fit tourner quelques instants son vin dans son verre, sentant que s’il ne se concentrait pas dans les prochaines minutes, il louperait probablement quelques choses d’essentiel dans la compréhension des motivations du jeune homme.

Et en effet, la vision globale que présentait Ikarion était… difficilement saisissable pour des personnes n’ayant pas trempés dans des affaires plus vastes que celles à l’échelle d’une planète. La guerre était bonne formatrice sur ce point. On raisonnait en en dehors des chiffres. Des millions de milliards ne signifient plus rien pour ceux qui avaient conscience de l’enchevêtrement alambiqué qu’était la Galaxie dans laquelle ils évoluaient.
Jusqu’ici donc, la théorie du conférencier se défendait. Mais était-elle présentable en tant que telle auprès d’une commission? Pour le moment, ils étaient en encore dans la théorie, pas dans le concret, dans la pratique.

Le couple dirigeant garda le silence, sentant que le jeune homme n’allait pas tarder à entrer de lui-même dans le vif du sujet qui le taraudait. Car clairement, à cet instant, ce n’était pas eux qui attendaient quelques choses de Xander Ikarion. Mais bien lui qui allait exprimer son besoin. Et donc le pourquoi de son intérêt envers le parti militariste.

Aleister but une gorgée de vin, s’arrêtant quelques secondes sur le discours de leur invité.

- Il y’a donc eut des premières expérimentations? Mais les résultats ne sont pas satisfaisants, en raison de leur trop grande marge d’erreur, si j’ai bien compris ce que vous nous dites? Mais comment peut-on réduire cette marge?

La réponse vint naturellement dans la suite du discours. Les incertitudes, le parti Militariste les détestaient. C’était d’ailleurs pour ça que les interventions de Morgan Fleet étaient applaudies. Par ce qu’il n’y en avait pas dans sa représentation. Elles étaient généralement basées sur des stratégies éprouvées et maitrisées, améliorées aussi, mais sur des choses connues, qui “parlaient” aux membres haut-placés du parti. Ils partaient en terrain inconnus s’ils choisissaient la voie d’Ikarion. Et cela serait difficilement défendable.

- La donnée, Gouverneur Tarkin, c’est de l’or. La sociophysique traduit parfaitement cette maxime bien connue : « la connaissance, c’est le pouvoir »

Le moins jeune homme se gratta légèrement la barbe, réagissant aux informations dont l’abreuvaient le mathématicien.

- La connaissance c’est le pouvoir en effet. Mais… combien de temps faudrait-il pour que nous collections suffisamment de données? On ne peut pas laisser, par exemple, une guerre s’éterniser juste pour “collecter de la data”. Ce processus me semble donc très long… existerait-il un moyen, j’entends par là quelque chose de concret, pour accélérer cette collecte?

Le commandeur décelait ici quelque chose d’intéressant, mais légèrement inatteignable. Ce genre de données sociales avaient besoin de temps pour être interprétées, pour avoir un vrai sens. Quelque part, il se demanda si la socio-physique n’était pas plus une science du passé, permettant, certes, de stabiliser ce qui est construit et non pas une science de l’avenir comme le promouvait Xander.

- Je vois bien l’exercice de votre discipline pour la compréhension d’événements passés, pour la stabilisation, la pérennisation comme vous dites. Mais comment être capable d’anticiper et de créer de nouvelles stratégies à partir de données passées quand notre société bouge de plus en plus vite? La collecte de données semble bel et bien être la clé, mais je vois mal comment la mettre à profit efficacement pour éviter certaines situations désobligeantes…


Il croisa le regard de son épouse qui acquiesça silencieusement. Un élément leur échappait actuellement. Et leurs doutes sur la viabilité d’une pareille théorie dans la situation politique actuelle revinrent. Elle prit d’ailleurs la parole, défendant quelque part ce sur quoi elle agissait dans l’ombre :

- Mais cette masse, c’est pourtant elle qui génère ces données, qui est capable de renverser les puissants. Je conçois bien que mis au courant, ils pourraient agir différemment, mais ne peut on pas les aider à produire ces précieuses données que vous recherchez?

Aleister fixa quelques instants son plat, délicieux comme toujours, et déjà bien entamé.

- Parfois, les positions dominantes ne sont pas celles qui “connaissent” le plus. Il y’a des positions, plus discrètes, qui permettent d’obtenir cela… Mais je comprend votre souhait. Et effectivement, le république est un échantillon tout à fait convenable pour vos recherches.

Il marqua une légère pause, finissant son plat et frottant légèrement sa serviette contre sa bouche. Puis, après une nouvelle gorgée de vin, il poursuivit, laissant les derniers mots d’Ikarion peser dans l’air.

- La fin de la guerre. Nous n’y sommes pas encore hélas. Et si je perçois la pertinence de votre démarche pour “l’après”, nous avons aussi besoin d’agir dans le présent. Je comprend mieux vos motivations désormais, et elles sont justifiées. Mais, pour accéder maintenant à des postes dominants, il y’a besoin de démontrer des résultats dans l’instant.

Il s’enfonça dans son siège pour laisser l’un de ses serviteurs débarrasser son assiette, et se décida à expliquer le contexte dans lequel baignait le parti Militariste actuellement.


- La guerre nous coûte beaucoup. De l’argent, des ressources, des hommes, du moral, la foi des peuples en ses dirigeants et j’en passe. Il y’a un courant qui commence à émerger au sein du parti actuellement, un courant plus “percutant”, utilisant les connaissances militaires acquises pour créer de nouvelles stratégies qui séduisent de plus en plus. Nous restons là dans l’art de la guerre, sans science similaire à la votre dedans.
Si vous me suivez, la problématique est la suivante : que pourrait apporter votre science dans une situation concrète, où les temps de réactions sont très courts, où l’on vous demande des résultats immédiats? Pour ne rien vous cacher, si vous trouvez suffisamment d’appuis pour grimper les échelons, des faits, des preuves, des actes vous seront demandés.


Il tourna légèrement la tête vers la carte qu’il tenait à jour et qui recensait tout les mouvements militaires républicains et indépendantistes.

- Si vous avez besoin de données, voici celles que je peux vous fournir. Faible certes, mais c’est à partir d’elles que nous construisons. Pouvez-vous … anticiper quelques choses? Quelles sont les données qui vous manqueraient pour nous assurer une victoire? Et quels serait vos...taux de réussites ou d’incertitudes?

Son épouse lui adressa un regard un peu lourd. Il venait de délaisser tout son art de l’esquive pour entrer dans le sujet qui le préoccupait lui : la victoire face aux indépendantistes, l’émergence d’une nouvelle société. Et la question était maintenant de savoir si Xander Ikarion était capable d’appliquer ses théories dans ce cas particulier.

Xander Ikarion

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Xander Ikarion
MJ RP | Politicien
Lun 20 Mai - 1:50
Xander écoutait les propos du Gouverneur non sans une certaine inquiétude. Il avait l’impression que son message n’était pas passé dans sa totalité, et il comprenait pourquoi : trop d’informations d’un coup. Son interlocuteur n’arrivait peut être pas à décortiquer entièrement la logique de sa démonstration, ce qui paraissait tout à fait normal, mais ce que le mathématicien ne tolérait guère habituellement. Jamais en face de ses étudiants il ne se remettait en question sur ses méthodes d’enseignement : si l’élève n’avait pas compris une démonstration alors que quelques-uns oui, l’anomalie ne résidait pas dans les quelques-uns, mais dans le reste des étudiants beaucoup trop débiles pour suivre un raisonnement mathématique. Son intolérance en la matière était bien connue de tous, de Coruscant jusqu’à Theed. Cela avait le mérite d’écrémer les potentiels thésards, et il ne se gênait guère pour humilier froidement ceux qu’il recalait, parfois sans même les recevoir dans son bureau. Son équipe ne comportait donc que des gens brillants, point forcément reconnus pour leurs qualités « humaines »…

Cependant, Xander ne faisait pas face à ses élèves ou un de ses thésards, mais face au Gouverneur Tarkin d’Eriadu, le sommet hiérarchique de tout le secteur Seswenna. Et il évitait donc logiquement de se comporter comme un sagouin. A vrai dire, il ne le pouvait pas : il vouait une certaine admiration pour le prénommé Aleister, figure d’autorité et consensuelle locale, populaire au sein du Parti et même ailleurs. Un homme charismatique et intelligent, mais un véritable profane en mathématiques. Cela dit, Xander ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, il s’intéressait déjà grandement à sa science.

Il convenait donc d’apporter des réponses claires aux zones d’ombre qu’avait généré sa démonstration et l’explication de sa matière, la sociophysique. Certaines questions cependant s’avéraient assez difficiles à répondre : comment trouver une solution à une interrogation à laquelle les principes mêmes de la sociophysique disaient clairement qu’elle était inopérante, sans paraître impertinent ? Xander tentait de masquer son embarras et but mécaniquement un verre de vin pour cela – geste qu’il n’aurait jamais exécuté dans un contexte normal. Et pendant qu’il écoutait Tarkin tout en dégustant le merveilleux gigot de sa femme, il gambergeait à d’éventuelles réponses. De temps à autres il scrutait Madame, dont les gestes et les mimiques, la plupart du temps dissimulés, signifiaient forcément quelque chose… Mais il ne savait pas vraiment quoi.

Première difficulté : estimer le temps de la récolte des données. En réalité, cette réponse était simple et Xander débuta son argumentaire, agitant légèrement sa fourchette pour animer son propos.


« Soyons précis sur un point : jamais la collecte ne s’arrête puisqu’elle nourrit l’analyse de façon permanente, de sorte à ce que nous ayons une description actualisée du présent. Peut être parliez-vous des données historiques ?
Il laissa un bref temps de silence tout en faisant comprendre que sa question était rhétorique. Mais si vous permettez, je vais lier cette interrogation à une autre, lorsque vous m’avez affirmé que ceux occupant un poste de pouvoir n’étaient pas forcément ceux qui disposaient de la connaissance. »

Etrangement, Xander paraissait détendu, contribuant au dialogue d’un ton posé et serein (ce qu’il ne fut pas vraiment lorsque Tarkin lui avait posé des questions ayant eu pour effet de le déstabiliser dans son processus d’anticipation des réponses). Il se tînt un peu plus droit, marqua quelques fois son regard sur Madame Tarkin, comme s’il voulait l’inclure d’avantage dans le dialogue. Etait-ce dans le but de chercher un soutien sur lequel s’appuyer ? Ou était-ce parce qu’il décelait l’influence qu’elle pouvait avoir sur son mari ? Excellente question… Sans doute Xander avait l’impression qu’elle appréciait les hommes de culture, et que leur présence au sein du domicile familial pouvait être vue comme une rétribution symbolique, un apport à son capital politique qu’elle pourrait réinvestir auprès des hautes sphères d’Eriadu. Qu’importe, il continua sa réponse :

« Permettez-moi de mettre un terme à une éventuelle incertitude : vous avez parfaitement raison quand vous affirmez que la corrélation entre « position dominante » et « connaissance » n’est pas systématique. J’y souscris. Mais ce n’est pas tout à fait ce que j’ai dit, et si ce fut le cas, autorisez-moi à modifier la teneur de mes propos : ceux qui détiennent des positions dominantes ont une capacité d’accéder à des sources de connaissances hors du commun, plus larges qu’un simple citoyen, ou qu’un chercheur comme moi. Etre directeur d’un département de recherche ne me donne pas de passe-droit faramineux, car ma puissance symbolique n’est pas suffisamment élevée. Mais le PDG du Techno Syndicat, de par sa simple richesse aura accès à l’espace qu’il désire, et peut disposer de moyens de pressions considérables à travers son argent. Simple exemple, à titre illustratif : avez-vous déjà vu quelconque oligarque arborant un badge - pourtant obligatoire pour les petites mains - dans des évènements d’ampleurs ? Non bien-sûr, difficile ne serait-ce que de l’imaginer alors que le badge est un élément essentiel de la reconnaissance légitime de la présence d’une personne dans un espace fermé et surveillé, que ce soit une institution, une grande réunion interplanétaire ou quoi que ce soit d’autre. Le Président du Techno Syndicat, que beaucoup connaissent ou visualisent, dispose d’une influence telle, qu’une simple demande formulée dans un langage lui-même vecteur de la domination suffit à ce que n’importe quel de ses désirs se réalise, dans la mesure de ce qui est humainement envisageable. Xander enfourna délicatement une bouchée de la tendre viande baignée dans sa délicieuse sauce. Il renchérit ensuite, en évitant tout de même de parler la bouche pleine. J’ai pris ici un exemple extrême pour illustrer plus facilement ce que je viens de vous dire. Mais cela est valable pour n’importe quel poste politique, allant du chef exécutif local qui disposera d’une influence locale extrêmement puissante et un peu plus suivant la nature de sa position ; au mandataire à une échelle plus galactique qui devra d’avantage faire ses preuves auprès des siens, mais qui disposera d’une influence à un échelon vaste, très vaste, se diluant un peu lorsqu’il s’agit d’infiltrer des niveaux plus locaux. »

Ce qui l’amena à conclure :

« Non pas la connaissance, mais la capacité d’accéder à la connaissance, est donc liée à la détention d’une position dominante. Dès lors, une fois que nous connaissons les sources de données historiques (qui ne sont donc pas produites en temps réel, mais qui sont archivées dans des endroits spécifiques et identifiés), il est plus facile en ayant une position dominante d’y avoir accès. Aujourd’hui, toutes nos données, même les plus anciennes sont numérisées ou holographiées. C’est alors un jeu d’enfant de pouvoir les récupérer : appuyé de votre puissance symbolique en étant un homme de pouvoir, les obstacles humains s’effaceront grâce à la celle-ci que vous exercerez sur ceux qui ont un accès directs à l’information. Bien sur ce n’est pas sans risque, mais plus vous êtes haut dans la hiérarchie de la domination, plus il est facile d’accéder à ce que l’on veut. »

Sa réflexion tournait essentiellement autour de l’accessibilité des données historiques, lesquelles finalement n’étaient pas si compliquées à obtenir une fois que l’on se positionnait à un échelon suffisamment haut dans la hiérarchie des hommes. Mais qu’en était-il des données dites « du présent », celles qui étaient immédiatement produites à chaque instant ? Xander continua son argumentaire :

« Quant aux données immédiates, elles ne sont jamais collectées sur l’instant. Une action produit une donnée, mais celle-ci devient réellement collectable après mesure. C’est là que l’on voit que la sociophysique n’est pas uniquement une science mathématique puisque es actions pour devenir données doivent être mesurées. C’est donc une science physique, d’autant plus lorsqu’elle a vocation à établir des lois dynamiques universelles. Et nous avons tout ce qu’il nous faut, ou presque, pour récupérer ces données du « présent ». Différents organismes privés ou publics s’en chargent actuellement, soit pour orienter des politiques publiques, soit pour déterminer une stratégie d’entreprise. Je pense aux instituts statistiques, économiques, sociaux, mais également aux centres de recherche en sciences de la vie, physique et autres. Nous disposons de tout cela. Je ne dis pas que nous détenons exhaustivement tout ce qu’il nous faut pour aboutir à nos lois… Mais si nous possédons l’appareil d’État, vous n’imaginez pas à la vitesse à laquelle nous pourrions progresser nos travaux. »

L’État central et sa bureaucratie restait un instrument d’une efficacité redoutable. Bien que contesté par la vague séparatiste, avatar de l’État minimal et de la corporation maximale, il détenait encore en République une part majeure de l’exercice du pouvoir politique et de la violence légitime. La simple volonté politique pouvait encore modifier l’organisation de son administration. D’ailleurs Xander allait aborder un sujet central : le cadre de l’élaboration de son projet ne pouvait que se faire dans le cadre de l’utilisation de l’appareil d’État.

« Vous m’interrogez globalement sur la mise en œuvre de la sociophysique. Son plat terminé, il posa ses couverts sur la nappe. Je ne vais pas vous cacher qu’elle nécessite des mesures d’exception. Collecter des données en temps de guerre peut se faire si l’appareil d’État fonctionne, mais la sociophysique se veut hégémonique : en guerre civile, je me priverais des données récoltées par l’appareil sécessionniste. Un retour à l’ordre est donc fondamental. Ne suis-je pas alors dans la droite ligne du Parti ? »

Une idée traversa l’esprit du jeune homme. Il avait entendu la critique de Tarkin, et celui-ci réclamait des prédictions immédiates, comme si Xander pouvait mettre sa boule de cristal à profit. L’idée ne lui plu point… La sociophysique était quelque chose de sérieux ! Le Gouverneur en avait profité pour lui montrer une carte galactique, où les positions militaires de la République étaient grossièrement indiquées.

« Avec ce que vous me montrez là je ne peux absolument rien faire…. Même en me donnant des coordonnées tout à fait précises des bâtiments de guerre. Le ton de Xander marquait un peu sa déception, il avait quelques doutes sur la compréhension de sa science par ses interlocuteurs. Je vous le répète, j’ai moins besoin de données que d’un cadre dans lequel les récolter, et je tiens à insister sur cet axiome : la sociophysique est un tout, elle ne prétend faire des prédictions sur le moment avec des données partielles qui sont celles que vous me montrez là... En revanche, il y a déjà une preuve que la version disons « bêta » de la sociophysique fonctionne. Je vous ai mentionné la mathématocratie de Yag’Dhul, auprès de laquelle j’ai effectué ma thèse de Doctorat. En étudiant les documents historique du gouvernement Givin, j’y ai trouvé les solutions à une équation tout à fait fondamentale. Celles-ci prédisaient dans le cas général la sécession de la République bien avant le début de la guerre. N’est-ce pas là déjà suffisant ? Le grand schisme politique a eu lieu, et il a été prédit. »

Xander espérait avoir mis les choses au clair : les prédictions issues des balbutiements de la sociophysique illustrés par le Corps Calculus de Yag’Dhul constituaient une preuve indiscutable de la réussite des théories du gouvernement physico-mathématique des hommes. Seulement les Givin, pris de panique face aux résolutions de leurs équations ayant promis le chaos pour la République et leur planète, s’étaient laissés guidés par leurs peurs. Ceux-là rejoignirent la sécession et mirent leurs mathématiciens au service de la Confédération. Un drame pour Xander qui voyait ici une erreur majeure, ils avaient cédé à leurs passions. La République était pour lui la seule à détenir un Etat et une bureaucratie suffisamment puissante pour la sociophysique, rester en son sein constituer la solution raisonnable, que le Corps Calculus avait été incapable de choisir.

« Je ressens une inquiétude chez vous, renchérit le scientifique, vous ne me pensez pas capable de convaincre les cadres de la Faction. Cela s’entend en effet, mais ne croyez pas que je vais leur réciter le discours que je viens de vous faire depuis le début de la soirée. Mais il est vrai que même si vous détenez la prérogative juridique de nommer le Sénateur de notre secteur, vous ne pouvez le faire qu’en satisfaisant au moins une part non-négligeable de nos cadres Militaristes si vous ne voulez pas vous les mettre à dos…. ».

Xander posa sa serviette sur la table puis se leva tranquillement, se frottant légèrement les mains. Il repassa son haut de ses mains avant de se retourner vers le couple.

« Laissez-moi vous prouver que j’ai tout à fait la verve pour enflammer les passions de nos cadres. »

Il fit quelques pas en se tenant bien droit, les mains dans le dos. Il perdit son regard quelques brèves secondes vers l’extérieur à travers la baie vitrée menant sur la magnifique vue des jardins et de la skyline d’Eriadu city sur laquelle les deux hommes avaient disserté peu avant. Une petite inspiration plus tard, laquelle lui gonflait légèrement la poitrine, le sociophysicien se lança d’un ton calme et posé, tout sachant qu’il jouait son va-tout.

« Quel avenir plus radieux pour la civilisation que celui d’un ordre éternel, où tout est subordonné à la Raison. Quel futur plus désirable que celui d’une République universelle, hégémonique et unifiée sous le même drapeau, sous la même bannière, où le particularisme laisse la place au Tout. Que peut-on imaginer d’autre pour cela, si ce n’est un Etat transcendant où la Loi foudroie avec force ceux qui lui désobéissent. Xander marqua une pause, puis se retourna face à ses deux interlocuteurs. Son air, dur et sérieux, ne laissait place à aucune hésitation et pour la première fois, il avait décidé de se transformer en homme politique. Compagnons, reprit-il avec plus de force,nous sommes l’unique force qui incarne cet ordre républicain auquel la Galaxie aspire, dans lequel inflexibilité et universalisme sont les deux mamelles de la paix civile. Nous sommes les ennemis du corporatisme, la terreur des laxistes et des faibles, lesquels ont laissé notre République se briser, s’annihiler sur l’autel de l’individualisme. Voilà que ceux-là cèdent depuis plus d’un siècle aux sirènes de la corruption et du pouvoir pourri par le vice, qu’ils n’obéissent qu’à une seule loi, celle de l’avarice, qu’ils ne suivent qu’un seul intérêt, le leur. Le scientifique replia son bras droit, l’autre restant caché dans son dos, et il serra vigoureusement le poing, le regard d’une dureté à peine retenue. Nous incarnons l’antithèse de ce désordre qui lui seul nous a mené à la guerre civile. Nous sommes la frayeur des corrompus et des vicieux, les alliés de la discipline. Le temps est au retour à la paix, et elle devra se reconquérir par la force ! L’heure est à la renaissance, et elle ne pourra se gagner que par la guerre ! Nous voici face à notre devoir, reconstruire l’hégémonie républicaine, par la vigueur de nos convictions et de notre volonté opiniâtre. (Nouvelle pause). Notre destinée politique ne peut être que de mener cette grande bataille, celle qui appelle la destruction de nos ennemis, séparatistes ou complices dans nos patries. »

Le ton du jeune homme redescendit un peu, mais son visage demeurait d’une dureté martiale. Il lia de nouveau ses deux mains dans le dos, et fixa Tarkin et sa femme. Un bref silence s’était installé, et Xander respirait lentement, apaisant un rythme cardiaque qui pendant son discours s’était légèrement emballé.

« Notre gouvernement, continua-t-il en perpétuant son rôle de candidat en campagne, parce qu’il doit faire face à un ennemi qui souhaite le détruire lui et les idéaux qu’il incarne, doit disposer d’une méthode claire, nette, et limpide. En tant que Sénateur d’une majorité militariste, j’en appellerai à une chasse sans répit contre nos ennemis intérieurs, à la destruction des complices séparatistes, et à une guerre définitive contre la Confédération. La République doit accomplir un effort de guerre sans précédent, mobilisant ses techniques, ses savoirs et ses forces, instruments de la paix, au service de la Grande Guerre, celle qui achèvera la période incertaine que nous vivons, pour rétablir l’ordre et restaurer l’unité de notre République. Xander fit quelques pas lents vers l’avant, ils résonnaient dans le vaste salon du gouvernorat. Pour notre mission, nous avons un allié. Un allié de taille, qui nous aidera dans cette reconquête : le savoir, la science. Et, compagnons, me voilà d’autant plus apte à vous représenter, moi, un mathématicien de l’ordre, un physicien de la société, dont la quête des lois de la paix éternelle ne peuvent être mises en place qu’au prix de la stabilité que je vous propose. Ce que nous désirons le plus dans notre famille politique est sur le point de subvenir. Tout notre engagement, toute notre volonté utopique quand bien même nous refusons ce mot, est en passe d’aboutir et de nous mener au pouvoir. Il s’approcha encore, et se mit à la hauteur du Gouverneur, appuyant sa main délicatement sur la table. Son ton fut tout à coup beaucoup plus froid, convaincu et décisif. Son regard, flamboyant et déterminé. En homme de science, n’attendez de moi qu’une action politique efficace et inflexible… Celle qui instillera au plus profond de nos ennemis, la peur, la frayeur… la terreur, jusqu’à qu’ils agonisent et que nous les achevons, en détruisant tout ce qu’ils ont pu construire et mobiliser contre nous. Pour que notre nouvel ordre, éternel, gouverné par la Raison, puisse guider notre civilisation vers une paix perpétuelle... »

Le sociophysicien se redressa lentement, liant de nouveau ses mains en bas du dos. Il soupira tranquillement, et regagna son apparence roide et un peu fraîche. Il scruta Tarkin très sérieusement en espérant l’avoir marqué par son exercice de rhétorique. Xander voulait montrer qu’il n’était pas qu’un simple scientifique, mais qu’il pouvait aussi mener campagne. Il imposa silence pesant alors qu’il venait d’achever son jeu de rôle. Une poignée de secondes plus tard, le mathématicien lança au couple :

« Voilà un discours droit dans la ligne militariste. Voilà bien des mots agitant les passions… Voilà une profession de foi qui ne peut être appliquée que par un homme de raison... Il relaissa planer volontairement un silence. Gouverneur Tarkin, la sociophysique peut révolutionner le Gouvernement des Hommes. Elle peut accomplir ce que nous souhaitons de plus cher. Et pour cela, son créateur a besoin d’accéder à une position de pouvoir… C’est là, et seulement là, que je pourrai à court terme mettre la main sur une masse de données si monumentale, qu’elle pourrait enfin nous permettre d’établir des équations dynamiques, certes provisoires, mais dont les solutions seront bien moins frappées par l’incertitude qu’aujourd’hui... Vous avez un choix sans doute historique à faire. Et prendre une décision qui ne serait pas favorable à la sociophysique ne fera que retarder son avènement. Peut-être alors, que nous ne le connaîtrons jamais de notre vivant ... Si vous désirez le contraire, alors permettez moi éventuellement de faire campagne, et songez à assurer votre soutien à ma candidature. La décision finale, de toutes façons, vous reviendra. ».

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Ven 31 Mai - 18:03
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Aleister Tarkin, Gouverneur d'Eriadu

Aleister Tarkin contempla d’un air impassible son invité alors que celui-ci présentait une ébauche de discours enflammé susceptible de convaincre les cadres de la section planétaire de la Faction militariste.

De la passion ? Il y en avait, sans aucun doute, et le gouverneur savait que ce discours patriote appelant à l’extermination de l’ennemi séparatiste sonnerait comme une douce berceuse aux oreilles des notables, qui essuieraient sans doute une petite larme d’émotion et offriraient un tonnerre d’applaudissement à ce plaidoyer en faveur de la guerre d’annihilation. Leur haine de l’ennemi confédéré était sans limite. Ce n’était pas le cas de Tarkin. Le vétéran n’avait aucun amour de la guerre et n’éprouvait pas spécialement de dégoût à l’égard des séparatistes. Néanmoins, il estimait que tant qu’une telle entité fondée sur la haine de la République continuait d’exister, la paix et l’ordre seraient impossibles dans la galaxie.

De la rationalité ? Dans le fond, on ne pouvait nier qu’il y en avait également, et la passion apparente était à première au service d’une ligne politique fondée sur la raison et une approche purement scientifique de la gouvernance. En fin de compte, la collecte massive de données était la finalité de la démarche voulue par le jeune docteur Ikarion. Après avoir balayé quelques doutes et confusions, le gouverneur comprenait enfin toutes les subtilités de la science de son invité. C’était un tour de force, un outil politique hors du commun. Néanmoins… Quelque chose dans le discours de celui qui était maintenant un candidat déclaré au poste de sénateur semblait avoir de lourdes implications que le scientifique se gardait bien de présenter à son hôte… Pour la première fois depuis de longues années, un frisson parcourut l’échine du gouverneur.

Il dissimula ses craintes derrière un large sourire bienveillant et un air satisfait avant de reprendre la parole.


- Merci infiniment d’avoir eu la patience de nous expliquer toutes les subtilités de votre discipline, Xander. D’autant plus que nous sommes, comme vous le dites, des profanes, ce qui ne vous facilite en aucun cas la tâche. Je vous prie d’ailleurs de bien vouloir m’excuser si j’ai parfois pu raisonner de manière naïve ou simpliste, mais j’ai la conviction qu’aucune question, même celle trahissant l’incompréhension de leur auteur, n’est stupide si elle permet de faire jaillir la vérité. Ainsi, je pense enfin comprendre pleinement les tenants et les aboutissants de votre science, à défaut de pouvoir appréhender pleinement son langage.

Le gouverneur se permit une pause le temps verser du vin dans son verre et celui de sa compagne, après avoir en avoir proposé à son invité.

- Ainsi, vous vous proposeriez comme candidat au poste de sénateur ? Pour être tout à fait honnête avec vous, mon cher, vous risquez de contrarier les plans des cadres planétaires du parti. Ces messieurs semblent en effet avoir déjà jeté leur dévolu sur un potentiel représentant du système, un individu, ma foi… tout à fait compétent. Et respecté. Il est tout à fait exact que la décision finale me revient, néanmoins, la politique n’est malheureusement pas toujours une affaire de lois, et je ne peux me permettre de contrarier les notables du parti. Cela me peine parfois, car ils peuvent se révéler bornés quand on a affaire à eux, mais j’ai besoin de leur soutien pour maintenir l’ordre sur Eriadu. Surtout en temps de guerre civile. Surtout dans les conditions actuelles… Un rapide coup d’œil sur une carte de la galaxie vous permettra de comprendre aisément que la situation d’Eriadu dans ce conflit est beaucoup plus délicate que nous voulons bien l’admettre dans nos discours officiels. La planète est un place-forte républicaine et un bastion du militarisme, mais à chaque instant, le risque d’un blocus, voire d’une frappe séparatiste, pèse sur elle. Et si c’était le cas, la situation ne nous serait pas favorable. La guerre et la distance avec le Noyau rendrait une telle opération des confédérés extrêmement difficile à contrer. De plus, Eriadu n’inspire plus autant la confiance que par le passé pour les politiciens de la Rotonde, qui gardent bien en mémoire le fait que c’est sur planète qu’est né… le traître. Cela devrait n’avoir aucune incidence, mais croyez-moi, ils seront prêts à donner sans hésiter une portée symbolique à un fait anodin. Notre isolement joue contre nous.

Pendant que le gouverneur continuait sa tirade, on apporta le dessert. Il s’agissait d’un ensemble de délicates pâtisseries agrémentées de crème et de ce qui semblait être des fruits du jardin.

- Je pense que vous avez en vous les ressources nécessaires pour convaincre les cadres de vous préférer à votre rival. Je ne pourrai m’opposer directement à leur choix, mais je suis en revanche disposé à glisser quelques mots en votre faveur, d’autant que j’ai des réserves s’agissant de la pertinence du choix des instances dirigeantes du parti. Cependant, une confrontation devra avoir lieu entre vous et Morgan Fleet – c’est ainsi que se nomme votre rival – afin de vous départager. Lorsque cette confrontation aura lieu, Xander, souvenez-vous bien d’une chose : les cadres militaristes sont très sensibles aux discours passionnés, aux envolées lyriques appelant à la défense de la patrie, mais c’est un terrain sur lequel Morgan Fleet excelle. Si je suis prêt à vous soutenir, c’est parce que je suis un partisan de la politique rationnelle et que vous semblez en être un vous aussi. Je ne sais pas si votre présence dans la Rotonde vous permettra de développer votre discipline comme vous le souhaiteriez pour la mettre au service de la Faction, mais j’ai l’espoir que votre attrait pour une approche scientifique de la politique puisse vous pousser à modérer la passion parfois dangereuse de nos compagnons militaristes. La rationalité, Xander. C’est l’atout dont vous disposez, et qui manque cruellement à Fleet. C’est ce qui devrait être le cœur de la doctrine militariste.

Le gouverneur se permit de savourer le dessert, et l’air sérieux qu’il avait adopté au cours de son monologue disparut au profit d’un sourire enthousiaste.

- Délicieux ! Absolument délicieux ! J’espère sans pouvoir en être sûr que ce dîner vous aura satisfait par les conversations auxquelles il aura donné lieu, mais je peux en revanche affirmer avec certitude que nous n’aurons pas péché par la qualité du festin proposé.

Très vite, le dîner toucha à sa fin. Le couple Tarkin raccompagna le jeune docteur Ikarion jusqu’à la porte de leurs appartements privés, où un servant attendait leur invité afin de le guider jusqu’à la sortie du palais.

- Docteur, ce fut un plaisir, dit Irina Tarkin au scientifique.

- Passez donc demain au siège du parti, Xander ! Je crois me souvenir que les cadres doivent s’entretenir avec leur candidat. Je pense qu’avec un peu de ruse, nous pouvons improviser un débat entre vous et votre rival dans des conditions qui vous permettraient de mettre en lumière la pauvreté de son discours. Enfin, ce n’est qu’une suggestion, bien entendu. D’ici-là, rentrez bien, Xander, et passez une excellente soirée.

Les époux Tarkin se retrouvèrent seuls. Dès que le scientifique avait quitté les lieux, le visage d’Aleister Tarkin avait paru plus sombre et plus soucieux.

- Qu’y a-t-il, très cher ? interrogea Irina Tarkin, surprise par la mine anxieuse de son mari.

- Je ne sais pas trop… Je me demande simplement jusqu’où ce jeune homme serait prêt à aller au nom de son système de gouvernance et de sa science. Je dois y réfléchir, mais nous devrions garder un œil sur lui, même s’il devait être envoyé au Sénat. Je me trompe peut-être, mais par moment, il me fait un peu penser à Antares.

Xander Ikarion

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Xander Ikarion
MJ RP | Politicien
Lun 3 Juin - 2:23
Xander avait l’impression que ses démonstrations avaient enfin fait mouche. Alors qu’il acceptait le verre que lui proposait le Gouverneur, ce-dernier coupa court au dialogue engagé sur la sociophysique pour discuter de l’avenir. Le Docteur était satisfait : son interlocuteur avait deviné ses intentions sans qu’il eut fallu les prononcer directement au risque de paraître pour n’importe quel ambitieux de la Faction Militariste, laquelle n’en manquait pas bien au contraire.

Le scientifique oublia l’aversion qu’il avait pour l’alcool et but une gorgée de rouge tout en écoutant les paroles de Tarkin avant d’attaquer le dessert. Comme il l’avait prévu, malgré son pouvoir, le Gouverneur d’Eriadu aussi puissant pouvait-il être, avoua devant lui qu’il était subordonné à la loi informelle de la politique politicienne. Aux premiers abords, Xander trouva bien étrange que l’homme fort du secteur Seswenna lui avoua sa faiblesse en plein repas. Avait-il réellement confiance en lui ou voulait-il faire passer un message ? La brève analyse du sociophysicien lui permit de conclure : un peu des deux. Aleister dessina alors les traits de caractère du fameux Morgan Fleet, orientant le docteur sur la voie d’une stratégie qui pourrait éventuellement le pousser à la victoire. Les cadres militaristes aiment les discours qui exaltent leurs passions et les embarquent sentimentalement via l’excitation de leur aversion pour l’ennemi séparatiste. Tarkin n’avait pas l’air de ceux-là… C’était peut-être pour cette raison que le Chancelier Gallen, issu de la faction du Noyau en phase de radicalisation l’avait nommé à son poste : pour tempérer les ardeurs de la planète et des deux factions. Et Tarkin devait sans doute être un fin politicien pour ne pas s’être mis à dos l’ensemble des cadres militaristes. Xander ignorait tout de ses stratégies.


Il interpréta donc les paroles du gouverneur comme un sage conseil. Son futur adversaire politique maniait déjà l’art d’exciter les foules. Xander n’était pas encore rodé à cet exercice et quand bien même, il fallait se démarquer de cette ligne. Il n’en avait guère envie pourtant… Dans son projet politique, l’application de la sociophysique requérait un certain ordre. Il fallait donc se donner les moyens de le rétablir. Le discours factice qu’il avait déclamé devant Tarkin n’était pas qu’une coquille vide, certaines de ses paroles avaient du sens et il y croyait parfois vraiment. Mais au final, Xander allait devoir travailler subtilement son propos : attirer suffisamment l’attention  des militaristes, tout en proposant un projet différent de celui de Fleet, en partie inspiré de sa doctrine.

- Vos conseils sont précieux Gouverneur, lança le scientifique en faisant tournoyer très légèrement son verre, je tâcherai de les appliquer. Je vous rejoins déjà sur un point : il est impossible de gagner face à un adversaire qui utilise mieux la stratégie de l’embrasement que moi. Puisque comme moi vous êtes un partisan du gouvernement par la Raison, alors je tenterai cette stratégie, et j’accepterai toute aide que vous pourrez me fournir. Pour autant, il faudra nécessairement attirer l’attention, et j’ai là ma petite idée.

Instant suffisamment rare pour être noté, Xander lâcha un léger sourire au Gouverneur et à sa femme. Il attaqua le dessert, goûtant les fameuses pâtisseries à la crème. Certes il n’était pas très nourriture sucrée, mais cela ne l’empêcha guère d’apprécier le goût délicat du plat qui servait de conclusion au repas. Ce-dernier s’acheva tranquillement, et tous se dirigèrent finalement vers la sortie.

- Merci de cet accueil, et merci pour ce délicieux repas. J’ai passé un agréable moment et surtout, j’ai été ravi d’avoir pu discuter avec vous de ma science. J’espère ardemment que cette campagne se terminera favorablement : il en va de la réussite du projet séculaire auquel aspire notre faction. Il est aujourd’hui à portée de main. Xander serra la main du Gouverneur et de sa femme. Je compte sur vous pour déouvrir le présent que je vous ai apporté en arrivant, en espérant qu’il vous plaira. A très vite…

Il s’agissait d’un astrolabe planisphérique antique. Il servait à l’époque à projeter la voûte céleste dans le futur, et il était fabriqué de telle sorte qu’il servit d’outil de calcul analogique pour cela. La moralité derrière un tel cadeau était la suivante : nos anciens révolutionnèrent les rapports géographiques et commerciaux via un outil qui prédisait l’état futur du ciel étoilé ; et une autre révolution allait bientôt survenir, celle de la prédiction non pas de l’avenir cosmographique, mais de l’avenir social, qui allait bouleverser les rapports populationnistes et ceux de l’État avec leurs citoyens.

Avant de quitter les appartements du gouvernorat, Xander s’inclina poliment devant ses hôtes. Il  s’affaira ensuite à sortir de l’imposant bâtiment qui incarnait à merveille l’autorité de l’exécutif du secteur Seswenna.  Étrangement il n’avait guère envie de regagner sa demeure immédiatement. Au lieu d’appeler un taxi comme il le fit pour venir, le docteur décida de vagabonder dans les rues de la Capitale. Il savait de toutes façons qu’il était en sécurité : le quartier dans lequel il se trouvait n’était pas vraiment connu ni pour sa criminalité, ni pour sa pollution (les riches savaient très bien s’en protéger…).


Il marcha donc sur la grand place d’Eriadu City, tournant le dos à l’immense et massive bâtisse qu’il venait de quitter. Le ciel redevenait menaçant, mais au lieu de brandir son parapluie, le jeune homme enfouissait les mains dans ses poches. Xander ne pouvait s’empêcher de rejouer le dîner dans sa tête. Il se revoyait expliquer la sociophysique au couple Tarkin, ses mécanismes de base, mais aussi ses axiomes et ses subtilités. Malgré le fait que jamais il n’était entré dans les détails mathématiques de sa science, il ne pouvait évacuer une pensée de son esprit : il était allé beaucoup trop loin. Peut-être avait-il dû stratégiquement dévoiler quelques principes et quelques mécaniques en trop pour convaincre ses interlocuteutrs. Le fait que des personnes de pouvoir, et donc influentes sur le cours de l’histoire disposaient de ces informations menaient évidemment à ce qu’elles pouvaient agir en conséquence et perturber l’équilibre de  la sociophysique. Les solutions de ses équations pouvaient donc en être subtilement modifiées… Il ne put pourtant se résigner à effacer cette option de son cerveau : il allait nécessairement falloir à un moment ou à un autre, s’occuper d’Aleister et d’Irina Tarkin...


FIN DU RP

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