Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Sous mission
 :: Le RPG :: Espace Républicain :: Coruscant (Capitale) :: Temple Jedi

Administration

Messages : 199
Date d'inscription : 19/06/2018

Profil du personnage
Espèce: Aucune
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue1000/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (1000/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue100/100Sous mission Empty_bar_bleue  (100/100)
Administration
Administrateur
https://swus-rpg.forumactif.com
Ven 29 Mar - 10:59
Sous mission Sousmi10
~Difficulté F~

Le Maître Jedi Krey Dalonn attendait son Padawan au pied des marches du Temple Jedi de Coruscant. Le vent frais du matin soufflait légèrement dans les cheveux grisonnants de l'homme à la prestance remarquable. Droit comme un "i", il se tenait les bras croisés, juste à côté d'un gros chariot en forme de bloc rectangulaire, relié au sol par quatre roues bine gonflées. L'objet encombrant disposait de deux grandes anses sur un de ses flancs les plus étroits, pour permettre à un bipède de pousser l'engin, dans l'espoir de le faire avancer. Sur le couvercle du chariot, des indications en nombreuses langues étaient inscrites. En basic, elles signifiaient tout simplement : "attention, forte chaleur". En effet, il s'agissait ni plus ni moins d'une étuve, capable de préserver plusieurs dizaines de kilos de nourriture à haute température. Aujourd'hui, le contenu choisi était du riz blanc Dantooinien.

Lorsque le jeune Loh Darl arriva auprès de son mentor, celui-ci s'empressa de le saluer, puis il lui expliqua immédiatement sa mission du jour, de sa voix posée et profonde :

Sous mission Ja7ZLw
Maître Krey Dalonn

"L'Ordre aide comme il peut les plus démunis, en toutes occasions. Aujourd'hui, ton travail va consister à distribuer à manger aux plus fragiles, dans ce quartier même. Tu as de la chance, Loh, d'autres Padawans se sont vus envoyés dans des coins bien moins sûrs de Coruscant... Enfin, ne prends pas cette mission à la légère. C'est à force de se terrer dans les temples, et de côtoyer les hautes sphères de la société, que les Jedi ont peu à peu oublié d'où ils venaient. Le Grand Maître Cadalo tient désormais à ce que chaque membre de l'ordre se rende fréquemment au plus proche de la population, car c'est là qu'est notre place. Si tu veux mon avis : c'est effectivement un bon moyen de nous faire redescendre de notre piédestal, tout en nous rappelant la cause pour laquelle nous sommes formés."

Le Gardien du côté lumineux de la Force décroisa les bras, puis il montra brièvement au Kel Dor comment manipuler le chariot sans se prendre les pieds dedans. Il termina sa démonstration en tapant dans ses mains d'un coup franc, laissant la place du "pilote" à son apprenti.

"Reviens ici quand ton chariot sera vide. En cas de problème, utilise ton comlink bien sûr, mais ne me dérange pas pour rien, j'ai une journée chargée en vue. Que la Force soit avec toi, Padawan Darl."

Comme à son habitude, Krey se montrait plutôt austère et strict dans son rôle de Maître Jedi. Il n'était pas là pour faire ami-ami, mais bien afin de transmettre à son poulain les bonnes valeurs à défendre. Évidemment, cela ne faisait pas de l'expérimenté Jedi un être totalement froid non plus. Seulement voilà, il ne rigolait jamais avec le sens du devoir. Depuis le temps, Loh le savait, de toutes façons. Sans ajouter quoi que ce soit, Krey salua le jeune Consulaire d'un geste léger de la tête, puis remonta les marches du temple d'un pas ample et gracieux. En un clin d’œil, le Kel Dor se retrouva seul dans la cour, son chariot fumant à ses côtés. Il n'avait plus qu'à se mettre au travail.

[HRP : débute donc ta mission tranquillement ! Dès que Loh passera le portail de l'enceinte du Temple Jedi, il devra commencer à faire savoir qu'il distribue de la nourriture gratuitement à ceux qui en ont besoin. Dans ton premier post, tu peux déjà faire intervenir divers PNJ non hostiles à ta guise. Je me charge, bien entendu, de pimenter les choses dès le tour suivant.]

Auteur:

Loh Darl

Messages : 108
Date d'inscription : 10/07/2018

Profil du personnage
Espèce: Kel Dor
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue40/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (40/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue40/160Sous mission Empty_bar_bleue  (40/160)
Loh Darl
Padawan Jedi
Sam 30 Mar - 1:29
La monotonie du quotidien d’un padawan, depuis que la guerre s’était éloignée de l’Ordre, pourrait rebuter plus d’un candidat à l’apprentissage des voies mystérieuses et insondables de la Force. Loh Darl s’y soumettait pourtant de bon cœur car il tirait de cette répétition des lectures et exercices divers une quiétude d’esprit dont il estimait qu’elle était le but de la formation du Jedi.

Incontestablement plus à l’aise dans les murs du Temple, il ne faudrait néanmoins pas croire que Loh Darl était incapable d’en sortir pour accomplir les missions qui lui étaient dévolues par son maître. C’est ainsi que Krey Dalonn expliqua à son apprenti la tâche qui l’occuperait le lendemain : assister les plus démunis en leur servant un repas ou, pour reprendre les mots du maître, « donner encore plus de sens à cette empathie que tu as précocement développée. » Krey Dalonn devina l’expression surprise de son apprenti. Le jeune Kel Dor n’avait-il pas déjà usé de son don de la meilleure manière possible ? Le couple maître apprenti avait en effet été appelé à de nombreuses reprises pour assister des enquêtes policières. Loh Darl fut même, à plusieurs occasions, d’une aide déterminante en identifiant des suspects insoupçonnés, et même en permettant la disculpation d’innocents sincères. Le maître inspira bien vite à son apprenti l’humilité qui devait caractériser tout bon Jedi en lui rappelant, de son ton direct mais néanmoins subtile, qu’une trop grande confiance dans sa capacité à ressentir les émotions avait failli le pousser dans l’abysse. Cette erreur avait certes permis de remédier aux faiblesses du Kel Dor, mais considérer qu’elle ne pourrait jamais se reproduire serait pire encore et confirmerait cette triste expérience comme étant un échec.

Cette nouvelle mission faisait appel à une autre empathie. Pas celle que procure la sensibilité à la Force, non, mais celle que devrait procurer à tout un chacun la connaissance du monde dans son incroyable diversité, de ces merveilles à ses aspects les plus tristes.

- « Dois-je m’abstenir de faire appel à la Force durant cette mission, maître ? s’interrogea l’apprenti durant cette discussion nocturne.

- Un Jedi n’est jamais coupé de la Force, Loh. Mais ce n’est pas parce qu’elle nous ouvre une sensibilité supérieure qu’il nous faut toujours regarder le monde au travers de son prisme. La véritable empathie n’est pas forcément celle qui te permet d’entrer dans les esprits des autres, c’est celle qui te permet de comprendre ce qu’ils ressentent sans avoir à pousser la porte.

Le jeune Kel Dor acquiesça en silence, légèrement honteux d’avoir rendu cette explication nécessaire. Il aimerait tellement comprendre plus vite, saisir la véritable porté des enseignements de son maître sans que celui-ci ne doivent lui préciser les choses.

- Oui maître, désolé.

- De quoi es-tu désolé ? Krey Dalonn, dans ces intonnations directes, donnait volontairement le sentiment de ne pas comprendre ce que ressentait son apprenti, et ce afin de le forcer à exprimer ses pensées.

- Désolé… Le padawan hésita, de quoi était-il désolé ? Désolé de ne pas l’avoir compris tout de suite.

Sans sourire, à douter même qu’il en était capable, Krey Dalonn entreprit de rassurer son apprenti de ses courtes phrases dont il avait le secret.

- Mais si tu comprenais tout, tout de suite, je ne servirais à rien. Effectivement, nouvelle erreur : l’ego. Loh Darl semblait attendre de lui-même davantage que son maître et si cela pouvait apparaître comme une qualité pour l’apprentissage de n’importe quel métier, ce n’était pas digne du Jedi qui doit être conscient de ce qu’il est. Un apprenti n’est pas supposé tout savoir et penser qu’il le devrait n’est rien d’autre que de la vanité. Avant même que son padawan puisse trouver le temps de présenter de nouvelles excuses pour ne pas l’avoir compris plus tôt, Krey Dalonn enchaîna. La mission de demain te sera très profitable, Loh, tu n’es pas sorti du Temple depuis longtemps et je sens que ton esprit a besoin… d’air.

Avant de se relever, Loh Darl se permit une dernière question.

- Est-ce habituel de la part des Jedis de distribuer de la nourriture dans les rues ? Je n’ai jamais entendu personne au Temple faire le récit d’une telle mission. Vanité, jeune Kel Dor, vanité… Si la question était sincère, elle n’en portait effectivement pas moins une forme de vanité. Il ne s’agissait pas d’une vanité personnelle car Loh se prêterait volontiers, emprunt d’un grand sens du devoir, à cette mission. La vanité qui s’exprimait ici était celle d’un Ordre tout entier qui avait un peu oublié le sens de son engagement, une vanité qui s’immisçait insidieusement dans l’esprit des novices, même des plus humbles.

- Et quelle tristesse, non ? Le maître reprit après une courte pause. Quelle tristesse d’entendre un Jedi s’étonner qu’on lui confie une telle mission.
Souviens-toi que la place des Jedi est auprès de ceux qui ont le plus besoin d’eux, et tu ne les trouveras pas dans la rotonde du Sénat.
Les mots étaient durs car Krey Dalonn nourrissait encore une légère rancœur à l’égard des autorités républicaines, une rancœur dont il était parfaitement conscient et qu’il ne cherchait pas à cacher. Le Grand Maître Cadalo estime à juste titre qu’il faut rapprocher les Jedi de la population pour réparer les dégâts de ces dernières années.

- Navré de cette question, maître, mais pensez-vous que distribuer de la nourriture permettra vraiment de réparer la réputation de l’Ordre ? La question était sincère. Loh Darl ne cherchait pas à s’extraire de cette mission, il voulait juste être certain d’en comprendre tous les aspects. Il serait, après tout, confronté à cette population touchée par le sentiment de désamour envers l’Ordre Jedi. Rester dans l’ignorance risquait de le laisser désarmé face à une population hostile et il voulait poser à son maître les questions dont il anticipait qu’on les lui pose le lendemain.

- S’il suffisait d’un bol de riz pour rétablir la confiance, je pense que nous le saurions : il n’y aurait plus aucune animosité dans le monde et… moins de gens affamés. Nouvelle pause offrant au Kel Dor le temps d’apprécier le trait d’esprit du maître. Évidemment, non. Mais ce n’est pas une excuse pour ne pas agir. Reste très lucide sur la portée de ta mission de demain : tu ne sauveras pas l’Ordre Jedi, tu n’éradiqueras pas la faim sur Coruscant, mais des gens qui ont faim auront le ventre plein à la fin de ta journée. Simplement cela, mais tout cela. Nouvelle pause, laissant à Loh Darl le temps de digérer cette leçon supplémentaire. Va te reposer maintenant, tu en auras besoin. »

Loh Darl salua respectueusement son maître avant de se retirer vers la chambre qui lui avait été attribuée pour une nuit réparatrice mais aussi pensive. Krey Dalonn avait donné à cette simple mission un écho beaucoup plus large dans l’esprit du jeune Kel Dor, elle était devenue si modeste et si grande à la fois. C’est ainsi que toute action d’un Jedi devait être sur le monde : grande par sa modestie, forte par sa simplicité. Un Jedi devait être humble quant à son influence sur le monde qui l’entoure, lucide quant au caractère profondément infime de ses actes à l’échelle de l’univers, mais conscient que chacune de ses actions pouvaient néanmoins contribuer faire tourner la galaxie dans le bon sens ; et tout cela dans un simple bol de riz.

A l’issue de cette nuit qui fut sage conseillère, Loh se prépara à rejoindre son maître à l’entrée du Temple où rendez-vous lui avait été donné. Le maître était naturellement présent, imperturbable et toujours avec l’air de dominer les situations. Il se tenait proche d’un chariot dont la taille impressionna le jeune Kel Dor qui se dit qu’il allait devoir le pousser pendant plusieurs heures. Comme à chaque mission, le maître Dalonn expliqua à son apprenti de manière relativement solennelle ce qui était clairement attendu de lui, comme un écho lointain de son ancien rôle de Général mais aussi comme la conclusion attendue de la discussion de la veille.

Le véhicule ne semblait pas aisé à manipuler, au-delà de sa masse encore plus grande qu’escompté. Le premier essai de Loh laissa paraître la difficulté qu’il éprouvait à déplacer l’engin. Après les intenses réflexions de la dernière nuit sur toute la portée symbolique et morale de cette mission, le Kel Dor put en apprécier, à son grand dam, tout l’inconfort physique. Le maître ironisa avec son flegme légendaire « Il va de soi que ce chariot doit se déplacer à la seule force de tes bras et jambes… Mais ne t’inquiète pas, plus tu donneras, plus ce sera facile. » Et ainsi Krey Dalonn parvint à saupoudrer une leçon morale sur cette épreuve physique. Effectivement, le chariot serait de plus en plus léger à mesure que Loh distribuerait de la nourriture à ceux qui en avaient besoin, la générosité allègerait ainsi son fardeau.

Combien de temps durerait cette mission ? Aussi longtemps qu’un grain de riz se trouverait au fond de l’étuve, alors point de temps à perdre et le signal laconique du maître à l’endroit de son apprenti pour qu’il se mette à l’ouvrage fut des plus clairs. Une fois seul avec son véhicule, Loh empoigna les hanses pour sortir de l’enceinte du Temple en direction des rues adjacentes. Le jeune Kel Dor affectionnait assez peu les promenades dans les rues de Coruscant, non pas que les faits divers sur les viols de padawans l’inquiétaient particulièrement, mais l’urbanisation infinie de cette planète ne suscitait chez lui aucune forme d’attrait. Si le devoir ne l’avait pas appelé à les arpenter ce matin-là, il serait bien allé à la bibliothèque de l’Ordre pour consulter à nouveau ces quelques ouvrages de vulgarisation astronomique qu’il affectionnait tant. Mais dans sa peine, on signala à Loh qu’il avait tout de même la chance d’explorer les quartiers proches du Temple, supposés plus privilégiés. C’était assez étrange, en définitive, car on ne devait pas trouver dans ces quartiers le plus grand nombre de personnes nécessitant une distribution de nourriture.

Les premières dizaines de mètres n’attirèrent pour ainsi dire personne, à se demander s’il n’aurait pas fallu envoyer le padawan ailleurs… Ce dernier se sentait d’ailleurs légèrement ridicule à promener son chariot plein et fumant sans que personne ne semble s’y intéresser, sauf à souligner le grotesque de sa situation. Loh ne voulait pas changer de quartier, non seulement car l’instruction de son maître avait été très claire, mais aussi, de façon moins avouable, car il ne voulait pas parcourir une distance trop grande avec ce chariot peu maniable. Le padawan se dit toutefois que pour trouver des candidats potentiels à un petit-déjeuner offert par l’Ordre Jedi, il faudrait sans doute explorer des rues plus susceptibles d’abriter des… sans abris. Loh se promit de pousser quelques mètres supplémentaires pour expier cette bien mauvaise plaisanterie et finit par trouver un endroit pour stationner son chariot. Renonçant au projet de rechercher les éventuels individus intéressés par le contenu de son véhicule, Loh tenta la stratégie inverse : laisser ces derniers venir à lui. Pour cela, le choix de l’endroit était crucial et le jeune Kel Dor se mit aux abords d’un parc, plus fréquents dans ces quartiers plus riches, dont l’accès était libre, et donc susceptible d’être parcouru par beaucoup de monde. Le padawan prit soin de ne pas s’installer trop prêt des éventuels commerçants de nourriture afin d’éviter de susciter de leur part une quelconque colère. Il n’était en effet pas totalement possible de donner ce que les autres vendaient sans provoquer de leur part quelques crispations que les bons penseurs ne tarderaient pas à condamner, mais que Loh pouvait comprendre. Chacun avait sa place : les vendeurs faisaient commerce avec ceux qui avaient la chance de pouvoir acheter, lui donnait aux autres. Mais en y pensant, quel était risque de voir à son chariot des individus simplement intéressés par de la nourriture gratuite sans rapport avec leur besoin ? Loh se dit qu’un candidat animé de mauvaises intentions aurait du mal à les lui cacher car, comme le lui avait dit son maître, un Jedi n’était jamais totalement coupé de la Force. Si le padawan n’était pas là pour aiguiser sa compétence en matière d’empathie liée à la Force, elle pourrait néanmoins lui être utile en cas de doute. Mais il n’était pas question de faire la police et si une mauvaise âme insistait pour avoir du riz au détriment d’une autre, Loh n’irait pas jusqu’au conflit. S’il s’agissait d’une opération de reconquête d’estime, même à sa toute petite échelle, Loh ne pouvait pas risquer une altercation trop bruyante.

Toutes ces réflexions qui anticipaient l’action tendaient maintenant à l’empêcher, il fallait donc se lancer. Le monde attirerait probablement le monde et il suffisait de quelques candidats pour que les passants comprennent ce que Loh était en train de faire. Les allers et venues commençaient à se densifier à mesure que l’heure avançait dans la matinée, les très nombreux travailleurs se dirigeaient là où leurs obligations les conduisaient. Si la plupart des passants ne prêtaient même plus attention à leur environnement, sans doute pour l’avoir vu trop souvent, quelques-uns remarquèrent le padawan sans que celui-ci puisse afficher un visage accueillant. Les Kels Dors, du fait de leur masque, affichaient en effet un visage inexpressif. Si cela pouvait éloigner les éventuels profiteurs, ce qui réglait une partie du problème auquel avait pensé Loh, cela pouvait aussi dissuader ceux qui recherchait en plus d’un bol de riz, un peu de réconfort auprès de celui qui le leur donnerait. C’était sous-estimer le peu d’importance que portaient les plus démunis aux apparences, même si le premier visiteur confessa avoir été surtout attiré par l’odeur du riz.

C’était un humain dont l’âge était difficile à estimer car il était abîmé par son état de mendicité. Sa voix était rauque, il n’était pas simple de comprendre ce qu’il disait, d’autant qu’il parlait peu. Il portait des vêtements détériorés mais visiblement suffisamment épais pour le protéger du frais matinal. A voir les expressions des passants aux alentours tandis que Loh servait son premier bol de la journée, il ne devait pas émaner de ce pauvre individu une odeur très agréable. Impossible pour le Kel Dor de s’en rendre compte puisqu’il respirait exclusivement l’air que lui procurait son masque anti-ox, il servit donc son bol au mendiant en se tenant visiblement plus prêt de lui que l’homme n’y était habitué. Il fit un pas en arrière puis sembla se détendre face à cette étonnante proximité, trop peu connaisseur des Kel Dors pour en connaître la véritable cause. C’était une chaleur qui complétait bien celle de son petit-déjeuner de fortune, il s’ouvrit au point de parler mais sans évoquer toutefois les évènements qui l’avaient conduit à sa situation. Loh laissait l’homme raconter ses anecdotes, principalement centrées sur l’indifférence de la majorité des citadins, mais répondait peu. Le padawan ne savait pas tellement quoi répondre et se dit que l’homme avait peut-être simplement besoin d’être écouté, il semblait même oublier le masque. Sans avoir à le convaincre, le premier « client » de Loh lui promit de ramener les amis qu’il trouverait au parc, et ainsi le mouvement était lancé.

Administration

Messages : 199
Date d'inscription : 19/06/2018

Profil du personnage
Espèce: Aucune
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue1000/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (1000/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue100/100Sous mission Empty_bar_bleue  (100/100)
Administration
Administrateur
https://swus-rpg.forumactif.com
Lun 1 Avr - 15:02
Plusieurs infortunés faisaient à présent la queue devant le chariot du Padawan Loh Darl. Affairé au service, ce dernier semblait dévoué à sa tâche, même si son masque, typique des Kel Dor, lui donnait un visage austère peu avenant. La joie ne transpirait pas franchement dans le coin, de toutes façons. Ce quartier était devenu froid au fil des ans, bien qu'il fasse parti des endroits plutôt riches de Coruscant. La raison à cela était évidemment la déroute des Jedi suite à la condamnation du Chancelier Valorum. Le Grand Maître Cadalo et ses confrères faisaient des pieds et des mains pour regagner l'opinion publique depuis. Mais cela prenait du temps de redorer une image, alors que l’entacher, à l'inverse, n'était qu'une question de secondes.

Plus grave encore (selon le Conseil), l'Ordre Jedi s'était éloigné de ses préceptes fondamentaux en se plongeant dans la guerre contre la CSI. Les garants de la paix étaient ainsi devenus les percepteurs de la violence malgré eux. Bon nombre s'accordent à dire aujourd'hui que le conflit séparatiste était une erreur. Fragilisés sur tous les fronts, les Jedi devaient absolument se ressaisir, dans l'espoir de connaître une nouvelle ère de prospérité prochainement. Les Consulaires, les Sentinelles et les Gardiens du côté lumineux de la Force avançaient tous vers le même but, mais ils avaient encore besoin de s'entendre sur la méthode. Pour l'heure, Asledo Cadalo maintenait l'union sacrée de l'Ordre. Toutefois, les revendications interventionnistes de Ben Sarro en charmaient plus d'un, même en cette époque troublée et délicate.

Fort heureusement, il y avait de jeunes pousses, comme Loh Darl, qui comprenaient (au moins partiellement) ce que cherchait à accomplir le Grand Maître Cadalo. Certes, ce n'était pas le chemin le plus facile, ni peut-être même le plus juste, au fond, mais c'était sans aucun doute le plus sage. Et ça, personne ne pouvait ni n'osait le remettre en cause. Car, si les Jedi avaient globalement perdu l'estime des peuples, il en restait un parmi eux qui demeurait respecté et craint de ses détracteurs : le vieux Drall aux immenses pouvoirs. Tant qu'Asledo serait en vie, la survie de l'Ordre Jedi était quasiment assurée. Mais survivre suffisait-il à tous les membres de la confrérie? Là se trouvait une autre question épineuse.

Loin de pouvoir répondre à tous les maux de la société moderne, le brave Loh, lui, s'évertuait à nourrir, un par un, les pauvres du quartier du temple. Vus avec beaucoup de recul, ses actes bienveillants paraissaient ridiculement isolés, de petites gouttes d'eau dans l'océan, diraient d'autres. Pourtant, la moindre lueur d'espoir était bonne à prendre dans un univers aussi ténébreux. Néanmoins, le Padawan Consulaire allait également bientôt entrevoir quelques parts sombres de ce monde. S'il n'avait rien à craindre des miséreux, actuellement, il pouvait commencer à s'inquiéter de la réaction des habitants plus aisés. Ce fût après une bonne demi-heure de travail qu'une femme aux vêtements précieux vint déranger l'apprenti de Krey Dalonn, tenant en laisse une créature que le Kel Dor n'avait peut-être encore jamais croisé : un cochon-globe.

La robe de soie bleue et blanche de la belle noble cachait ses longues jambes lisses, jusqu'à ses mollets tout menus. Ses chaussures ouvertes resplendissaient le luxe, tandis qu'elle affichait un décolleté vertigineux, qui ne manqua pas, d'ailleurs, d'être outrageusement remarqué par les quelques gaillards présents autour du chariot. Les cheveux blonds ondulés de la résidente caressaient ses épaules, sa frange s'arrêtait, elle, parfaitement droite, au-dessus de ses sourcils clairs, laissant le libre champ à ses yeux bleus éclatants. Le maquillage de la belle laissait deviner des heures de préparation devant le miroir. Au moins, tout ce temps perdu à se peindre le visage n'avait pas été vain, puisque tous les regards étaient posés sur elle.

Sans considérer la file d'attente qui s'était naturellement formée devant l'étuve fumante, la grande blonde se posta directement devant Loh, ignorant par la même le sans-abri à qui le tour d'être servi venait tout juste d'être annoncé. Désarmant toute réflexion d'un sourire ravageur, la bourgeoise extravagante posa ses yeux pleins de charme sur le jeune Jedi, puis déclara d'une voix mielleuse agréable :

"Puis-je être servie mon brave?"

Les pauvres bougres tout autour se regardèrent, se demandant s'il s'agissait d'une blague. Il était clair que cette femme n'avait pas besoin de l'assistance de l'Ordre Jedi pour se nourrir. Loh n’eut pas le temps d'agir qu'un clochard habillé d'haillons en lambeaux s'approcha et tendit à la belle sa propre gamelle, que le Padawan lui avait justement distribué à l'instant.

"Tenez M'dame, j'vous off' mon bol. Nous aut', les gars-sans-toit, on sait comment qu'il faut s'comporter avec les princesses, n'allez pas croire aut' chose."

La bourgeoise leva un sourcil, acceptant l'assiette du sans-abri en le regardant à peine, puis elle déposa l'écuelle par terre, devant son animal de compagnie. Le cochon-globe émit de petits couinements avant de se ruer sur le riz tiède, visiblement heureux de ce repas improvisé. La femme à la robe bleue se redressa alors, fixant ses yeux sublimes dans ceux du clochard, un sourire conquérant sur le visage, puis elle annonça :

"Merci, vous voyez que vous pouvez être utiles à quelque chose, finalement, vous autres les gueux."

La tension dans le bourg se faisait dangereusement ressentir. Certains s'en remettaient au jugement du Jedi, cherchant dans son regard une réponse à un tel affront, tandis que d'autres frétillaient de colère, les poings et les mâchoires serrés. Il fallait absolument que Loh fasse quelque pour empêcher une émeute. Allait-il se faire l'avocat du diable, ou comptait-il plutôt sur l'aide des infortunés pour bouter cette imbuvable princesse du quartier? Seule la Force pouvait le dire...

[HRP : tu es absolument libre de ton action, et tu peux également jouer la réaction de chaque PNJ présent dans ta prochaine réponse. Pour l'instant, comme c'est le tour de chauffe, je ne t'impose aucun lancer de dé. Si tu as des questions, je reste à ta disposition par MP, comme d'habitude.]

Auteur:

Loh Darl

Messages : 108
Date d'inscription : 10/07/2018

Profil du personnage
Espèce: Kel Dor
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue40/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (40/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue40/160Sous mission Empty_bar_bleue  (40/160)
Loh Darl
Padawan Jedi
Mar 2 Avr - 0:16
Le service se passait bien malgré les craintes du jeune padawan qui avait envisagé de devoir ordonner l’éventuelle masse d’individus affamés. Les visiteurs faisaient preuve d’une parfaite auto-discipline, ils venaient chacun à leur tour et prenaient chacun leur part de riz. Tout était en ordre, mais l’ambiance n’était pas extrêmement chaleureuse. Les qualités relationnelles du padawan étaient plutôt modestes mais il s’astreignait au respect des règles élémentaires de politesse en saluant distinctement chaque individu venant chercher un bol de riz. Tous ne lui retournaient pas cette faveur, mais Loh ne s’en offusquait pas. Il ne recherchait en ce lieu aucune forme de gratitude particulière et comprenait aisément que la vie de ces personnes les avait parfois conduites à oublier certaines conventions sociales dont elles ne percevaient plus l’utilité.

Loh aurait aimé transmettre à ces individus davantage de chaleur, mais il n’avait pas l’aura de son maître. Pour avoir déjà été témoin de missions humanitaires, Loh enviait cette capacité, qu’il avait souvent observé chez ceux qui se livraient plus fréquemment à ce type d’action, à égayer davantage une assistance que la vie accablait chaque jour. Le mieux étant l’ennemi du bien, le jeune Kel Dor préféra toutefois continuer son service sans forcer sa nature profonde. Les bénéficiaires d’une forme de charité étaient rarement dupes, ils savaient que l’absolu générosité n’existait pas et n’accepteraient pleinement la bienveillance d’autrui que dans la mesure où ils auraient confiance. Agir contre sa nature, c’est-à-dire jouer un rôle, ne serait pas une bonne manière de faire car ces individus le percevraient et pourraient s’en offusquer. Une mauvaise prestation pourrait changer cet acte mêlant générosité et devoir en mauvaise opération de communication à la faveur d’un Ordre dont ces gens n’avaient en définitive pas grand-chose à faire.

Il s’en trouvait néanmoins quelques curieux parmi les infortunés, curieux de voir un Jedi assumer une telle mission. Ces gens vivaient si près du Temple mais avaient vu si peu de Jedi, illustrant parfaitement les regrets exprimés la veille par maître Dalonn. C’était une chose de ne pas avoir démasqué le Chancelier Valorum, c’en était une autre de ne même pas voir ce qui se passe devant sa porte chaque jour. L’aveuglement de l’Ordre ne se limitait apparemment pas aux grands bouleversements galactiques. A force de vouloir regarder loin devant, l’Ordre Jedi ne prêtait même plus attention à ce qui se passait sous ses yeux. Entre ce qu’ils n’avaient pas vu et ce qu’ils ne semblaient pas ou plus daigner voir, il n’était pas difficile de comprendre ceux qui remettaient en doute la clairvoyance des Jedi.

Comment ce simple service de quelques bols de riz de la part des Jedi pourrait réparer des torts aussi profonds, non seulement vis-à-vis de la population, mais aussi, et surtout, vis-à-vis d’eux-mêmes ? Les Jedi devaient reconquérir le cœur de la République mais, plus important encore, ils devaient se souvenir du sens de leur engagement. Quand l’Ordre se serait retrouvé lui-même, il pourrait alors, et avec davantage de force, prouver au monde qu’il était de nouveau capable d’apporter la Lumière. Mais quelle entreprise vertigineuse ! Pierre par pierre, il faudrait reconstruire une dignité perdue. Épreuve après épreuve, il faudrait être capable de montrer sa probité sans faille, ou en tout cas son désir d’agir pour le mieux en regardant ses erreurs en face.

La Force avait précisément placé une épreuve sur la route du jeune Loh Darl, une épreuve qui prit la forme d’une femme élégante et visiblement riche. Elle promenait un petit animal dodu que le jeune Jedi voyait pour la première fois. Le contraste entre cette humaine aux charmes évidents, en tout cas d’après la sidération provoquée dans l’assistance, et cette créature légèrement disgracieuse aurait presque amusé le padawan si toute cette scène n’augurait rien de mauvais. Les nantis ont toujours une approche particulière de la générosité puisque rien n’est parfaitement gratuit dans leur paradigme. Il n’était d’ailleurs pas toujours possible de leur donner fondamentalement tort car aucun être conscient ne pouvait raisonnablement entreprendre une action s’il n’en percevait aucune forme de rétribution. La différence est qu’un individu vénal recherchera un intérêt essentiellement matériel, qu’il  soit immédiat ou différé. Loh mentirait en prétendant ne rien espérer de cette distribution de nourriture, ne serait-ce qu’en raison de l’enjeu pour l’Ordre Jedi, mais il pouvait sans aucune honte résolument affirmer que le profit n’était pas personnel. Un riche citoyen de Coruscant ne verrait dans ce padawan distribuant de la nourriture qu’une vaine tentative pour redorer un blason terni. Si la plupart ne réagissait à cela que par la simple indifférence, d’autres pourraient tenter d’extérioriser leur mépris de diverses manières. Il aurait été possible d’essayer de convaincre les nécessiteux qu’ils étaient en train de se faire piéger, plaçant le padawan dans l’obligation de défendre son action, et par là-même de laisser penser que son action avait besoin d’être défendue.

Mais de toutes les éventuelles attaques auxquelles le Kel Dor s’était préparé, il ne pensait pas possible d’être témoin de celle-ci. En voyant cette femme approcher, il se doutait qu’elle demanderait à être servie et avait même anticipé une réaction. Il ne put toutefois la mettre en œuvre car l’un des sans-abris le devança en faisant état d’une finesse de nature à remettre en cause bien des idées reçues. Le geste était parfait, qu’il soit spontané ou calculé, Loh Darl ne pouvait qu’être admiratif envers cet homme qui avait offert son bol. Mais bien mal l’en eut pris car la réponse s’avéra aussi basse que son geste avait été noble. S’il était déjà hautement condamnable de venir manger le repas des pauvres, le donner à son animal de compagnie relevait d’une parfaite cruauté.

Nul doute que cette femme avait prémédité son geste, et Loh avait eu un mauvais présentiment dès le moment où, après qu’il eut remarqué l’animal, elle s’adressa à lui pour être servie. Mais elle ne pouvait pas avoir prévu qu’elle recevrait le bol d’un sans-abri tant l’acte était surprenant. Ce qui devait probablement avoir été planifié comme une ridiculisation de l’Ordre Jedi se transforma, du fait de cet imprévu, en littérale insulte contre une catégorie de personnes vulnérables. L’insulte était d’autant plus insupportable que l’une de ces personnes vulnérables venait de s’illustrer en donnant ce qu’il venait de recevoir alors qu’on aurait pu s’attendre à plus brutal de sa part.

Tout Jedi qu’il était, ou qu’il aspirait à devenir, Loh ne pouvait s’empêcher de ressentir un profond écœurement, à moins qu’il ne soit que le masque d’une juste mais condamnable colère. Comment réagir ? Il fallait être à la hauteur de cet homme qui était allé jusqu’à qualifier cette horrible femme de « princesse ». Non, il n’y avait aucune princesse ici. Il n’y avait qu’une méprisable personne promenant son animal, chacun étant visiblement du mauvais côté de la laisse.

Rien de ce que Loh pourrait dire ou faire ne serait de nature à susciter quelconque regret chez cette femme. La réaction du Kel Dor, car il devait y en avoir une, serait principalement à l’intention des autres démunis. Ces derniers devaient ressentir une indignation bien compréhensible et, à moins que le padawan ne parvienne à apaiser la situation, on pourrait assister à une issue catastrophique. Cette femme semblait en effet totalement inconsciente de sa situation, isolée qu’elle se trouvait au milieu des gens qu’elle méprise et insulte, et à qui il ne reste que cette dignité qu’elle cherchait manifestement à piétiner. Un déchainement de rage était parfaitement envisageable, mais si le moindre mal était fait à cette riche citoyenne, nul doute que les autorités interviendraient et il faudrait alors bien plus que la voix d’un simple padawan pour faire triompher l’équité. Mais s’agirait-il bien d’équité ? Aussi triste puisse être cette vérité, il existe des gens dont rien sinon la violence physique ne peut conduire à regretter une mauvaise action. Mais aucun système civilisé ne pouvait permettre cela, et à l’instant où cette femme se trouverait la cible de la vengeance de ceux qu’elle a humiliés, quand bien même pouvait-on en comprendre les ressorts, les victimes se changeraient en bourreaux.
Comme un tel dénouement était contraire à tous les principes auxquels étaient soumis Loh, et auxquels il croyait, il faudrait en trouver un autre : montrer que toute l’assistance était au-dessus de l’insulte. Cette femme devait être privée de toute audience, seulement de cette manière serait-elle contrainte à retourner se vautrer dans ce luxe qui avait fait d’elle ce qu’elle était. Le luxe était-il seul responsable ? Loh Darl ne condamnait pas la richesse en soi et, même s’il n’y aspirait pas, il pouvait comprendre en quoi elle était attrayante. Mais trop peu de gens, à son goût, étaient sensibles aux dangers que représentait l’opulence. Qu’est-ce qui pouvait motiver cette femme à humilier ceux qui n’avaient rien, à quel point avait-elle peur de leur condition, peur d’y être réduite un jour, pour les mépriser si viscéralement ? Si Loh en avait eu le temps, mais surtout l’envie, il aurait sondé l’esprit de cette femme sadique pour lui révéler la réalité de ses sentiments les plus enfouis. Mais toucher cette noirceur n’était pas sans danger, le padawan l’avait déjà expérimenté par le passé et s’était promis de ne plus user de l’empathie de Force à la légère. De plus, maître Dalonn avait expliqué les enjeux de la mission du jour : ce n’était pas le padawan qui était en formation mais l’individu. Loh devait principalement acquérir des compétences sociales, il devait apprendre à lire les individus sans les facilités que lui procuraient d’habitude sa sensibilité à la Force. Il n’était de toute façon pas nécessaire d’être Jedi pour deviner l’obscurité qui habitait l’âme de cette ploutocrate.

« Je plains l’animal de devoir accompagner chaque jour quelqu’un comme vous… » Loh regarda le cochon-globe apprécier son repas de bon cœur, complice d’un méfait dont il n’avait pas conscience. Impossible pour le padawan de se limiter à cette sortie, le fiel n’arrangerait rien à la situation. Il se concentra un instant sur le bol dans lequel il restait encore du riz et le fit léviter en direction de sa main, une action qui provoqua un silence à la fois sidéré et surpris, comme si certains dans l’assistance redécouvraient que c’était un Jedi qui les avait servis.

Le jeune padawan n’était pas de nature à utiliser les dons que lui conféraient la Force à tout-va, mais il savait que cette femme ne serait sensible à aucune forme d’argument ou de reproche. Elle agissait de la sorte car elle imaginait que sa puissance le lui autorisait et, de quelqu’un qui ne raisonnait manifestement qu’en terme de puissance, on ne pouvait rien obtenir. Il fallait donc opposer à la puissance qu’elle imaginait tirer de l’argent une autre puissance, une puissance qui lui serait à jamais inaccessible et qui devrait donc lui inspirer une forme d’humilité. Les pouvoirs que conféraient la Force fascinaient les non-sensitifs, au point de parfois leur faire peur. User de ses dons au risque de provoquer la peur n’était pas conforme à la voie des Jedi, et ce n’était pas dans ce but que Loh fit usage de télékinésie à la vue de tout ce monde. Ce mouvement légèrement théâtral, même si la capacité utilisée restait modeste par son ampleur, portait en réalité un message : il existe des forces supérieures qui nous échappent, et elles sont du côté de ceux que la puissance matérielle conduit souvent à ignorer ou mépriser.
En même temps qu’il agissait, Loh n’était pas absolument convaincu qu’il avait pris la bonne décision. Il prit la résolution d’en faire état à son maître en fin de journée afin qu’ils méditent ensemble sur cet usage de la Force. Cacher ses doutes semblait au padawan bien plus coupable qu’un usage injustifié de la Force, la pente empruntée serait particulièrement glissante si l’apprenti estimait pouvoir échapper par l’omission et le mensonge aux enseignements du maître.

Une fois que le bol à moitié plein du riz auquel se mélangeait encore la bave de l’animal se fut délicatement posé dans sa main, Loh le tendit à la riche citoyenne. « Vous vouliez du riz, on vous en a donné. Mangez-le, ou partez. »

Ce bol lui avait été gracieusement offert, quoi de plus naturel que de le lui retourner ? Il y avait tout à parier que la propriétaire du cochon-globe rechignerait à terminer le plat qu’elle avait abandonné à son animal, et il ne lui restait alors qu’une seule chose à faire. Dans son improvisation, et usage de la Force mis à part, Loh pensait avoir trouvé la bonne manière de renverser la situation : l’humiliation avait changé de camp et la réponse paraissait aussi proportionnée que possible, c’est-à-dire suffisamment ferme pour satisfaire les sans-abris mais sans excès pour ne pas contraindre la bourgeoise à une indésirable surenchère. Le padawan espérait maintenant ne pas découvrir pire encore, il espérait que ce triste épisode se termine simplement et que la porte de sortie qu’il avait ouverte soit empruntée sans heurt supplémentaire. Mais comment prévoir, au fond, la réaction d’un individu dont il comprenait si peu les fondements psychologiques ? Loh restait convaincu, sans doute un peu naïvement, que la bienveillance envers autrui restait l’état naturel des individus et que c’était la société qui les contraignait et les conditionnait à adopter des comportements contraires à cette nature. Mais qu’est-ce qui, au fond, poussait certains individus de leur état de simple indifférence vers l’acte malveillant ? Loh n’avait toujours pas de réponse très claire à cette question, et ce malgré son expérience auprès des forces de police à la faveur de laquelle il avait parfois été amené à côtoyer le pire. Très paradoxalement, il ressentait beaucoup plus de violence venant de cette riche citoyenne que de la plupart des meurtriers dont il avait favorisé la capture.

Administration

Messages : 199
Date d'inscription : 19/06/2018

Profil du personnage
Espèce: Aucune
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue1000/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (1000/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue100/100Sous mission Empty_bar_bleue  (100/100)
Administration
Administrateur
https://swus-rpg.forumactif.com
Mer 3 Avr - 17:00
La foule groupée autour du chariot de riz du Padawan Loh n'aidait pas à faire baisser la pression du moment. Mais même entouré ainsi, épié de toutes parts, le jeune Kel Dor fit preuve de tact dans sa réaction. Loin de céder à la panique, ou à un coup de sang qui aurait pourtant trouvé moult justifications ici, le Jedi se contenta d'abord d'une phrase, relativement amère tout de même. Ensuite, il éleva sa réponse à un rang bien plus mystique, démontrant d'un geste qu'il était bel et bien pourvu d'une grande connexion avec la Force. Bien entendu, pour un œil averti, le tour de passe-passe du jeune Consulaire n'avait rien d'extraordinaire. Mais aux yeux de tous les profanes présents, la télékinésie pouvait être perçue comme un don incroyable. D'ailleurs, d'un point de vue global sur la galaxie, il s'agissait effectivement d'une capacité exceptionnelle.

La riche bourgeoise face à Loh changea l'expression de son visage pour une mine dégoûtée et fortement méprisante. Elle dut même mettre sa main devant sa bouche et reculer son nez pour empêcher un soubresaut, proche du vomissement. La grande blonde tira par ailleurs un peu sur la laisse de son animal, qui ne comprit pas du tout ce qu'il se passait. Le cochon-globe couina alors très fortement, prit d'une panique soudaine avec tout ce monde autour, puis se gonfla soudain comme un ballon de baudruche. La femme en robe bleue satinée laissa échapper un cri de surprise, plutôt affolée elle aussi, finalement.

"Kiki ! Non ! Redescends ! Par la Force ! Faites quelque chose !"

Néanmoins, la seule réponse que la belle obtenue fût les railleries des sans-abris. Les joues rosies par la honte, elle reprit logiquement sa marche, d'un pas vif et contrarié, n'accordant pas un seul mot d'adieu à qui que ce soit, ni même un regard. La tension initialement présente dans la rue était enfin apaisée. Cependant, la journée de l'apprenti Jedi était loin d'être terminée. Si l'aube du matin venait de laisser place au zénith du midi, le chariot poussé par Loh Darl était encore à moitié plein. Le Maître Dalonn avait été clair sur ce point : cette mission se terminerait lorsque tout le riz serait distribué. Et il n'était pas question de gâcher la nourriture dans un caniveau dans l'optique de provoquer plus vite la fin de la dite tâche.

En cette fin d'Hiver, l'air demeurait frais, tandis que les rayons du zénith commençaient à réchauffer sérieusement l'atmosphère. A cette heure, le trafic au sol comme aérien était assez dense, et le fond de l'air sentait distinctement la pollution. Grâce à son masque respiratoire, Loh ne devait pas percevoir ce léger picotement permanent dans ses narines, provoqué par les nombreux gaz néfastes environnants. Même dans un quartier haut comme celui du Temple Jedi, certaines effluves pouvaient être perçue par les habitants. Il fallait voir en cela la signature d'un monde moderne, industrialisé, disposé à la surconsommation, ainsi qu'à la productivité à tout prix. La République, sous ses airs d'idéal démocratique, n'était pas si éloignée que ça des planètes polluées, tombées sous le joug de la CSI. Pire encore, le Sénat n'assumait pas cette situation, et le jeu des politiciens entretenait cette façade relativement hypocrite.

L'Ordre Jedi, malgré son nouveau statut moins investi dans la vie de la République Galactique, devait aussi pointer du doigt ces problèmes. A quoi bon se donner corps et âmes dans la protection des autres, si la finalité était la même que sur n'importe quel monde autocrate industrialisé? Pour l'heure, le Grand Maître Cadalo avait demandé au porte-parole de la confrérie, le Maître Ucklaik, de ne pas se montrer trop virulent sur ces sujets. Mais reprendre une position affirmée, au moins politiquement parlant, faisait bel et bien parti des plans du Conseil. Si les effectifs Jedi ne leur permettaient plus de se battre ouvertement contre leurs rivaux, ils le feraient sur le plan des idées, beaucoup plus sagement qu'autrefois au final. Peut-être même qu'un jour, Loh serait amené à porter la voix de l'Ordre à travers la galaxie. En tant que Consulaire, il pouvait y être prédestiné, bien plus qu'un Gardien ou qu'une Sentinelle, pour sûr.

Néanmoins, le Padawan n'en était pas là. Si de bons espoirs, fondés, résidaient en lui, il n'avait clairement pas encore le niveau d'un Chevalier, et encore moins celui d'un Maître. Conscient de son statut, l'apprenti Jedi ne fanfaronnait d'ailleurs pas le moins du monde. Voilà une attitude généralement appréciée des autres défenseurs de la lumière. Malheureusement, cette attitude quasiment irréprochable n'était visiblement pas suffisante aux yeux de certaines personnes extérieures à l'Ordre. En effet, alors que Loh Darl s'évertuait à sa tâche consciencieusement, il fût confronté ce coup-ci à un tout autre profil de citoyen Coruscanti. Un enfant apparemment désœuvré, d'une dizaine d'années seulement, lui faisait signe à quelques pas de là.

"Monsieur le Jedi ! J'ai faim !"

S'exclama le gamin crasseux en s'approchant, mordillant deux doigts dans sa bouche. Évidemment, le Padawan ne pouvait refuser d'aider le petit Humain. Un bol lui fût offert, puis l'enfant afficha un sourire, révélant ses incisives manquantes et le reste de ses dents cariées. En un éclair, il disparu au détour d'une rue, tout content de sa prise. L'instant d'après, le gosse réapparu sur les épaules d'un Balosar, accompagné de quelques autres personnes, toutes parées d'une crête noire sur la tête. Le Balosar à la tête de ce petit groupe de cinq-six personnes, lui, avait le crâne entièrement rasé, tatoué de divers mots mal orthographiés, tels que "chaos", "révolution" et "drogue". Il ne devait pas avoir plus de trente ans, mais il en paraissait quasiment dix de plus. Certains de ses amis buvaient de la bière bon marché vendue en canettes, et d'autres fumaient des herbes illicites, sans s'inquiéter du délit qu'ils étaient en train de commettre.

"Eh ! 'Y paraît qu'tu distribues d'la bouffe gratos !"

S'exprima d'une voix nasillarde le proche-Humain, une grimace insidieuse sur le visage. De plus près, Loh put remarquer que ce drôle de personnage n'avait pas de sourcils, ceux-ci ayant été remplacés par des mots plutôt grossiers dessinés à l'encre noire. Avant que le Jedi ne puisse répondre, la bande de marginaux l'encercla silencieusement. Enfin, presque silencieusement, si on écartait les bruits émis par les canettes de bière balancées par terre, parfois même aux pieds du Kel Dor. Ce dernier s'apprêtait probablement à ouvrir l'étuve pour reprendre son service, mais son geste fût coupé par une autre phrase du Balosar nasillard :

"T'fatigue pas, Jedi, on va s'servir nous-mêmes, comme des grands..."

Les yeux de l'enfant, toujours campé sur les épaules de l'homme au crâne rasé, pétillèrent de malice. Simultanément, deux des membres de la bande posèrent leurs mains cornées sur le chariot, démontrant clairement leurs intentions. Ils n'étaient donc pas venus pour être servis gracieusement, mais pour s'emparer du chariot tout entier ! Le Pdawan Consulaire disposait à nouveau de plusieurs choix ici. Cette fois par contre, personne dans la rue ne semblait prompt à lui prêter assistance. Quoi que Loh entreprenne afin d'éviter un drame, il devrait le faire seul.

[HRP : je t'envoie par MP (ou Discord) la marche à suivre (lancers de dés, etc...) pour articuler ta réponse.]

Auteur:

Loh Darl

Messages : 108
Date d'inscription : 10/07/2018

Profil du personnage
Espèce: Kel Dor
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue40/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (40/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue40/160Sous mission Empty_bar_bleue  (40/160)
Loh Darl
Padawan Jedi
Lun 8 Avr - 16:07
Le bol tendu par le padawan n’inspira à l’auteure de l’offense au groupe de sans-abris qu’un profond dégoût, et c’était bien là, du moins en partie, l’objectif de la manœuvre. Elle ne s’était visiblement pas attendue à ce dénouement, même ce pauvre cochon-globe se fit acteur involontaire de ce triste épisode en gonflant de façon surprenante. La pauvre femme en vint à laisser échapper un appel à l’aide qui se noya dans les rires de ceux qu’elle avait tenté d’humilier. Loh ne prenait pas grand plaisir à être le témoin de cette chute, il était même légèrement embarrassé d’être à l’origine de la honte ressentie par cette femme, mais sans doute était-ce là une forme de justice. C’est en tout cas ce dont il tenta de se convaincre en silence.

Une fois l’animal calmé, la propriétaire s’en alla non sans gratifier l’assistance d’une ultime forme de mépris. Personne ne s’attendait raisonnablement à quelconque témoignage de repentance et ce départ outré était la meilleure conclusion possible. Sans exagérer la portée de ce qui venait de se passer, Loh se félicita intérieurement d’avoir réussi à défendre l’honneur des sans-abris. Il espérait même que l’Ordre Jedi, ici représenté par un modeste padawan de 15 ans, y gagnerait quelque estime dans leurs cœurs. Cette expérience avait en tous cas rapproché les individus et tandis qu’il continuait à servir le riz aux nouveaux arrivants, le jeune Kel Dor se surprit à être de plus en plus à l’aise. C’était comme si se battre pour les sans-abris, car bataille il y avait eu, avait accru chez lui un sentiment de légitimité à se trouver en leur compagnie.

La poursuite de cette journée de labeur se mesurait à la température qui grimpait et au chariot qui se vidait. Le bouche à oreille fonctionnait plutôt bien mais la nature du service accompli ne permettait pas réellement de s’en réjouir. Dans un monde idéal, personne n’aurait besoin de recevoir un bol de riz gratuit comme seul repas quotidien. Ainsi le succès quantitatif de ce type d’entreprise était paradoxalement la marque d’un échec, l’échec de tout un système à éradiquer la misère. La répétition des gestes permettait au padawan de réfléchir, d’appréhender tout le paradoxe de la situation en se disant même que peu phénomènes sociaux échappaient aux paradoxes. Mais si le monde ne se s’expliquait qu’au travers de formules, sa compréhension en perdrait toute saveur. Le scientifique considèrerait probablement le paradoxe comme un élément du problème quand on pourrait renverser les choses en appréhendant le paradoxe comme une manière d’éclairer la solution. Lecteur régulier des émotions, Loh avait pu constater par lui-même que le fonctionnement de l’esprit échappait très souvent aux premières conclusions de la logique et qu’il n’était pas rare de voir émerger de plus grandes choses des forces apparemment contraires. La puissance du paradoxe tenait donc en réalité aux progrès que l’on tirait du fait de l’avoir surmonté, il ne fallait ainsi jamais considérer le paradoxe comme la fin mais bien comme le début. Mais la fin et le début de quoi ? Loh aurait peut-être pu trouver des éléments de réponse à cette question, mais il fut rappelé à son devoir par un enfant qui réclamait sa part.

Si les sans-abris adultes avaient déjà permis au padawan de mesurer la chance qu’il avait dans sa vie, la vue de cet enfant qui partageait leur misère décupla ce sentiment. Oh bien sûr, quel cliché de s’attendrir sur le dénuement d’un enfant…
Tant de clichés sont créés, et souvent dénoncés, pour nous empêcher d’être sensibles à nous-mêmes. Dès lors que le label « cliché » était posé sur quelque chose, on se trouvait contraint, pour ne pas se noyer dans la masse de ceux qui ne réfléchiraient plus, à s’en éloigner absolument. Loh ne s’y laissa pas prendre et ne chercha donc pas à étouffer sa tristesse de voir quelqu’un de si jeune déjà maltraité par la vie. Le padawan n’en était pas moins soucieux de tirer le meilleur parti de son expérience en dehors du Temple, chaque observation pouvait ainsi, et même devait, être aussi l’occasion d’apprendre quelque chose par-delà les sentiments qu’elles pouvaient provoquer. En quoi la misère d’un enfant était-elle censée susciter davantage de compassion que la misère d’un adulte ? L’erreur consistait sans doute à vouloir quantifier la misère, car la quantification menait immanquablement à la comparaison ce qui permettait éventuellement de sélectionner ceux qu’on devait aider. La sélection pouvait être rendue nécessaire par la quantité limitée des ressources à distribuer, symbolisée en ce jour par un chariot plein de riz. Loh en donna un à l’enfant qui, manifestement heureux, s’en alla victorieux dans les ruelles adjacentes. Une simple réponse à des questions compliquées. Les mots du maître Dalonn résonnèrent à nouveau : il ne s’agissait pas de résoudre tous les problèmes en une journée, simplement de nourrir quelques personnes qui ont faim. Loh pensait que la sagesse consistait à se poser beaucoup de questions et à être capable d’y répondre. Sa leçon du jour lui permettait de comprendre que, souvent, la sagesse consiste à se taire et à agir.

A l’issue de cette courte leçon auto-dispensée, le padawan reprit son service sans trop s’appesantir sur le sort de cet enfant. C’est au contraire l’enfant qui se rappela au jeune Kel Dor puisque ce dernier réapparut à dos de Balosar et en bien menaçante compagnie. Celui qui devait être le meneur de la bande s’approcha du padawan, offrant à ce dernier les détails d’une apparence bien peu avenante. La nouvelle de la distribution gratuite de nourriture était parvenue à ses oreilles, assurément de la bouche de l’enfant qui se trouvait maintenant au sommet de cette petite mêlée. Le ton employé mit le padawan mal à l’aise, rien dans cette situation n’augurait quoi que ce soit de bon, à part peut-être le riz car cela commençait à faire beaucoup de gens qui en réclamaient sans en avoir visiblement besoin. Mais les apparences pouvaient être trompeuses, et pourquoi ne pas servir à ces messieurs un bol chacun. Quelques bols de riz ne seraient finalement qu’un bien maigre tribut pour obtenir la tranquillité à laquelle le padawan aspirait afin de retourner à sa mission. Mais alors qu’il s’apprêtait à servir le premier bol, l’un des malfrats coupa son élan d’une réplique à l’ironie propre aux raquetteurs. Quelques bols de riz n’y suffiraient donc pas, contrairement au chariot.

Voilà une situation bien différente de la précédente qui appelait une réaction d’une toute autre nature. La menace n’était pas symbolique ici, comme elle avait pu l’être avec la bourgeoise et son animal, elle était bien physique. Ces individus voulaient tout simplement voler le chariot plein de riz et il fallait trouver une manière de le défendre sans verser dans la confrontation. Le padawan n’était pas certain de triompher de ces malfrats car le combat n’était pas sa spécialité et, quand bien même ferait-il usage du sabre laser qu’il portait constamment à sa ceinture, aucun chariot de riz ne valait un bras tranché. Les sans-abris, dans leur prudence, s’étaient mis en retrait. Il aurait été de toute manière déraisonnable d’attendre d’eux qu’ils s’interposent car ce n’était pas leur rôle et ils devaient, tout comme le padawan, songer à leur propre sécurité. Après tout, si ce chariot disparaissait, l’Ordre pourvoirait à son remplacement et il n’était pas nécessaire de se livrer à un quelconque déchaînement de violence.

La première défense du padawan était son calme apparent, une nouvelle faveur de son masque respirateur au travers duquel il était impossible de lire ses sentiments. Le Kel Dor se concentra donc sur sa respiration, seule marque extérieure susceptible de trahir son inquiétude. Désormais dans l’impossibilité de servir du riz, le padawan balaya les différents individus du regard pour se donner du temps et réfléchir à la situation. La théâtralité de leur geste, les répliques et leur nombre montrait que les membres de la bande testaient la réaction du Jedi. S’ils n’avaient absolument aucune crainte de s’emparer du chariot, ils l’auraient fait sans autre forme de procès.

Ce n’était pas la seule chose qui piquait la curiosité du padawan. Pourquoi l’enfant avait-il demandé un bol avant de ramener ses protecteurs ? S’il s’agissait de tester la gratuité du service, cela pouvait se vérifier aisément sans demander une part. Il était de même curieux de vouloir s’emparer d’un chariot plein de riz, un bien d’une faible valeur marchande. Difficile de croire que la bande avait simplement une petite fringale, difficile de croire encore qu’elle espérait distribuer le riz elle-même aux sans-abris à l’image de ces mafieux soucieux de se faire bien voir de ceux qu’ils oppriment.

Loh n’était jamais allé sur la planète Balosar, mais il n’était pas rare d’en croiser les natifs sur d’autres mondes, et plus particulièrement dans les milieux criminels. Le padawan le savait pour en avoir vu un certain nombre dans le cadre des enquêtes policières auxquelles il avait assisté. Il connaissait ainsi suffisamment les Balosars pour savoir qu’ils étaient rarement les cerveaux des opérations dans lesquelles ils trempaient. Cela rendait la présence de l’enfant encore plus étrange, était-il le meneur de cette bande ? Difficile à croire… mais sa présence demeurait curieuse à bien des égards. On pouvait imaginer l’intérêt de compter un enfant dans une bande de voyous pour jouer, par exemple, le rôle d’un appât à riches promeneurs compatissants. Mais l’enfant n’avait pas tenu ce rôle en demandant un bol de riz, il avait vérifié quelque chose sans que le padawan parvienne à savoir quoi. Si le jeune humain n’était pas le meneur, Loh pressentait que les Balosars agissaient au moins dans son intérêt.

Le padawan, sentant que l’enfant tenait un rôle essentiel dans ce groupe, entreprit de comprendre ses motivations car il paraissait impossible d’avoir la bonne réaction sans connaître les ressorts profonds des agissements de ses agresseurs. Le temps manquait pour une psychanalyse approfondie, et quand bien même le maître Dalonn voulait que Loh évite d’avoir recours à ses dons, il fallait sonder les émotions du jeune garçon. Le Kel Dor reporta ainsi son attention vers le petit humain qui chevauchait le Balosar patibulaire tandis que les autres commençaient à prendre leurs aises avec le chariot. Lire les émotions d’autrui via l’empathie supposait de bien savoir faire le tri avec les siennes, un art que Loh maîtrisait bien plus que le sabre laser. Le padawan parvenait à atteindre l’état émotionnel propice à une bonne lecture plus rapidement que la moyenne car il avait compris, notamment grâce aux enseignements de son maître, qu’il n’était pas nécessaire de se vider de ses émotions. Faire le tri était certes plus simple dans le cas d’un esprit totalement vierge, cela n’était toutefois vraiment possible qu’après une méditation de quelques minutes. Mais faire le vide n’était pas nécessaire car avoir conscience de ses propres émotions en sondant celle des autres suffisait pour ne pas confondre. La technique nécessitait davantage de pratique, mais Loh y était rompu même s’il avait décidé d’en faire moins usage.

Ouvrant son esprit aux émotions de sa cible, qui commençait à montrer des signes de curiosité face à l’insistance du Jedi en face de lui, Loh Darl se mit à ressentir une anxiété qui n’était pas la sienne. Le jeune garçon, contrairement à ce que laissait paraître ses expressions, n’était pas parfaitement à l’aise avec ce qui était en train de se passer. Il ressentait en toile de fond une forme de peur, celle de représailles des Jedi qu’il connaissait assez peu pour en redouter la vengeance. Mais là où cette crainte dissuaderait bien du monde, le jeune garçon trouvait en lui la force d’agir malgré tout. Loh creusa du côté de ce sentiment-là, qu’est-ce qui pouvait motiver un larcin si futile, qu’est-ce qui pouvait valoir qu’on risque de s’en prendre à un Jedi ? L’espoir d’accomplir sa mission. Loh ne ressentait ni de la simple satisfaction, ni l’excitation que provoque le succès probable d’une mauvaise entreprise dans l’esprit du jeune garçon, mais l’espoir de pouvoir aider d’autres personnes.

Il n’était pas possible de creuser davantage, le temps manquait et le jeune garçon n’était pas particulièrement dans une dynamique d’ouverture. Mais Loh en savait suffisamment, il avait compris que ce vol avait un but. Or, là où il y a un but, il y a capacité à raisonner.
Cette découverte devait être exploitée d’une manière ou d’une autre. Dire au jeune garçon que son objectif avait été percé à jour pouvait être une solution. Elle aurait le mérite de lui montrer qu’il s’en prenait à quelqu’un de différent qui, au-delà de justifier les précautions qu’il semblait prendre dans son agression, avait sans doute la capacité de comprendre au-delà des apparences. Cette révélation donnerait probablement un plus grand écho à un éventuel discours moralisateur.

Dissuader ce groupe de malfrats, dont les méthodes étaient apparemment plus condamnables que les objectifs, pourrait passer par une mise en perspective de l’acte qu’ils étaient en train de commettre. En prenant le chariot, ce groupe privait le plus grand nombre du bénéfice de la nourriture. Leur noble objectif, s’il était ainsi perçu, en serait irrémédiablement souillé. De simples voleurs ne porteraient sans doute aucun crédit au coût moral de leur action, mais le padawan voulait faire le pari que ce groupe était différent.

« Ce n’est pas ainsi que vous les aiderez… La phrase était volontairement courte et mystérieuse. Loh était contraint de rester vague et espérait ainsi que son auditoire imagine qu’il en savait davantage. La situation présentait en effet encore bien des inconnues que le padawan n’avait pas le temps de résoudre. Il fallait subtilement alterner entre un peu de mystique et un peu de menace car il n’était pas possible de savoir à quel discours les Balosars et leur mascotte, ou chef, seraient le plus sensibles. Le contenu de ce chariot est destiné à tous ceux qui en ont besoin. Si vous en connaissez, amenez-les et nous partagerons. Il est inutile de priver qui que ce soit par peur du manque. L’usage du « nous » était volontaire, il s’agissait de montrer que ce n’était pas une simple histoire entre un Jedi qui promenait un chariot de riz et des malfrats qui voulaient s’en emparer. Le Jedi accomplissait une mission, lui aussi agissait en vue d’aider d’autres personnes et les actes de ce groupe l’en empêchaient. Ainsi le Jedi et les malfrats, s’ils cherchaient bien à aider d’autres personnes en volant la nourriture, se trouvaient dans une situation très comparable. Loh marqua une pause, adressa un regard à l’enfant, et reprit dans l’espoir d’être entendu. Aucune nourriture volée de la bouche de ceux qui ont faim ne peut vraiment rassasier quiconque. Aurez-vous le courage de dire à ceux à qui vous destinez cette nourriture d’où elle vient, et surtout qui a dû en être privé ? »

Il n’y avait plus qu’à espérer sensibiliser son auditoire au fait qu’il n’était pas en train de voler un Jedi, mais les sans-abris qui partageaient probablement le sort des personnes que l’enfant voulait aider.
Bien sûr, les malfrats et l’enfant qu’ils assistaient, ou dont ils suivaient les instructions, pouvaient avoir connu suffisamment de misère pour décider d’outrepasser l’immoralité de leur action, considérer quelque part que la faim justifiait les moyens. Mais cela ne devait pas empêcher le padawan d’épuiser ce recours, ce qui lui permettrait d’envisager des solutions d’une autre nature en cas d’échec.


Lancé de dé:

Administration

Messages : 199
Date d'inscription : 19/06/2018

Profil du personnage
Espèce: Aucune
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue1000/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (1000/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue100/100Sous mission Empty_bar_bleue  (100/100)
Administration
Administrateur
https://swus-rpg.forumactif.com
Ven 12 Avr - 14:55
"Ce n’est pas ainsi que vous les aiderez…"

Les marginaux se regardèrent, dubitatifs. Seul le regard étincelant de l'enfant demeurait fixé sur le Jedi Kel Dor. Les sourcils froncés, le petit Humain se gratta le menton en grimaçant. Le doute était perceptible sur son joli visage. Alors, Loh Darl ne s'arrêta pas là, voyant bien que sa première phrase avait réussi à atteindre au moins une personne importante au sein de la bande de malfrats face à lui.

"Le contenu de ce chariot est destiné à tous ceux qui en ont besoin. Si vous en connaissez, amenez-les et nous partagerons. Il est inutile de priver qui que ce soit par peur du manque."

La pertinence de ces mots était forte. Néanmoins, là où le Padawan avait ressenti une corde sensible, il ignorait l'ensemble des pensées de ses interlocuteurs. Certains avaient suffisamment vécu dans cet univers pour savoir que le partage absolu, juste et sans condition, n'était qu'une utopie enduite de naïveté. Enfin, la plupart des voleurs ne pouvait pas se permettre de s'attaquer aux plus riches, redoutant les difficultés, ou même la répression potentiellement subite en retour. La réalité faisait que les pauvres volaient les autres pauvres, et de temps en temps, seulement, leurs larcins se tournaient vers les classes supérieures, selon les "opportunités".

Mais l'apprenti de Krey Dalonn, poussé par la pression de la situation, n'avait pu y réfléchir. Sans doute trop souvent protégé par les murs du Temple Jedi, le jeune alien au masque respiratoire manquait de recul et d'expérience. Il était là pour ça, d'ailleurs, afin d'engranger des expériences de vie. Le punk à la grande crête noire reporta son attention sur le représentant du côté lumineux de la Force, lorsque ce dernier lâcha deux autres phrases visant à atteindre la morale de son auditoire :

"Aucune nourriture volée de la bouche de ceux qui ont faim ne peut vraiment rassasier quiconque. Aurez-vous le courage de dire à ceux à qui vous destinez cette nourriture d’où elle vient, et surtout qui a dû en être privé ?"

Comme pour ponctuer cette intervention, le Balosar ria à gorge déployée d'un son sinistre, rappelant le croassement des corbeaux. L'enfant sur ses épaules regagna instantanément de l'aplomb, son œil redevenant en une seconde plus vif et malicieux que jamais. Loh devait se douter à présent que son petit discours, bien que plutôt habile, ne suffirait pas à dissuader les marginaux de commettre un énième délit. La parole ne pouvait apaiser ces esprits, violemment torturés, en silence, par la société depuis des années.

"Les prières et les sermons t'ont monté à la tête, Jedi ! Tu f'rais mieux d'retourner dans ton joli p'tit temple bien tranquille. La rue n'est clair'ment pas faite pour toi !"

Le punk claqua dans ses doigts, activant d'un coup ses alliés tout autour. Deux d'entre eux, plutôt costauds, posèrent leurs mains sur les épaules de Loh, lui signalant qu'il valait mieux pour lui qu'il ne réagisse pas à ce qui allait se dérouler sous ses yeux. Les autres, raillant sans retenue le Padawan "sans défense", commencèrent à s'emparer su chariot, le poussant déjà en direction, probablement, de leur repère. L'enfant se décida à ouvrir la bouche pendant que ses compagnons déménageaient l'engin :

"Désolé, mais on a pas le choix. Et puis... Tu dois bien en avoir d'autres, des chariots, de toutes façons."

Loh Darl, quant à lui, avait plusieurs choix : agir tout de suite, ou aller chercher du renfort auprès de son maître. Ces options, l'une comme l'autre, ne comportaient aucun schéma parfaitement idéal, bien sûr. Neutraliser ces bandits tout de suite, sans ménagement, montrerait aux gens du quartier que l'Ordre Jedi était capable de défendre honorablement les causes pour lesquelles il s'engageait. Cependant, le Kel Dor risquait d'encaisser des coups violents, même en cas de réussite. Le second choix, quant à lui, nuirait davantage à l'image locale de l'Ordre. L'abandon du Jedi, avec le désavantage du nombre certes, démontrerait qu'un membre de l'Ordre n'était même pas capable de se faire respecter à seulement deux rues du temple. Mais revenir en compagnie d'un défenseur de la lumière plus expérimenté permettrait assurément de récupérer le chariot...

Auteur:

Loh Darl

Messages : 108
Date d'inscription : 10/07/2018

Profil du personnage
Espèce: Kel Dor
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue40/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (40/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue40/160Sous mission Empty_bar_bleue  (40/160)
Loh Darl
Padawan Jedi
Lun 15 Avr - 13:07
Le rire tonitruant sonna l’échec du padawan et, peut-être, le glas de toute issue pacifique à cette épineuse situation. Le jeune Kel Dor en était naturellement déconcerté. Quand bien même avait-il côtoyé des personnes peu recommandables dans son passé auprès d’enquêteurs de la police de Coruscant, il était toujours triste pour lui de constater l’impuissance des mots. Il est vrai qu’au cours des enquêtes auxquelles il avait participé, ce n’est pas tant son sens du verbe que sa perception des émotions d’autrui qui avait été mise à contribution. Mais l’expérience du jour conduisait le padawan à douter même de sa compétence en matière d’empathie tant il semblait s’être trompé. Le rire, en effet, n’avait pas été que la marque de l’échec de l’apprenti, il avait aussi provoqué un malheureux revirement dans l’expression de l’enfant qui semblait guider le groupe. C’était là sans doute le plus triste dans ce qui venait de se passer. Alors que l’enfant avait semblé sensible aux mots du padawan qui devaient faire écho dans son esprit au point de le faire douter du bien fondé de son larcin, le rire de sa monture acheva visiblement de le convaincre que la force suffirait pour obtenir ce qu’il désirait. En d’autres termes, l’enfant avait délibérément choisi la mauvaise voie par facilité. Tout ceci se voyait au retour de son expression malicieuse, aggravée par la confiance que lui donnait son sentiment de puissance.

Le Balosar accompagna son mépris d’une réplique cinglante et un brin paternaliste, mais comment l’en blâmer dans la mesure où le padawan avait sans doute commis la même erreur quelques secondes auparavant. De son parler bien particulier, le Balosar disait parfois des choses tristement exactes. Loh Darl faisait figure de privilégié, c’était incontestable. Il avait grandi dans les murs protecteurs du Temple Jedi où il avait été nourri, éduqué et protégé. Comment pourrait-il comprendre, dès lors, que des individus se livrent à d’aussi vils délits consistant à s’en prendre aux plus faibles ? Il avait devant lui ce que la société sécrétait de misère et de violence ordinaire, celle dont on s’accommodait depuis les niveaux supérieurs de Coruscant. Mais est-ce que peser le coût moral d’une action était nécessairement le privilège de ceux qui n’avaient jamais souffert du manque ?

Cette question était infiniment complexe car elle supposait d’abord que la morale faisait l’objet d’une appréciation objective universelle. Or, même si cela pouvait être regrettable, la morale était à géométrie variable. Dans le cas contraire, qui pourrait prétendre posséder l’étalon le plus juste ? La philosophie Jedi réprouvait toute forme de domination, notamment celle qui résulterait de l’imposition d’un ordre moral particulier. Toutefois, renoncer à défendre ce que l’on croyait juste à cause de ce relativisme forcé ne semblait pas davantage compatible avec les préceptes de l’Ordre.

Si ce groupe de Balosars avait éventuellement un sens moral, il était largement rendu atone par la marginalisation dans laquelle il se trouvait, et sans doute par le dénuement. Quelle pouvait être en effet la force de l’argumentation du padawan face à des individus qui devaient lutter chaque jour pour vivre, ou même survivre ? C’était d’ailleurs un autre point que le Balosar avait justement soulevé, à sa manière : le padawan ne venait pas de la rue et ignorait largement les règles, et surtout l’absence de règle, qui y régnait. C’est pourquoi l’apprenti consulaire avait tenté de jouer la corde de l’empathie, une autre musique à laquelle ce groupe s’était montré totalement sourd. Mais il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. En d’autres termes, ces Balosars avaient bien un sens moral, mais ils avaient décidé d’en ignorer les commandements car la dureté de leur vie leur en aurait donné le droit.
Mais ce n’était absolument pas une fatalité, et le padawan en avait été témoin le matin même lorsqu’un individu sans le sou avait offert son bol de riz à une personne riche. Les bien-pensants auraient sans doute déployé tous leurs bons sentiments pour défendre n’importe quel sans-abri qui aurait agressé cette femme, mais ces derniers avaient démontré que même privé de tout, on pouvait encore offrir et par là rester digne.

Les Balosars, guidés par un enfant, et sans doute était-ce là une partie du problème, se trouvaient à des années lumières de cette noble attitude. Comment dès lors éprouver davantage de compassion pour le sens de leur action ? Loh trouvait cela extrêmement difficile tant le contraste était saisissant. Mais qui des Balosars et des sans-abris étaient le plus en accord avec la réalité ? Impossible pour le jeune Kel Dor de répondre à cette question, il ne pouvait s’en remettre qu’à la réalité des faits qui se déroulaient devant lui. Quelles que pouvaient être les raisons de ce vol, et même s’il s’agissait de nourrir d’hypothétiques autres enfants affamés, il ne paraissait pas acceptable de simplement obtempérer. Ce serait cautionner la profonde lâcheté de ce groupe qui, quelle que soit l’éventuelle cause supérieure qu’il pensait servir, n’en était pas moins en train de voler des individus qui n’avaient pas moins besoin qu’eux de cette nourriture. Si telles étaient les règles de la rue, l’Ordre devrait probablement s’y aventurer plus fréquemment puisque le reste des institutions semblaient avoir abandonné.

Loh ne voulait pas croire qu’il était simplement en train d’appliquer des sermons naïfs. Au nom de quoi la morale devait-elle systématiquement plier le genou face aux défaillances de l’ordre social ? Au nom de quoi fallait-il accepter le vol lorsque l’auteur était quelqu’un de démuni, et à plus forte raison lorsque sa victime était encore plus démunie que lui ? On ne pouvait pas accepter que les défaillances d’une société, comme l’émergence d’une misère qui ne devrait idéalement pas exister, justifie que les victimes de cette défaillance s’affranchissent des règles communes les plus élémentaires. Ceux qui tolèreraient cela se trouverait au sommet d’une pente glissante, la défaillance d’une société légitimerait encore plus de défaillance et, parce que la perfection n’est pas atteinte, ou n’est pas atteignable, autant renoncer à la société elle-même. Il s’en trouverait toujours pour expliquer que le problème était ailleurs, notamment dans les termes du pacte social. Effectivement, il n’y aurait pas de vol sans propriété. Mais qui était légitime pour changer le pacte ? Certainement pas ce groupe de Balosars. Ni notre jeune Kel Dor qui devait, dans l’immédiat, résoudre une situation plus simple moralement. Il n’avait en effet pas affaire à des héros qui volaient des riches pour donner aux pauvres, mais à des lâches qui volaient des pauvres pour donner à leurs amis.

Leurs manières étaient mafieuses à tous égards, joignant le geste à leur parler des plus vulgaires. Deux des leurs se permirent ainsi d’immobiliser le padawan avec la force de leur courage tandis que deux autres s’approchaient du chariot de riz pour s’en emparer.

C’est alors que l’enfant s’exprima. Lui qui avait regagné toute sa confiance quand le leader apparent de la bande s’était moqué du padawan semblait maintenant exprimer une forme de regret, non sans le ponctuer de justification. Il prétendait ainsi ne pas avoir le choix et excusait presque le vol du riz par le fait qu’il y en avait encore beaucoup ailleurs et qu’il suffisait au padawan d’aller le chercher pour continuer sa mission. Loh ne demandait qu’à connaître la raison de cette supposée fatalité, mais tout échange constructif semblait purement banni.

L’enfant disait d’ailleurs vrai. L’Ordre n’était pas en manque de riz et de chariots pour le transporter, mais cela ne constituait pas une excuse valable, d’autant que le padawan n’avait refusé le riz à aucun membre de la bande et s’était dit parfaitement disposé à aider leurs mystérieux amis. En d’autres termes, le jeune Kel Dor considérait que, contrairement à ce que prétendait l’enfant, les Balosars avaient le choix et qu’ils avaient choisi la facilité simplement parce qu’ils étaient persuadés qu’ils avaient la force d’imposer ce choix.

Le chariot n’était plus l’enjeu de cette confrontation, il s’agissait de savoir quels principes étaient les plus forts. Le padawan ne proposait pas de mettre fin à la misère, car cela n’était pas possible, encore moins à son échelle. Mais cette misère ne devait pas autoriser ceux qui en souffrent à s’affranchir des règles morales élémentaires en prenant ce qu’ils pouvaient prendre à autrui, et, pire encore, à ceux qui se trouvent dans une misère encore plus grande. Et si le padawan se laissait convaincre par l’argument de l’enfant, rien n’empêcherait le petit groupe de répéter son méfait le lendemain en se justifiant de la même manière.

Résolu mais toujours immobilisé par les deux acolytes, Loh prit le temps de répondre à l’enfant tandis que le chariot commençait à s’éloigner.

« Vous êtes dévoués à vos amis autant que je le suis à tous ces gens. C’est pourquoi je ne peux pas accepter de vous regarder les voler sans rien faire. »

Une fois ces mots prononcés, les intentions de l’apprenti Jedi étaient claires. Il allait résister à cette bande de voyous pour la dignité de ceux qu’ils étaient en train de voler, et pour la dignité de l’Ordre Jedi dont il demeurait l’unique représentant ici. C’était prendre le risque de porter préjudice à ceux pour lesquels les Balosars devaient agir, mais ces derniers avaient refusé d’en dire davantage à ce sujet. Le padawan ne pouvait ainsi pas renoncer au chariot sans la conviction que cela était nécessaire. Le plus important était ainsi de réprimer la méthode. Quand cette bande ne serait plus aussi convaincue de sa force, sans doute serait-elle plus encline à exposer les causes de son larcin.

Le jeune Kel Dor répugnait à faire usage de la contrainte car il voulait croire, en son for intérieur, que tout le monde pouvait être convaincu par la raison. La réalité était malheureusement toute autre. Dans toute sa cruauté, elle révélait au padawan que tant qu’un individu était persuadé de pouvoir obtenir ce qu’il voulait par la force, il ne serait ouvert à aucune autre voie. Pourquoi fallait-il ainsi constamment avoir le sentiment de trahir ses enseignements pour leur donner la moindre chance de prévaloir ?

La confrontation physique n’était pas le propre des consulaires, mais tout Jedi recevait les enseignements martiaux de base qui devaient permettre de résister aux assauts des petites frappes des rues de Coruscant. Le Kel Dor était en infériorité numérique et il n’était pas impossible que ces individus soient armés. Il faudrait donc en neutraliser le plus possible en une seule fois. La priorité était de se libérer de l’étreinte des deux membres de la bande derrière lui. Ces deux individus étaient certes menaçants, mais ils pouvaient également être les armes du padawan dans son affrontement.

Sans laisser le temps aux Balosars de planifier la neutralisation du padawan, ce dernier trouva en lui l’énergie nécessaire pour soulever ses deux agresseurs du sol. Trop surpris pour maintenir leur étreinte, les deux voyous n’eurent pas l’occasion de se préparer à ce qui allait leur arriver. Le Kel Dor déploya les mains en direction des deux Balosars qui embarquaient le chariot, accompagnant de ce geste la projection sur eux de leurs malheureux camarades. Le lancer s’avéra suffisamment puissant pour sonner trois membres de la bande, mais ce fut au détriment de la précision car le chariot s’en trouva endommagé.

Cette manifestation de force inquiéta suffisamment les voyous pour faire fuir deux d’entre eux, non sans les menaces de représailles de leur chef. Loh aurait espéré chasser tous les Balosars d’un coup, mais le résultat de sa tentative était déjà satisfaisant. Ce n’était toutefois pas le moment de pêcher par excès de confiance car la mine du chef, qui déposait l’enfant au sol, n’avait rien de rassurant. Le regard était particulièrement mauvais, celui d’un individu gravement blessé dans son orgueil. Décidé à laver son honneur, car il devait en avoir selon son échelle de valeur, il sortit un couteau d’une taille suffisante pour gravement blesser l’apprenti Jedi, ou pire en cas de coup bien placé.

Loh dut se résoudre à faire ce qu’il détestait le plus, mais sa main ne tremblait pas grâce à son entrainement. Il saisit ostensiblement le manche de son sabre laser sans toutefois l’activer tant il voulait user de son arme qu’en ultime recours. Le sabre laser restait le symbole Jedi le plus reconnaissable par tous les individus de la Galaxie, personne n’ignorait la dangerosité de cette arme et quand bien même Loh ne devait pas avoir la dextérité du Balosar en face de lui, la possession d’un sabre laser lui donnait un avantage incontestable face à un couteau, aussi tranchant soit-il. Loh espérait que la vue de cette arme dissuade le Balosar d’entreprendre une attaque.

« Ne faîtes pas ça… »

Quand bien même le padawan sortirait victorieux de cette confrontation, il n’en aurait pas moins échoué. Il laisserait dans le souvenir de cet enfant, trop jeune pour comprendre toute la causalité des évènements, l’image d’un Jedi qui l’a empêché d’aider ses amis avant d’agresser ses protecteurs. Et le pire pourrait encore venir si Loh était contraint d’user de son arme pour blesser le chef de la bande, peut-être même mortellement si sa maîtrise du sabre laser ne lui permettait pas de faire autrement.


Lancer de dé:

Administration

Messages : 199
Date d'inscription : 19/06/2018

Profil du personnage
Espèce: Aucune
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue1000/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (1000/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue100/100Sous mission Empty_bar_bleue  (100/100)
Administration
Administrateur
https://swus-rpg.forumactif.com
Mer 24 Avr - 10:02
Citation :
5 - Loh projette les deux gaillards qui le bloquent physiquement sur le groupe qui manipule le chariot. L'engin voit 2 de ses roues se casser dans la cohue (impossible à manipuler seul), tandis que 3 des punks sont sonnés (pour 2 tours) et 2 s'enfuient (reste alors seul face à Loh le chef de la bande, qui répondra de manière agressive, armé d'un couteau).

L'honneur tient une place étrange dans la société. Les uns en font leur valeur essentielle, tandis que les autres le piétine sans sourciller. De tous temps, l'Ordre Jedi s'est évertué à faire valoir l'éthique, la morale à travers ses actions. Pourtant, aux yeux de certains, ils n'en demeuraient pas moins que des voleurs d'enfants, les représentants d'une secte puissante, installée au nom du bien et de la paix au cœur même de la République Galactique. Les siècles ont tout de même fini par user la stabilité de ce groupe de chevaliers vertueux. Et il ne s'agissait pas seulement du résultat des actes des Sith, non, les Jedi eux-mêmes étaient en train de causer leur propre perte.

Le Grand Maître Jedi, Asledo Cadalo, savait à présent ses frères et sœurs constamment sous le regard, pour ne pas dire la surveillance, de l'univers. Aucun faux pas ne serait jamais plus passé à l'Ordre, et chaque faille serait pointée du doigt par une multitude de détracteurs. Les hyènes encerclaient les Jedi, prêtes à leur arracher la peau dès que la société moderne en aurait terminé avec eux. Et pourtant, un Padawan avait décidé, aujourd'hui, de montrer que le culte de la lumière était toujours fort. Pourvu d'une mission d'apparence simple, il s'était retrouvé confronté à la dure réalité, celle qui l'attendait hors du temple : la dignité n'était plus un besoin prioritaire dans cette galaxie. Les requins et les vautours s'arrachaient les richesses, ne laissant que des bribes à ceux qui ne pouvaient se servir les premiers. La violence des mondes développés, tels que Triple Zéro, était parfois plus cruelle, sadique, que celle des systèmes sauvages, où, au moins, l'ordre naturel régissait chaque chose.

Dans une ville à plusieurs niveaux, où les puissants vivent majoritairement en haut et les faibles en bas, l'injustice et les inégalités sont très importantes. La démocratie échouait donc face à la tyrannie de l'argent, mais pas seulement. Les ambitions des aristocrates, l'avilissement des peuples par les divertissements abrutissants, la loi des marchands qui prenait le pas sur les constitutions populaires, tout cela donnait un système profondément corrompu, où la cause commune se faisait dévorer, quotidiennement, par les intérêts des élites. Loh Darl, sans avoir cette vision globale, se pensait porteur de la justice manquante au sein de ce mode de société. Quelque part, il n'avait pas tort, bien sûr. Or, il avait oublié que l'Ordre Jedi n'était plus vénéré comme il avait pu l'être, jadis. Aussi, il ne devait pas s'attendre à ce que quelqu'un vienne l'épauler. D'ailleurs, la plupart des personnes présentes dans la rue s'étaient volatilisées. Certains commerçants avaient même temporairement fermées leurs boutiques, craignant que la situation ne dégénère bientôt. Et ils avaient raison...

Les deux voyous qui croyaient tenir tranquille le Padawan du Maître Dalonn furent soulevés du sol par une force invisible, puis leurs deux corps, semblables à des pantins désarticulés ici, se projetèrent sur le chariot de riz. La puissance de la Télékinésie Jedi se révélait toute entière aux gangsters. En plus des deux premières victime de Loh, trois autres bandits se retrouvèrent complètement sonnés, rétamés au sol en gémissant lamentablement. Le chariot, lui, émit un son de ferraille froissée, s'affaissant dangereusement sur le côté. Deux de ses roues roulèrent le long du trottoir, comme si elles s'évadaient du chaos qui venait d'être provoqué par le jeune Kel Dor, heureuses d'être libérées de leurs longues années de servitude. Ceci sembla alors donner des idées aux deux derniers délinquants encore debout, ils prirent en effet leurs jambes à leurs cous, sous les insultes cinglantes de leur prétendu chef.

Le Balosar à la crête sombre déposa son petit compagnon à terre, et dégaina soudain un surin, visiblement bien affûté, d'une de ses poches. Alors que l'humanoïde s'apprêtait à bondir sur le Jedi Consulaire, son regard s'arrêta sur le manche du sabre laser que ce dernier venait de saisir, d'un nouveau tour de passe-passe parfaitement maîtrisé d’ailleurs. Le Balosar hésita une fraction de seconde, mais sa colère l'emporta finalement. La lame du couteau fendit l'air, pendant que son porteur hurlait sauvagement. Loh Darl venait visiblement de mettre le doigt dans l'engrenage d'une escalade de la violence. A voir s'il allait parvenir à s'en sortir indemne...

[HRP : on se met au point par MP pour connaître les tenants et les aboutissants de tes actions futures.]

Auteur:

Loh Darl

Messages : 108
Date d'inscription : 10/07/2018

Profil du personnage
Espèce: Kel Dor
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue40/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (40/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue40/160Sous mission Empty_bar_bleue  (40/160)
Loh Darl
Padawan Jedi
Jeu 2 Mai - 2:17
Qui pouvait imaginer le matin même qu’une simple distribution de riz finirait en combat de rue ? Loh Darl avait envisagé bien des complications, mais rien ne lui aurait permis d’anticiper une telle dérive de ce qui aurait dû être une activité des plus paisibles. Un acte de pure générosité ne devrait pas, dans l’esprit de notre apprenti, aboutir à un déchainement de violence. La situation actuelle était d’autant plus troublante qu’il était difficile pour le Jedi de véritablement se convaincre qu’il n’en était pas responsable, au moins en partie. Il sentait naître en lui le sentiment d’avoir manqué à ses enseignements malgré tous ses efforts pour agir en conformité avec eux. Était-ce la preuve de ses propres défaillances ou bien la preuve qu’il n’était pas possible de faire triompher des principes sans les trahir ?

Le padawan était pris dans un engrenage dont il n’était plus possible de sortir. Il devait maintenant fournir tous les efforts du monde pour s’empêcher de repasser les évènements dans sa tête afin de trouver l’erreur, le moment où il avait pris la mauvaise direction pour atteindre ce point de non-retour. Le Kel Dor n’avait toutefois pas emprunté ce chemin tout seul car les malfrats en face de lui avaient eu l’opportunité, à chaque fois, de renoncer à leur méfait. Mais lui, le Jedi, aurait dû trouver le moyen d’éviter tout cela. Si seulement le maître Dalonn avait été présent pour protéger son padawan de ses propres doutes, et accessoirement de ces individus menaçants. Voilà une autre cruelle vérité : ce n’est pas tant la sagesse du maître que sa puissance qui aurait permis d’éviter cette situation car les malfrats n’auraient jamais osé s’en prendre à un adulte de l’Ordre. La crainte les aurait dissuadés d’agir, de même qu’elle les aurait contraints à écouter les avertissements du maître.

Mais un Jedi craint est un Jedi qui a échoué. À partir de quand le Jedi est-il véritablement écouté en raison de ce qu’il a à dire et non en raison de la crainte qu’il inspire ? Il apparaissait aux yeux du padawan que ceux qui avaient le plus besoin de la sagesse des Jedi étaient tristement condamnés à y être sourds car la pression de leur propre vie rendait l’enseignement Jedi inaudible. Ou bien existait-il simplement des individus qui avaient renoncé à être meilleurs pour des raisons qu’il était d’ailleurs difficile de simplement balayer. Lorsqu’un système de société ne récompense pas la rigueur morale, on ne peut pas raisonnablement attendre de ses membres qu’ils sacrifient leurs intérêts, et à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’intérêts vitaux. Les Balosars n’avaient, en d’autres termes, strictement rien à gagner en laissant le padawan poursuivre sa distribution. Seule la crainte d’une forme de punition pouvait les empêcher d’agir, et c’est pourquoi aucune des tentatives d’appel à la raison ou même à la compassion n’avait été entendues.

Le padawan avait donc pris la voie de la contrainte car il lui était apparu insupportable de rester impassible devant la défaite de ses principes. Il en était d’ailleurs le premier surpris tant ce qui était en train de se produire contredisait sa nature profonde. Loh Darl avait toujours été davantage spectateur qu’acteur, même lors des enquêtes auxquelles il avait participé. Lorsqu’il entrait en scène, ce n’était jamais seul et toujours sous les conseils avisés de son maître. L’apprenti conservait toujours en mémoire son premier échec lorsque son maître lui avait laissé davantage d’autonomie, un épisode de sa formation durant lequel le padawan s’était laissé emporté par des émotions qui n’étaient pas les siennes. Son véritable échec avait été de cacher à son maître ses émotions fortes, ou pire encore, de croire que ces émotions auraient pu rester cachées. Loh Darl n’avait à cette époque pas su dominer les émotions qu’il captait tout en se berçant de l’illusion du contraire. Il avait surestimé ses capacités et pêché par orgueil, lui qui aimait pourtant se définir comme quelqu’un de très humble. Son maître avait beau lui expliquer que s’appesantir sur ses échecs n’était pas une bonne manière de se construire, Loh ne voulait pas oublier cet épisode afin de ne pas répéter la même erreur. Mais alors qu’il se tenait debout face à ce Balosar armé d’un couteau, manche de son sabre laser en main, tout semblait démontrer que le padawan avait échoué à nouveau.

Les tentatives successives de dissuasion firent long feu. Loh avait tenté de susciter la compassion chez l’enfant, mais ce fut en vain. Il avait ensuite tenté de prouver au chef des Balosars que sa bande n’était pas de taille en usant de la télékinésie d’une manière plus spectaculaire qu’avec le bol de riz, mais ce fut en vain. Et voilà que maintenant, sabre laser en main pour une ultime tentative de dissuader le Balosar de passer à l’attaque, un nouvel échec se profilait. C’était exactement l’escalade décrite par les maîtres de l’Ordre : le pouvoir appelle le pouvoir. Mais s’agissant d’un Jedi, l’escalade était en réalité une chute. De la télékinésie sur un bol de riz, on était passé à l’usage de la télékinésie contre des individus puis à l’usage du sabre laser.

Bien sûr, il s’agissait de défendre et, en cela, le padawan restait fidèle au Code Jedi. Défendre l’honneur des plus démunis d’abord, celui de l’Ordre ensuite. Rester passif face à toute cette violence aurait été possible, mais comment s’attendre à ce qu’un Ordre réduit à l’inaction puisse susciter l’espoir ? C’est pourquoi le padawan avait décidé d’agir, car il pensait son potentiel échec moins dommageable que l’inaction. La finalité était pure, mais la situation démontrait que la méthode n’avait pas été la bonne. Trop tard pour en choisir une autre, le padawan était désormais obligé de réussir car le danger moral devenait un danger physique. La ruelle s’était presque vidée de tout potentiel témoin. Cela conforterait à coup sûr le Balosar dans sa tentative de tuer le Jedi, mais cela laissait aussi au Jedi la capacité de réagir sans trop craindre les conséquences sur la réputation de l’Ordre qui devenait un enjeu très secondaire par rapport à sa propre sécurité.

L’humiliation subie décuplait la colère du chef Balosar au point de la rendre perceptible sans qu’il soit nécessaire pour Loh de sonder l’esprit de son opposant. C’était une colère très primaire, de la nature de celles qui poussaient n’importe quel individu aux actions les plus irréfléchies, notamment attaquer un Jedi armé d’un sabre laser. Cette émanation de colère était la première charge involontaire du Balosar qui annonçait la charge physique, ce qui permit au padawan d’anticiper l’attaque. Loh activa la lame de son sabre laser comme par réflexe tandis que le Balosar entamait sa course, couteau en proue. Il ne restait au jeune Jedi que quelques secondes pour décider de la meilleure chose à faire. Sa réaction devait mettre son assaillant hors d’état de nuire le plus rapidement possible, car ses camarades assommés ne tarderaient pas à se réveiller et leur renfort serait fatal. Une nouvelle action dissuasive ne porterait probablement pas ses fruits, la colère du Balosar le rendant assurément insensible à toute forme de raison. Il fallait esquiver l’assaut, détruire le couteau et tout cela sans mutiler ou porter un coup fatal au Balosar.

Les objectifs étaient sans doute trop nombreux au regard des compétences martiales du padawan, mais il ne fallait pas moins que cela pour apaiser la situation. Loh estima la trajectoire de son adversaire qui, emporté par la colère, n’aurait sans doute pas la capacité d’en dévier. Il faudrait, pour profiter de la rage du Balosar, agir le plus tard possible afin d’empêcher toute réaction de sa part. A l’instant où le Balosar était suffisamment proche pour en respirer l’haleine, le padawan fit un pas de côté vers la gauche de sorte qu’il se trouva à côté de son assaillant. Loh effectua un quart de tour droite tout en préparant un coup vertical de sabre laser en vue de trancher le couteau, mais le résultat fut tout autre. Le manque de précision du padawan coûta un bras à son adversaire qui, hurlant d’horreur à la vue de son bras sectionné, s’écroula sur le sol.

Le Jedi ne relâcha pas son attention mais peinait à maintenir sa garde sans douleur, il vit alors couler du sang sur son bras droit. L’adrénaline avait détourné un temps le padawan de sa douleur, mais il avait bien été touché à l’épaule droite par l’arme de son adversaire et c’est probablement en partie ce qui avait causé son manque de précision. Loh resta un temps immobile, s’efforçant de maîtriser sa respiration et de faire abstraction de sa douleur. Convaincu que son adversaire, gravement blessé mais vivant, ne se relèverait pas pour un nouvel assaut, le padawan se résolut à baisser sa garde en désactivant son sabre laser. Ranger l’arme n’effacerait toutefois pas son erreur. Le jeune Kel Dor tentait de se convaincre qu’il n’avait fait que se défendre, que sa blessure prouvait le danger de la situation dans laquelle il se trouvait. Mais cela ne permettait pas d’établir le caractère inévitable de cette situation.

La colère du Balosar était encore palpable tandis que son hurlement initial s’était mué en gémissement plaintif. Il devait sentir peser sur lui l’obligation de rester fort malgré sa défaite, mais fort pour qui ? Pour l’enfant auquel Loh n’avait plus prêté attention, pour l’enfant témoin du pire avant de porter ses jambes à son coup. Bien sûr, l’imprécision du Jedi aurait pu coûter beaucoup plus cher, mais voir ainsi son protecteur rendu infirme par la violence d’un Jedi ne pouvait pas apparaître autrement que comme le pire des scenarios.

Loh Darl avait potentiellement vaincu malfrat, mais il en avait assurément créé un autre. Le padawan avait pourtant senti que l’enfant n’était pas malveillant, en tout cas pas davantage que les autres enfants. Simplement accablé dès les premières années de sa vie, il n’avait pas eu la chance de pouvoir acquérir certaines des vertus morales que le Jedi espérait défendre. Comment ne pas envisager maintenant que le jeune garçon était perdu ? Il était bien sûr très tentant de distribuer bons et mauvais points afin d’attribuer la responsabilité du désastre, mais ce n’était certainement pas un exercice auquel l’enfant prendrait le temps de se livrer. Il ne serait probablement pas sensible à quelconque explication, notamment celle qui lui rappellerait que Loh avait ouvert une autre voie avant que la bande de Balosars ne décide d’emprunter celle de la violence.

La vérité est que le padawan ne pourrait pas estimer seul et dans cette ruelle le bien-fondé de ses propres actions. Il tanguait sans cesse entre la reconnaissance de ses erreurs et la justification de ses actes sans véritablement savoir où le cercle commençait. L’erreur était sans doute de croire qu’il avait eu soit tout faux, soit tout bon. Raisonner par l’absolu n’était pas souhaitable même si les résultats pouvaient sembler plus rassurant. Il aurait besoin des lumières de son maître pour explorer toutes les nuances, mais il craignait aussi la rigueur de sa discipline. Décevoir celui qui avait investi tant d’années dans sa formation rendait l’expérience encore plus désagréable et la peur de décevoir aggravait encore les choses. La peur restait l’un des sentiments les plus dangereux pour un Jedi non pas en tant que telle, mais parce qu’elle conduisait aux pires actions. Réclamer d’un individu qu’il ne ressente pas la peur était impossible et tout Jedi imaginant que c’était là un commandement de l’Ordre serait dans l’erreur. Les machines ne connaissent pas la peur, mais elles n’en feraient pas pour autant de bons Jedi. Comment s’abstenir d’agir sous la pression de la peur si on est incapable de la reconnaitre ? Un Jedi ne doit pas ignorer les sentiments, il doit au contraire les comprendre afin de pouvoir agir le plus indépendamment possible d’eux. C’est en tout cas ce que Loh pensait avoir compris de ses enseignements, l’expérience permettrait probablement au padawan d’en préserver l’intégrité face à la pression des évènements. Il fallait sans doute, pour apprendre cela, connaitre encore quelques échecs.

Le Kel Dor avait machinalement porté sa main gauche sur sa blessure, comme pour en limiter l’écoulement, mais ce ne fut que douleur supplémentaire. Cette sensation purement physique relégua les principes au second plan. La tendance naturelle du padawan à intellectualiser tout ce qui lui arrivait était largement brimée par cette sensation charnelle à laquelle il n’était clairement pas habitué. Toute sa vie durant, l’apprenti avait évité les combats frontaux et jamais blessure n’avait été pour lui aussi grave. Contusions, hématomes, il en avait eu à l’occasion de ses divers entrainements ou missions, mais la première chaire gravement tranchée portait toujours son lot de traumatisme. La plus petite entaille surprendrait n’importe quel individu qui n’avait jamais vu la couleur de son propre sang, et l’entaille était cette fois-ci profonde au point d’emporter la rationalité. Le Kel Dor se surprenait à penser qu’il pourrait en mourir mais la vue du bandit manchot étalé sur le sol rappela au jeune Jedi que sa propre blessure, même non cautérisée par la lame d’un sabre laser, restait bien moins grave.

Aussi futile que celui puisse paraître, Loh se souvint que son chariot de riz, désormais immobilisé, n’était toujours pas vide. Si sa mission n’était techniquement pas terminée, le padawan n’était plus en état de poursuivre la distribution, ce qui en actait l’échec.
Le calme revenu, il était maintenant possible de décrocher son comlink pour appeler du secours. Loh se trouvait en effet seul debout avec deux Balosars évanouis et leur chef désormais incapable de poursuivre les hostilités. Il était possible d’appeler les services publics de Coruscant, notamment en raison de l’assistance médicale requise. Loh préféra toutefois contacter le Temple Jedi car un rapport direct aux autorités coruscanties laisserait le padawan seul face aux questions et, le cas échéant, aux conséquences des réponses qu’il apporterait.

« Maître, ici Loh Darl.
La distribution de riz a mal tourné. J’ai dû faire face à une bande hostile et n’ai pas réussi à éviter la confrontation. Je suis blessé ainsi que trois des leurs, dont un… gravement. J’aurais besoin d’une assistance, notamment médicale, aux coordonnées transmises par mon comlink.
»

Le message était court et les mots choisis. Loh ne voulait trop en dire maintenant et préférait attendre un tête-à-tête avec son maître pour lui livrer tous les doutes et questionnements suscités par cette bien piètre expérience pour en mesurer le bilan réel car il était très difficile, après un regard panoramique, de ne pas voir le tableau d’un regard trop sombre. Le padawan attendait l’arrivée des renforts, peut-être de son maître, assis au sol de sorte à pouvoir garder un œil vigilant sur les Balosars.

Lancer de dé:

Administration

Messages : 199
Date d'inscription : 19/06/2018

Profil du personnage
Espèce: Aucune
Réputation:
Sous mission Left_bar_bleue1000/1000Sous mission Empty_bar_bleue  (1000/1000)
Expérience :
Sous mission Left_bar_bleue100/100Sous mission Empty_bar_bleue  (100/100)
Administration
Administrateur
https://swus-rpg.forumactif.com
Lun 6 Mai - 16:22
Et c'est ainsi que le Padawan Loh Darl, connu pour son calme et sa maturité relativement précoce, céda face à l'escalade de la violence. Pourvu, habituellement, d'une bonne capacité d'observation, le jeune Kel Dor savait se plonger dans la recherche non précipitée de la meilleure solution. Mais aujourd'hui, les dangers et les menaces avaient été trop forts. Un Jedi, même préparé à affronter les rudesses de l'existence, n'en demeurait pas moins un être vivant, sensible, voilà ce qu'il fallait garder en tête après cette journée étrange.

Bien sûr, d'autres chemins auraient pu être empruntés par le Consulaire du côté lumineux de la Force. Les autres Jedi du même courant auraient sans doute lâché l'affaire ici. Ils seraient revenus au temple, afin de dépêcher de l'aide auprès des Chevaliers ou des Maîtres. Or, Loh avait refusé de donner une image fuyarde de l'Ordre. Lorsque des personnes malintentionnées s'étaient mises à l'encercler, le menaçant ouvertement devant un public apeuré, l'apprenti de Krey Dalonn s'était placé, sans sourciller, comme un rempart justicier face à eux.

Alors, cette histoire ne pouvait que mal finir. Un être, si doué était-il, ne pouvait pas se dresser seul contre la malveillance. Le brave Loh aurait dû le comprendre, et se rétracter devant la supériorité numérique de ses adversaires. Ceci dit, son acte n'était pas non plus exempt de bonnes conséquences. Les démunis et les résidents qui avaient pu observer la scène, avant de s'enfuir ou de se cacher, feraient logiquement courir le bruit que l'Ordre Jedi n'était pas si affaibli que ce que certains estimaient. Certes, ils agissaient souvent publiquement sous la subordination de la police Républicaine, mais ils n'en restaient pas moins des individus dotés de compétences extraordinaires.

L'honneur des Jedi était sauf, et leur blason se redorait quelque peu, au moins dans ce quartier. C'était un fait. Mais lorsque Krey Dalonn reçut le message de son élève, ce ne fût pas ce qu'il nota en premier dans son esprit. Le Maître Jedi pensait, initialement, que cette petite mission ne serait qu'une formalité pour Loh. La leçon prévue à la fin d'une telle journée portait sur la modestie, l'exemplarité, et la première utilité de l'Ordre Jedi dans cette galaxie. Distribuer de la nourriture aux plus pauvres n'était pas seulement un acte vertueux, il symbolisait le combat contre les inégalités et l'avilissement des citoyens Républicains sans argent. Et voilà que Loh se mettait à se battre contre une bande de vulgaires délinquants...

Le Maître Dalonn n'était pas content du tout. C'est pourquoi il attendit quelques instants, méditant durant une poignée de minutes, avant de se diriger vers le quartier où son apprenti devait effectuer son œuvre. Apaisé par la Méditation Vide, le Maître trouverait assurément les mots justes pour évaluer son élève. La tâche n'était pas simple, car il était facile de s’enfoncer dans la réprimande pure et sèche dans de telles conditions. Or, relativiser chaque chose, tout en prenant du recul autant que possible, était un élément propre aux Jedi. Point précis que des grandes têtes pensantes comme Asledo Cadalo cherchaient à maintenir au cœur du dogme Jedi. Tandis que des figures plus impulsives, malgré elles peut-être, à l'image de Ben Sarro, le plus réputé des sabreurs de l'Ordre, souhaitaient changer cette philosophie trop attentiste et niaise à leur goût.

Comme souvent, Krey était partagé entre toutes ces idées. Conscient qu'il ne trancherait pas le sujet lui-même aujourd'hui, il s'en remettait à ce qui lui paraissait le plus juste en fonction de la situation. Et en ce jour, il devait absolument se montrer sage et observateur. Ainsi, lorsqu'il arriva à quelques pas de son apprenti, il regarda d'abord l'ensemble de la rue, sans mot dire. Ne cessant son approche, l'homme à la barbe grise lâcha tout de même un soupir en pinçant ses lèvres, les yeux plongés dans ceux du jeune Kel Dor. Il s'arrêta à deux mètres, tranchant enfin le silence de sa voix grave et solennelle :

"Tu n'aurais pas dû céder à la violence, mais je suppose que tu as tout fait afin de t'en éloigner, de prime abord."

Le regard de l'expérimenté Gardien du côté lumineux de la Force se posa sur la victime du fils Darl. Le type était un Balosar à l'allure très marginale, dont le bras récemment amputé gisait à ses côtés. Il gémissait doucement en se tortillant, la douleur devait commencer à le tirailler, en plus du traumatisme psychologique évident... Krey utilisa rapidement son datapad portatif pour appeler une navette du service des urgences, puis il se focalisa de nouveau sur son apprenti :

"Les urgentistes se chargeront de lui... Ou d'eux, au besoin. Quant à toi, il vaut mieux te faire soigner au temple. Cette entaille est largement gérable par nos équipes médicales. Tu pourras également, de cette façon, mieux réfléchir à ta journée. Et lorsque tu te sentiras prêt : nous en reparlerons, tranquillement. En attendant, digère tout ça, Loh. Saches tout de même que je ne te blâmerai pas. Bien que, je dois l'avouer, l'idée a effectivement traversé mon esprit à un moment. Nous tirerons ensemble les leçons d'un tel drame, car ce n'est qu'ensemble que nous sommes plus forts. Cela vaut pour les Jedi, comme pour tout le monde sur cette planète, et ailleurs."

Montrant de sa main droite le chemin en direction du temple, Krey se dirigea ensuite vers le chariot de riz, encore chaud et à moitié rempli, à peu de chose près en tout cas. Le Maître vit rapidement que deux des roues de l'engin étaient cassées, il se pencha alors avec souplesse, dans l'optique de réparer les dégâts. Après quelques secondes passées à triturer les essieux, il renonça et envoya plutôt un message au temple Jedi. Il valait mieux faire disparaître ce chariot de la rue au plus vite. En ce but, quelques amis télékinésistes ne seraient pas de trop...

[HRP : Loh est prié de retourner au temple seul pour y être soigné. La mission s'achève logiquement ici. Merci pour ton implication et la qualité de tes réponses ! J'espère que ce premier RP sur SWUS t'a plu ! Tu peux désormais acter ta première demande de récompenses dans le Bureau des Quêtes & Récompenses.]

Auteur:

Contenu sponsorisé


Page 1 sur 1

Sauter vers: