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Les poings sur les I
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Phoebe Aldrich

Messages : 51
Date d'inscription : 02/11/2019
Localisation : dans son verre

Profil du personnage
Espèce: Humaine
Réputation:
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Expérience :
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Phoebe Aldrich
Militaire
Jeu 19 Nov - 17:22
musique d'ambiance:

Phoebe attaqua. Son poing emmailloté dans son gant frôla la peau bleutée de son adversaires au niveau de l’épaule. Il avait paru surpris par la rapidité de son attaque mais ses réflexes étaient heureusement aiguisés, et son esquive de dernière minute fut salutaire devant l’assaut de la blonde. Il riposta bien évidemment, profitant d’une maigre ouverture, qui fut hélas trop courte pour que son coup n’atteigne sa cible, beaucoup trop vive, un poil plus énervée que d’habitude.

- Bah alors Phoebe, on veut en découdre?

En réponse, la jambe de la jeune femme se leva enchaina une série de coup à hauteur de tête, des épaules puis enfin des côtes. Et le dernier toucha, entrainant un gémissement sourd de la part du Chiss qui lui servait de punching ball.
L'humanoïde fut poussé sur le côté et remit immédiatement de la distance entre eux. Elle ne lui avait pas fait mal, bien évidemment. Comme toujours même. Sans un petit verre avant, elle n’arrivait jamais à porter réellement ses coups, pas avec sa vraie force, qui semblait ne jamais vouloir revenir.


Son psy lui avait dit qu’elle faisait un blocage. Mais où? Lequel? Est ce que cela venait de toutes ses années à avoir dû tabasser plus ou moins gentiment ses confrères militaires pour faire respecter ses ordres, et que depuis son éviction, elle n’arrivait plus à rien? Peut être. A moins que son état mental en engourdissement ne lui refuse l’usage de tout ses membres.

Mais en tout cas, Jr’an avait raison. Elle était un peu plus énervée que d’habitude ce soir. Les répercussions de sa dernière mission se faisait ressentir, entre dégout, rage et envie de tout brûler. Les altercations avec Milva Ezor l’avait “chauffé”, comme on disait dans le milieu. Et si une nouvelle rencontre devait avoir lieu entre les deux femmes, nul doute que la responsable de la sécurité serait surprise de trouver en face d’elle une adversaire peu facile à dompter. Et qui s’acharnerait sans doute sur elle sans ménagement.


Sa mère lui ferait la morale sur ce sujet. Ses frères aussi. Mais maitriser sa colère devenait parfois une tâche ardues dans ses moments les plus sombres. Heureusement que la volonté, la force et l’envie avaient une fâcheuse manie de lui manquer ces dernieres années. La faute aux médocs. La faute à la trahison. La faute à elle-même, Phoebe n’était pas dupe sur ce sujet.

Un nouvel échange survint, initié par le Chiss, qui atteint sa tête mais il reçu en échange un bon coup de genoux en pleine poitrine. Cela faisait plusieurs fois qu’elle le touchait dans cette zone et un mince sourire se dessina sur les lèvres pâles de l’inspectrice, sans que le coup qu’elle venait de prendre ne semble l’affecter. Elle avait la tête dure.


- Tu ferais bien de surveiller ta garde, J’ran. Sinon je vais continuer de passer par là.

- Je fatigue un peu…

La remarque l’a surprit. Depuis combien de temps était-elle là? Un regard furtif sur l’horloge électronique de la salle principale du petit club où elle venait s’entrainer régulièrement lui donna la réponse. Une heure qu’elle était là, déjà, et bien une bonne vingtaine de minutes où elle martyrisait le pauvre Chiss. Déjà aussi. Quand elle se battait, le temps filait à toute allure.

Après un dernier assaut, où J’ran ne put pas passer sa barrière, les bras de Phoebe se refermant sur elle-même pour encaisser tout, il leva la main, reprenant son souffle.


- Stop...stop… arrête le café meuf…

Elle le vit se masser les côtes, sans doute devenues douloureuses maintenant et abaissa doucement ses poings, imitant son compagnon de combat en les posant sur ses genoux, le corps légèrement penché en avant pour récupérer. Elle avait beau avoir du souffle, le fait qu’elle fume avait tendance à lui arracher un peu les bronches parfois. Chassant les gouttes qui glissaient devant ses yeux, elle lâcha une petite moquerie.

- Ça va? pas trop mal vieillard?


Il releva son visage suant vers elle, entre sourire et grimace, envie de parler et envie de respirer plus calmement. Entre deux inspirations profondes, il parvint à lâcher d’une voix encore essoufflée :

- Nan, ça va blanchette. Jm’e remettrais.

Il faillit dire autre chose, mais elle vit clairement que ses yeux intégralement rouge fixait un point derrière elle. Il lui fit un léger signe de tête, elle leva un sourcil interrogatif en réponse, toujours appuyée sur ses genoux.

- Y’a un p’tit nouveau qui te regarde.

Son second sourcil vint rejoindre le premier. Les nouveaux n’étaient pas vraiment légion ici, le club étant petit, et coincé entre le lieu de travail de la blonde et le quartier peu fréquentable où elle habitait. Et en général, quand il y avait des nouveaux, ils étaient plutôt accaparés par le gérant, pas par le ring, à moins que la démonstration ne les ait impressionné. Et devant son visage plus que surpris, J’ran sentit qu’il était important de donner une petite précision en plus:

- Quand je dis petit, c’est pas une métaphore.
- Genre y’a un Ewok dans la salle?

La blague fit sourire J’ran. Il y’a longtemps qu’elle n’avait pas vu de petits oursons d’Endor, cela remontait à loin. Trop loin. Et avant qu’elle ne se remette à ressasser une époque maintenant révolue et à ressentir le besoin de cogner sur quelque chose ou de boire à outrance, elle se retourna doucement, se redressant dans la foulée.


Et quand son regard se posa sur le nouvel arrivant, elle comprit ce que J’ran entendait par petit. C’était un gamin. Celui des voisins pour être exacte. Elle chercha quelques secondes son nom, Mirow. Non, Milow! L’ado qui s’était fait tabassé par un petit groupe de minable à qui elle avait fini par casser les dents dans la même soirée. Une chouette soirée dans ses souvenirs. Avant que ses angoisses ne reviennent.

Et bien évidemment, elle se demanda ce qu’il venait faire là, au milieu des combattants dégoulinant de sueurs, au milieu d’une salle perdue entre les buildings crades du quartier puis elle se rappela. C’était elle qui lui avait dit de venir ici.
Milow déglutit. Elle ne sut pas si elle lui faisait peur ou si c’était autre chose, mais son visage affichait une expression qu’elle n’avait plus vue depuis longtemps, surtout lorsque cela la concernait. Impressionné serait le terme le plus proche, mais il était aussi teinté d’autres choses qu’elle ne parvenait pas à trouver et qui était sans doute propre aux effervescence adolescente.


Pour couper court au silence gênant, et que les regards des curieux se détournent un peu, elle leva son gant dans un léger signe de salut.


- Salut...Milow.
- Bonsoir Mme Aldrich.

Elle entendit le Chiss rire derrière elle entre deux expirations. Mme Aldrich, personne ne l’appelait comme cela ici, pas étonnant que le gérant de la salle toise le gamin avec ce regard suspect, lui même devant avoir oublié qu’elle s’appelait comme cela. Ici c’était Phoebe, Phoeb au plus court et blanchette au plus long. Surnom ridicule et en manque d’inspiration selon elle, mais suffisamment descriptif pour tout le monde sache de qui il s’agissait quand il était évoqué.

Elle toussa légèrement et reporta son attention sur Milow non sans avoir jeté un regard glaciale à J’ran. S’il lui ressortait, il recolterait un bon uppercut dans la mâchoire. Elle reprit d’une voix un peu écorchée par l’effort, retirant lentement ses gants de combat.


- Tu… tu veux me parler?


A l’instant où elle parla, la blonde polaire se trouva maladroite. Le jeune Milow était surtout là parce qu’elle lui avait dit de passer, par pour une discuter. Et elle essaya de rattraper un peu le cours de la discussion, ne sachant pas trop quoi dire à cet instant.


- Euh...c’est bien que tu sois passé.

Milow esquissa ce qui lui sembla être un sourire, ce qui rassura la combattante. Le contact commençait à s’établir. Et ces dernieres discussions étant des échanges plus ou moins choquants et parfois désagréable avec des clones et des criminels, avoir un échange normal avec un adolescent n’était pas si simple. Il revenait d’une sombre histoire, elle n’allait pas lui faire subir un interrogatoire quand même. Mais au final, la langue de Milow finit par se délier dans un jargon qui la dépassait :

- C’était… genre wow!

La tête de l’inspectrice s’inclina sur le côté avec un léger plissement des yeux.


- Wow?


Et sur un ton beaucoup plus enthousiaste, l’adolescent s’expliqua :

- Bah, votre combat là. * il mimant maladroitement quelques crochets avec ses poings, sa bouche emettant quelques onomatopées pour illustrer l’ensemble* Genre, les coups de poings vous font rien! Et ce coup avec la jambe là…

Les yeux de la blonde s’ouvrirent en grand, alors qu’elle entendait J’ran lâcher un : “ça c’est l’entrainement petit”, un peu paternaliste. Elle secoua la tête, chassant une mèche de cheveux échappée de sa queue de cheval de son visage.

- Mais, t’es là depuis combien de temps?

L’ado reprit, tout sourire :

- Depuis une quinzaine de minute, mais vous étiez tellement dans le truc que je voulais pas vous deranger!

Un rire grave s’échappa des lèvres de l’inspectrice. Puis elle vint finalement s’appuyer contre les cordes du ring pour regarder l’ado. C’était étrange de ce dire qu’elle avait été observée durant tout ce temps sans qu’elle ne se rende compte. Mais pour sa défense, ici, elle se sentait assez en sécurité pour que son troisième oeil se repose tranquillement. Elle reprit alors plus doucement :


- Tu ne déranges pas… J’ran aurait peut être apprécié que tu nous arrêtes un peu plus tôt.

Le Chiss émit un son bizarre mais pas méchant. Il l’avait un peu cherché celle là. Puis elle se reconcentra sur les raisons qui l’avaient poussé à inviter Milow ici.

- Comment ça ce passe de ton côté?

La phrase pouvait être interprétée de plusieurs façon. Ses blessures, sa famille, le gang de minable, et elle espérait ainsi lui laisser le choix de choisir son sujet, ce qu’il avait envie d’évoquer avec elle. Après tout, elle n’était que sa voisine. Il ne lui devait rien.
Le garçon fit un mince sourire, semblant ne pas savoir par où commencer, avant de parler
:

- ça va. Je me remet. Et je… je suis repassé par le parc.

Phoebe se sentit froncer les sourcils sous la nouvelle. Sachant qu’il avait fait l’objet de coup, et de menace, il n’y avait que des tarés comme elle pour revenir juste après sur les lieux du crime. Sa voix resta cependant le plus neutre possible, plate.
- Pourquoi? Qu’est ce que tu leur voulais?

Et là, elle vit les yeux de l’adolescent s’illuminait d’un semblant de fierté mêlé de colère.

- Je… j’en avais marre de fuir. Je voulais leur dire que j’avais pas peur d’eux.

Le visage de Phoebe se détendit. Fuir. Encore un mot difficilement interprétable, mais à son âge, Milow ne pouvait pas savoir que parfois, cela pouvait être nécessaire. En bon adolescent, il cherchait probablement à s’affirmer, lui qui finalement n’avait jamais trop fait de vague dans le quartier. La blonde pouvait aisément le comprendre, même si dans son cas, cela avait été plutôt l’inverse, ses parents tentant de l’entrainer dans moults activités pour canaliser son tempérament excessif.
L’adolescent n’avait apparemment pas fini de vider son sac et poursuivit sur sa lancée.


- Je les ai pas trouvé. Par contre, j’ai croisé un mec du bâtiment, un peu glauque. Et, il m’a dit qu’il les avait vu se faire mettre une sacrée raclée par quelqu’un.


Phoebe resta impassible devant la déclaration, même si elle était un peu surprise qu’elle ait été vu. Mais après tout, le parc était dominé par des immenses barres d’immeubles. Il suffisait que quelqu’un soit à sa fenêtre à ce moment. Au moins, personne n’avait appelé les flics, sinon la situation aurait été très cocasse.

- D’après lui, une femme, habillée en noire, à la peau pâle…

Elle voyait clairement Milow essayer de lire sur son visage, cherchant peut être de la fierté ou autre chose. Fondamentalement, de cette petite baston ridicule, Phoebe n’en tirait rien, mis à part la vague sensation d’avoir dépanner ses voisins, et probablement d’autres parents confrontés aux-mêmes soucis. Elle ne se souvenait même plus de ce qui l’avait motivé à y aller. Peut être l’injustice dans laquelle elle était emprisonnée et qu’elle projetait sur les autres.
Devant son absence de réaction, Milow essaya de pousser un peu plus loin. Ce qui fit rire intérieurement Phoebe. Ce gamin voulait une réponse. Mais était-elle trop cruelle pour ne pas là lui donner?


- C’était vous, non?

- A-t-on avis?
- C’était vous. Je... merci.

Le remerciement était sincère. Enfin, elle le supposait.

- Je… je n’ai plus envie que quelqu’un se batte pour moi. A ma place, j’veux dire.

Phoebe se décida à descendre enfin du ring où elle était perchée pour rejoindre l’adolescent. Son envie, elle la comprenait. Elle était légitime même. Elle se sentit cependant mal placée pour lui répondre. Se battre était une chose, le faire pour les bonnes raisons en était une autre. Et clairement, la blonde n’en avait aucune.
- Je comprend. Mais pour ça, faut d’abord t’entrainer… et surtout ne pas le faire pour les mauvaises raisons.

Elle avait l’impression d’être un vieux sage sur son rocher à ce moment. Au final, elle ne faisait que lui répéter ce que son père lui avait martelé sans cesse dans sa jeunesse en espérant qu’elle trouve elle même les réponses.
Milow trouverait.

Elle cherchait encore.



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