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[Nouvelle] Les yeux noirs
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Phoebe Aldrich

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Date d'inscription : 02/11/2019
Localisation : dans son verre

Profil du personnage
Espèce: Humaine
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Expérience :
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Phoebe Aldrich
Militaire
Mer 14 Oct - 19:32
" première partie"

Il n’était pas loin de 9 heures, enfin heure locale, lorsque Bajuki, Colonel de son rang ouvrit doucement les yeux. Son regard, d’abord flou, se porta alors sur sa montre, il était 3 heures du matin sur Coruscant s’il se référait à son affichage, et il n’était donc pas étonnant qu’il se sente fatigué après ces 8 heures de trajets.
Sans parler de l’heure indécente à laquelle il avait du se lever pour rejoindre le système éloignée de Shimia, du secteur Dalchon.
Sans parler du peu de délais qui lui avait été donné pour arriver au plus vite.
Mais on ne discutait pas les ordres, surtout pas lui. Et si rester loin de sa famille aussi longtemps l’ennuyait profondément, Yu Bajuki savait pourquoi il n’avait pas chercher à décliner “l’invitation” de son gouvernement.


Ils ne l’avaient pas envoyé seul, bien entendu. Et son deuxième réflexe fut de trouver son acolyte. Dans l’espace passager de la petite navette ambassadrice, il n’eut pas à chercher longtemps le Major Rufus Tyn’or qui s’était porté volontaire pour cette action diplomatique assez inédite.


Ce dernier, ses cheveux bruns rabattus négligemment en arrière, lui sourit lorsqu’il remarqua qu’il était enfin réveillé. Il tenait dans l’une de ses mains ce qui ressemblait à un café fort réconfortant qui mit l’eau à la bouche du colonel.
Tyn’or vit son regard insistant sur sa tasse et le porta sa bouche sans perdre son sourire de midineux de l’holonet.


- Je vous le conseille Colonel, il est bon. Et fort.

Yu étira ses deux bras massifs vers le haut et après avoir étouffé un bâillement, il put enfin articuler quelques mots.

- Tout ce qu’il nous faut pour démarrer cette longue journée.


Il appela doucement la cyber hôtesse du vaisseau avec sa console et demanda son café, qui lui fut apporté dans la minute suivante, fumant et corsé. Et s’il n’était pas adepte des boissons fortes, les effluves aromatiques qu’il perçut eurent le mérite de maintenir ses préoccupations loin de lui pour quelques instants.

Rufus était clairement plus actif que lui à ce moment. Il se demandait d’ailleurs si le jeune officier avait dormi durant le voyage en le voyant lire consciencieusement son datapad.

- Alors Tyn’or, quelles sont les nouvelles?

Ce dernier le fixa toujours avec son sourire dévoilant une dentition quasi parfaite.

- nombreuses. Vous souhaitez connaître les infos locales, les dernières tenues à la monde cet Automne ou bien votre horoscope?


La réplique eut le mérite de faire rire Yu, qui faillit s’étouffer avec le liquide brûlant à ce moment. Après avoir récupérer un peu de contenance, il reprit, plus sérieusement.

- Locales ça suffira.
- 35 degrés annoncé, un peu de vent. Une tempête est prévue en fin de soirée. La fête de Dhou-enerve..
- ça se prononce Dhou-Ainervé…
- Dhou-Ainervé, donc en préparation… rien de bien excitant en fait. Enfin hors du cadre de la mission.

Bajuki hocha la tête. Oui, c’était même ça le problème. Shimia, planète sans histoire, ne contenant que quelques exploitations de seconds ordres était tout sauf une planète sur laquelle il pouvait se passer quelque chose. Les Pacithhips qui évoluaient à sa surface étaient connus pour être ouverts, tolérants envers le reste de l’univers sur l’intégralité des sujets sociétaux. Ce n’était pas des guerriers ni des révoltés. Et pourtant des choses préoccupantes s’étaient produites sur ces terres éloignées du noyau.

Rufus arborait un air un peu déçu derrière sa tasse. Yu ne le connaissait pas bien, mais il lui avait été très fortement suggérer par ses pairs lors de la planification de cette escapade.


- Vous semblez préoccupé Colonel.

Perspicacité était le qualificatif le plus entendu à ce sujet. Mais cela n’empêcha pas Yu de grommeler doucement. Bien sur qu’il était préoccupé. Bien sur que tout son corps montrait la tension qu’il ressentait à l’approche de l'atterrissage. Qui ne l’aurait pas été, loin de sa famille, pour prendre le relais sur l’ancien ambassadeur du lieu, et qui s’avérait être un de ses proches amis.

Il croassa une réponse, un peu bourrue, histoire de relâcher la pression et fixa l’écran qui indiquer les derniers parsecs à franchir avant de poser pied à terre.


- Ouais. Vous avez lu les rapports non?

Rufus, chassant toutes envies de blaguer désormais, se redressa sur son siège. Et après une rapide lecture sur son datapad, il reporta son attention sur la discussion.

- Oui. L’ambassadeur Rener… j’ai lu les dossiers médicaux. C’était un de vos amis, c’est cela?
- Ouais. Un bon ami même.
- J’espère alors que nous pourrons comprendre ce qui lui est arrivé.

Et sur la voix adoucie du Major, le vaisseau entama sa descente vers la capitale, sans encombre. La planète étant éloignée, le trafic spatial restait assez léger et enfin il pure respirer son air réel mais lourd.

Lorsque le sas s’ouvrit sur la petite piste d'atterrissage, un petit groupe de locaux s'avancèrent à leur rencontre. Il était constitué de deux gardes, d’un scribes androïdes et, au centre du groupe, du chef Pachek et de son second, un dénommé Tun.
Les deux Pacithhips levèrent doucement leurs trompes en signe de salutation, et le salut traditionnel républicain leur fut retourné, assorti de quelques échanges de banalités.

L’escorte se mouva alors doucement, puis les sujets importants furent rapidement mis sur le tapis. Dans un galactique un peu approximatif mais suffisamment compréhensible Pachek débuta la nouvelle conversation.

- Je tiens à vous adresser tout d’abord mes plus sincères souhaits de rétablissement concernant l’ambassadeur Rener. Et nous mettrons bien évidemment tout en œuvre pour que cette histoire soit le plus rapidement résolue, avec des réponses satisfaisantes.

Yu opina doucement du menton, dans un remerciement muet et léger.

- Merci. Je dois dire que personne ne s’attendait à cela, venant de lui.

Le second du chef, Tun, secoua de nouveau sa trompe, et répondit avec un accent beaucoup plus prononcé.

- Oui. Il était très apprécié et accepté de tous ici. Son accès de folie est… incompréhensible.

Incompréhensible, oui, c’était le mot qui tournait dans la tête du colonel quand il avait appris la nouvelle. Rener était apparemment devenu fou. Il avait pris en otage sa petite ambassade et n’avait eu de cesse que de répéter des phrases absurdes et incompréhensible. Le salut des employés de l’antenne locale républicaine ne fut obtenu qu’après de longues heures de négociations, puis d’une intervention armée de la part de la police locale. Il n’y avait pas eu de mort et quelques blessés légers. Mais cela faisait tâche dans les rapports de la République.

Yu n’avait d’ailleurs pas cru à cela lorsqu’on lui avait annoncé. Il avait demandé à le voir. A voir son ami qui, 4 mois auparavant était venu chez eux pour rencontrer la troisième née de la famille Bajuki. Il en était le parrain d’ailleurs. Et c’est aussi pour cela que Yu avait accepté de venir ici, laissant sa femme et ses deux autres enfants pour peut être plusieurs mois. A ses côtés, Tyn’or ne disait rien, se contentant de consigner chaque échange, où il ne savait quoi sur son datapad. Le colonel, devant se manque d’appuis, se décida à approfondir le sujet, d’une façon nettement moins évasive.


- Nous allons avoir besoin d’un plein accès à ses rapports locaux. Ainsi qu’à ses sorties, ses rencontres, ses présences aux événements… N’y voyez ici aucun signe d’ingérence, mais l’ambassadeur Rener n’a pas pu devenir fou du jour au lendemain.


Pachek secoua respectueusement sa trompe.

- Je comprends parfaitement Colonel. Nous comprenons votre implication concernant le sort préoccupant de votre ami.

Yu soupira intérieurement. Apparemment, l’univers tout entier était au courant des liens d’affections liant les deux humains. Après, cela avait aussi pour but d’obtenir la coopération du peuple local. Plutôt que d’envoyer un nouveau responsable trop imbu de sa personne, autant jouer sur la fibre sentimentale pour ne pas créer de nouvelles tensions avec le petit système en bordure de l’espace républicain.
Aussi Yu décida de jouer le jeu, même si à ses yeux, tous étaient des suspects potentiels. Il s’arrêta doucement et inclina la tête plus profondément pour en faire ressortir une forme de respect.


- Et soyez sûre que je vous en remercie. Personnellement.


Le groupe déambula ensuite dans les rues autour de l’astroport. La capitale restait à une échelle réduite, et ils gagnèrent rapidement l’axe où se trouvaient les locaux républicains. Shimia confirma qu’elle était aussi une planète exempte de toute grande activité. Ils ne croisèrent que peu de personne, mis à part un petit rassemblement autour d’une fontaine à moitié vide.

Le major se fixa alors et prit une photographie de la scène, sous les regards un peu surpris de son entourage. Puis, se sentant observé, il s’empressa d’articuler une réponse.

- Ho, excusez moi. C’est pour les archives. Et mon attrait personnel pour la photographie… Que font-ils?

Le colonel Bajuki leva un sourcil. Puis en regardant l’attroupement de plus près, il remarqua leur étrange configuration. La majorité des personnes était regroupée autour de deux protagonistes centraux déclamant dans le dialecte local un discours apparemment captivant pour ceux qui pouvaient le comprendre.

Pachek et Tun sourirent doucement, mais la main pachydermique du chef se leva, mimant un petit revers similaire à celui que l’on faisait pour balayer les mouches.


- Ho, cela n’est rien. Nous approchons d’une fête locale et mineure.
- Dhou-Ainervé?

Les Pacithhips échangèrent un regard, légèrement surpris par l’interruption du major. Apparemment, il ne s’attendait pas à ce que des humains issus du noyaux soient au courant de leur croyance mineure, alors qu’elles apparaissaient sur l’holonet. Et que Rener en avait aussi parlé avec son ami, cette petite fête brassant plus d’invité qu’initialement prévue au fil des ans.


- Oui… c’est exactement ça. Il s’agit d’un rituel de purification, qui se déroule en amont des festivités. Je vous conseille d’ailleurs d’y faire un tour! C’est une très belle fête, importante pour notre commerce!

Le commerce était un facteur clé dans la survie de Shimia. C’était grâce à cela, et à leurs caractères conciliants, qu’ils étaient parvenus à esquiver les dégâts des différentes guerres au cours des dernières décennies. Rufus, enthousiaste à l’idée de découvrir cette fête, répondit avec empressement et grand intérêt.

- ho! Nous n’y manquerons pas!

Yu se demanda alors si le major était sincère, où s’il avait retenu que les actes volontaires d’intégrations, comme la participation à une fête locale, étaient très bien perçus dans ce système. Quoiqu’il en soit, sa réponse afficha un grand sourire de satisfaction sur Pachek et son second. Et ils poursuivirent leur route.

L’antenne républicaine était à l’image de la planète. Insignifiante pour quiconque regardait avec les yeux d’un étranger, mais pourtant la bâtisse restait plus grande et plus haute que n’importe quelle autre maison du secteur. Et à son sommet, le drapeau de la République flottait, claquant sous un regain de vent provenant sans doute de la tempête nocturne qui se dirigeait vers la ville.

Le colonel soupira de soulagement. Voilà au moins une chose qui ne le destabilisait pas dans cette contrée lointaines Tyn’or fit une photographie, qui devait être plutôt jolie sous les rayons dorés du soleil, puis ils entrèrent enfin.


Dans un premier temps, on leur montra leurs chambres. Leurs bagages étant en cours de transport par l’équipage, ils ne s’y attardèrent pas spécialement et préférèrent se diriger au plus tôt vers le bureau de Rener. Pachek leur indiqua aussi d’un mouvement léger de trompe l'existence de la chambre de l’ambassadeur, juste au fond du couloir. Puis, le silence devenant légèrement pesant, les représentants locaux prirent congé de leurs hôtes, leur promettant de revenir les chercher pour le déjeuner.

Yu ne bougea pas. Tyn’or s’inclina. Ils furent enfin seul. Aucun mot ne fut échangé dans un premier temps, puis l’acolyte du colonel commença à débiter des mondanités.
En même temps, les deux hommes avaient sorti de leurs sacoches respectives un petit outil qu’ils activèrent immédiatement. Car s’ils y avaient une chose que les deux hommes savaient, c’était que les bureaux, qu’ils soient au sein du noyau ou au plus profond de la bordure, avaient tous des oreilles.

Bajuki passa donc son capteur au dessus du bureau, ne négligeant aucun tiroir et répondait assez platement aux remarques banales du major. L’idée étant de fournir une discussion plus qu’ininteressantes en attendant d’avoir débusqué tout les micros présents dans le bureau, qu’ils soient pour la sécurité interne de l’ambassadeur, ou d’origine plus exotique.
Rufus en profita pour revenir sur le sujet de la futur fête.


- Personnellement, j’aimerai beaucoup y aller.
- Rien ne vous y empêche Major, surtout pas moi. Mais n’envoyez pas directement vos photos au central, sinon ils vont croire que nous prenons des vacances à leur frais.

Le plus jeune rit doucement.

- Cela y ressemble beaucoup pour moi. Malgré la mission.


Yu lâcha momentanément son capteur du regard alors qu’il analysait avec minutie une étagère pour fixer le major.

- Laissez moi deviner...célibataire non?

Le major ne nia pas, impuissant devant le constat véridique de son aîné. Les fêtes comme cela, Bajuki les préférait en compagnie de sa femme et de ses enfants. Pas loin et en mission. Mais cela était avant tout une question de tempérament, et celui de Yu était généralement des plus casaniers.

Par contre, il savait que son ami Rener l’était moins. Et glaner des informations lors de ce petit événement serait sans doute intéressant. Histoire de confirmer si Rener était aussi bien vu et accepté que ce que lui avait décrit Tun.

Le détecteur du colonel vibra légèrement dans sa main. Apparemment, il avait capté la présence d’un objet intrus et émettant des signaux à intervalles réguliers. En balayant de nouveau l’étagère, il parvint à le localiser derrière le faux fond de la plage centrale. Les deux officiers échangèrent alors un regard lourd de sens, et Rufus ne se priva pas pour commencer à raconter d’autres histoires, vraies et fausses à la fois, afin d’étouffer au minimum les légers craquements qui provenaient de la plaque de bois que Yu essayait de retirer le plus doucement qu’il pu.


- Que voulez-vous Colonel, les officiers comme moi ont un peu du mal à conserver leurs histoires d’un soir à long terme. Mes collègues de promotions vous confirmerons que nous avons beaucoup de succès. Mais, l’éloignement, les missions, les longues réunions, le fait d’être appelé à toutes heures, tous les jours. C’est… assez complexe à gérer, surtout pour entretenir la flamme. La perle rare n’est pas simple à trouver. Et à aussi généralement d’autres aspirations que de rester à nous attendre. Mais, cela donne aussi la possibilité de faire de belles rencontres.

Yu rit généreusement. Il était parvenu à décrocher la planche de ses accroches et si sa poigne fut délicate pour l’écarter suffisamment, il força un peu la voix pour masquer son forfait.

- De belles rencontres… c’est comme ça que vous appelez ça maintenant? Ma génération a plus l’habitude d’appeler un speeder, speeder. Une maîtresse, un amant. Ce genre de chose n’est pas interdite.

Rufus s’était approché pour soutenir son aîné, maintenant la fine planche entre ses doigts pour que son acolyte puisse observer le dispositif caché derrière tout en continuant leur discussion bénigne.

- Pas interdite en effet. Sauf quand les belles rencontres sont en uniformes.


Le colonel trouva aisément le dispositif, sans prêter une réelle attention à la discussion. Puis, après avoir passé le petit boîtier sous la détection, il fronça les sourcils, fixa son acolyte, et poursuivit la discussion dans un semblant de message codé.

- L’uniforme est séduisant en effet. J’avoue que le notre est particulièrement saillant.

Il indiqua du nez le micro, qu’il remit en place. Il était de facture républicaine, donc théoriquement “de leur côté”. Restait maintenant à savoir s’il était le seul. Un nouveau regard fut échangé et Tyn’or secoua négativement la tête.
- Très saillant en effet. De notre point de vue. D'expérience, les autres ont tendance à les fuir. C’est une raison majeure du célibat chez mes anciens coéquipiers.

Si Yu lisait bien entre les lignes, Rufus n’avait rien trouvé de son côté. Et cela était à la fois rassurant et étrange. Shimia était loin de tout, il était surprenant de voir la république poser ses pions dans ses propres étagères. Après, c’était sans doute parce qu’elle était trop loin que les renseignements avaient sans doute caché le petit dispositif ici. D’autres auraient donc eu la même idée, mais rien ne semblait aller dans ce sens.
La question était maintenant de savoir si Rener, ou Pachek, étaient au courant de sa présence. Théoriquement, la réponse devait être négative. Mais le colonel pinça ses lèvres épaisses. Si cette petite taupe avait un jour pu être utile, ils ne seraient pas là. A moins que certaines informations pertinentes n’aient été oubliées de leur rapport.


Rufus leva doucement les mains, cherchant à obtenir une directive de la part du colonel. Mais ce dernier resta prostré dans un profond silence. Cette histoire ne lui inspirait rien. Mais Rener étant interné au sein de l’hôpital militaire de Coruscant, des réponses étaient à trouver. Des réponses devaient être apportées devant le comité. L’étape la plus complexe serait de saisir correctement cette affaire pour en tirer correctement les fils.

Il finit de redonner son aspect initial à l’étagère et essaya de décontracter un peu sa mâchoire. Ils étaient bon pour potasser l’intégralité des affaires et échanges que Rener avait eu dans les derniers mois.

- Bon, on commence par ...fouiller ses échanges, étudier son emploi du temps. Sur les deux derniers mois.

Le jeune major paru interloqué par cette requête mais ce choix temporel était mûrement réfléchi. Rener et lui échangeaient régulièrement. Et ces échanges s’étaient fait plus éparses il y’a peu, les deux hommes étant très occupés. Yu ressentit une légère culpabilité à ce moment. Il craignait de n’avoir pas perçu la détresse de son ami lors de leurs derniers échanges. Mais l’ambassadeur avait-il senti le danger? C’était-il sentit perdre pied avec la réalité? Et surtout, quel était l'événement qui avait pu le faire vriller avec autant de force?

Trop de question pour une petite matinée peu excitante et alourdie par la fatigue du voyage. Sa mission ne commençait pas sous de bonnes augures. Il devait redresser la barre.

Dans les heures qui suivirent avant le retour de Pachek, plus aucun mot pertinent ne fut échangé. Yu était resté derrière le bureau, décortiquant les rapports, les observations, les rendez-vous. Tyn’or n’avait pas non plus beaucoup bougé, assis les jambes croisées sur le fauteuil, faisant défiler des informations sur son datapad, ce dernier pouvait tout aussi bien être en train de relire l’intégrale de Yen le Sage, aucune expression ne semblant le traverser.

Alors que derrière le bureau, Bajuki bouillait. Sa jambe effectuait frénétiquement de micro mouvement, maigre échappatoire à ses tensions. Et quand le Maître des lieux revint vers eux, il n’avait rien. Rener était très précis dans ses rapports, remplissait tout avec minutie, les projets sur lesquels il était impliqués étaient tous “basique” et il recevait effectivement de nombreuses invitations d’entreprises et associations locales pour de petites cérémonies d’ouvertures ou caritatives. Rener était exemplaire ici. Et aucune menace ne se profilait dans ses journées.

Yu se frotta les yeux lorsque Pachek parla, n’écoutant pas vraiment le Pacithhip. Mais la voix du jeune major le tira de ses pensées.

-..une bonne idée non? Je ne connais pas ce plat

- Hein? Ah , oui… oui très bien.

Et toujours un peu perdu dans ses pensées, Yu Bajuki se laissa entraîner vers l'extérieur, sans se soucier de ce qui allait lui être servi dans l’assiette.
C’était digeste, un peu épicée, assez dense en bouche, et son nom fut rapidement oublié par le représentant militaire. Par contre, la petit cantine à l’arrière de l’annexe républicaine restait fort conviviale et témoignait du léger accroissement de population dans la capitale à l’approche des prochaines festivités.

Quelques rues commençaient également à être décorées, on y trouvait rubans et lampions purement décoratif mais qui permettaient d’égayer un peu l’ennuyeuse cité. Il n’était pas étonnant que les populations locales soient plus qu’ouvertes aux autres cultures, chaque micro événement permettant d’attirer les populations des villages et lunes alentours et de stimuler un peu leur commerce. Pachek semblait d’ailleurs très heureux de voir Rufus faire ses photos. Peut être qu’il demanderait à ce dernier de faire la promotion de leur planète aux peuplades du noyau, voire aux militaires en patrouilles et ayant besoin de se changer les idées. Un crédit était un crédit, et il valait mieux l’avoir dans sa poche.

L’ambiance familiale finit de dérider le massif colonel. Oui, si sa famille avait été là, ils auraient probablement passé un bon moment ici, Tun n’ayant pas hésité une seule seconde à leur décrire quelques activités proposées au plus jeunes, comme la chasse aux papillons opalins, insectes aux propriétés phosphorescentes qui amusaient beaucoup les plus jeunes. Ils ne parlèrent finalement que peu de l’affaire en cours. Ils étaient ici depuis moins de 24 heures, rien ne pouvait avoir avancé. Mais Pachek leur assura de nouveau que toutes les informations qu’ils avaient demandé étaient en cours de collecte et seraient disponible dans le lendemain.
Et cela ferait beaucoup de données à brasser pour leurs petites mains.


Le sommeil digestif se fit ressentir à leur retour. Et si Rufus reprit sa position sur le canapé, le colonel Bajuki décida de faire un petit tour dans la chambre de son ami. La chambre était plutôt sommaire, moins riche que le bureau et ce qui perturba un peu Yu fut qu’il ne parvint pas à ressentir l’empreinte de Rener. En parlant d’empreinte d’ailleurs, il y’avait clairement de légères traces sur les murs indiquant que des photos ou des cadres avaient été retiré dernièrement.
La petite bibliothèque s’était vue en partie vidée de quelques livres. Enfin, il le supposa. Rener aimait lire. De tout. Mais il ne restait qu’une petite poignée de bouquin dans un meuble beaucoup trop grand pour une si faible contenance.


- Rener, mon vieux, qu’est ce qui t’es arrivé…
L’armoire ne revela rien bien évidemment. Des chemises, des vestes cintrées au col montant sous le visage, des pantalons droits, plusieurs paires de chaussures cirées et certaines plus abimées par les poussières et la boue.

Le lit était fait au cordeau, pas un plie ne dépassait, pas un fil ne pendait. C’était presque à se demander si l’ambassadeur avait un jour dormi là. Cette chambre aurait pu être celle d’un hôtel sommaire, pas d’une personnalité telle que Rener, cultivée et rayonnante.


Par réflexe, il passa de nouveau son bip sur le peu de meuble se trouvant dans l’austère pièce. Il n’y trouva rien. Quelque peu dépité, Bajuki s’assit doucement sur le lit, fixant aléatoirement la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait l’inspirer. Bien sûr, il serait intéressant de savoir quand Rener avait décidé de faire le grand ménage dans sa décoration, histoire de mieux dater le moment où tout avait glissé. L’officier porta son regard sur la table de chevet. Rien ne se trouvait dessus. Le tiroir était vide. Et en tapotant dessus, il ne trouva aucun bruit révélateur d’une petite cachette aux secrets. Son ami fou ne l’aidait pas à ce moment et Yu soupira.

Il se releva lorsqu’on tapa à la porte, et du coin de l'œil, il vit la silhouette de Rufus se profiler dans l’embrasure. Aucun mot ne fut échangé, encore. Peut être était-ce cette forme d’ennuis, de solitude à demi voilée qui avait brisé l’ambassadeur. La mission était prestigieuse, sur le papier. En réalité, peut être que Rener avait fini par tourner en rond, à avoir le mal du pays sans pouvoir y rentrer.
La culpabilité saisit de nouveau le colonel. Si c’était cela, il n’avait rien vu. Et pourtant lui et Rener étaient suffisamment proches pour que ce type de discussion soit abordé sans malaise. Ils étaient tout les deux passés à travers tant de chose, un petit spleen n’était pas honteux entre les deux hommes.

Tyn’or, essayant tant bien que mal de se montrer utile, prit la parole, doucement. Sa perspicacité devait être mise à mal dans un contexte où il n’y avait rien à déceler.

- J’imaginai la chambre de l’ambassadeur plus...enfin moins…
- Ouais.

Yu continua de tourner en rond dans la pièce, faisant néanmoins part a son acolyte de ses petites observations.

- Rener a apparemment fait le grand ménage avant de partir.

Le colonel indiqua du doigt les marques sur les murs et le vide ambiant dans un geste un peu impuissant. Le major fronça les sourcils.

- Est-on sûre que c’est lui qui a fait ça?

Bajuki inclina brievement la tête sur le côté. La suspicion sur tout et sur rien commençait à faire son chemin.

- D’après les rapports, rien n’a été touché.

Rufus accusa la réception de cette information avec un sourire pincé.

- Considérons donc que c’est le cas. Excusez moi de la question mais… L’ambassadeur Rener, c’était quel genre de personne, dans le privé?

La question était légitime. Tyn’or ne pouvait pas savoir. Il ne l’avait pas connu et vu son jeune âge, il n’avait jamais du le croiser ou entendre parler, le nom de Rener s’étant noyé dans la multitude d’ambassadeur et de gouverneur étalé dans l’espace républicain.

- Un homme bien. Le genre cultivé. Une connaissance très élargie, et quand il ne connaissait pas, il s'intéressait. Un bon humour, assez fin. Une bonne discipline aussi. Routinier.
- Et avec seulement trois livres dans sa bibliothèque personnelle.

Yu regarda le major, puis la dite bibliothèque.

- Oui. Je ...je me demande si c’est bien sa chambre.


Rufus s’avança doucement dans la pièce pour se poser devant les étagères vides et ses trois rescapés.

- De ce que vous m’en dites, il devait intéresser pas mal de monde. Est ce qu’on a eu vent de l’existence d’un amant ou d’une maitresse?

Yu secoua la tête doucement. Si cela avait été le cas, il aurait été au courant. Même pour des histoires de passages.


- Non… non. Pas que je sache du moins. Mais il m’en aurait parlé. Et… il était généralement intéressé par d’autres formes de beauté dirons nous. L’art et tout le reste.

- Cultivé et ennuyeux donc.

Le colonel retourna un regard sombre vers le major, ce dernier fixant toujours les livres dans la bibliothèque. Il faillit grincer des dents. Mais au final cela était tellement vrai. Rener et lui avaient ça en commun. Les choses planifiées, préconçues, des intérêts n’évoluant pas vraiment au fil du temps. Sa femme lui avait dit. Mais cette dernière étant d’un caractère bouillonnant, il se complétait suffisamment bien pour se laisser entraîner l’un et l’autre, dans des imprévues, ou au contraire dans des petites soirées au coin du feu sans vague. Une femme comme cela aurait convenu à Rener. Mais il ne devait pas y en avoir des millions non plus.

Yu se décida à accepter la remarque un peu violente.


- Ouais. Mais quelqu’un de bien.


Rufus comprit sans doute son impaire et secoua la tête brievement.


- Je… si je parle d’ennuyeux, c’est plus à mettre en opposition à une personnalité extravagante, plus imprévisible. Aucun jugement la dedans. Au sein de la République, je ne pense pas qu’on soit les plus excentriques… Au moins, cela me donne une base pour comprendre. Pour le moment, tout les rapports se ressemblent, et je sais pourquoi maintenant.

Le plus jeune tendit sa main pour se saisir de l’un des livres.

- “Les monts de l’esprit”. Sacré titre!


Le colonel sourit légèrement.

- C’est moi qui lui ai offert se livre.
- Une belle preuve d'amitié que de le voir encore là.

Yu s’attendit à ce que le major le questionne sur le contenu du livre, sur son histoire mais au lieu de cela, il le vit soupeser doucement l’ouvrage, puis d’un geste léger, il l’ouvrit en deux et un bruit sourd retentit sur le parquet lisse de la chambre.

Le regard des deux hommes se porta aux pieds du major. Là, sur le sol un objet que l’on pourrait qualifier de cailloux rocheux gisait, inerte. Avant de le ramasser, Rufus adressa un petit regard au colonel.


- Une passion connue pour la géologie?

- Pas vraiment non. Shimia n’est pas réputée pour ça en plus.

Yu se redressa vivement du lit lorsque Rufus ramassa le petit roc. Ce dernier le tourna dans tout les sens, mais d’apparence externe, il n’y avait rien d'autre que les aspérités de l’érosion autour.

- Je me serais plus attendue à un pendentif ou un bijou, vu le poids.

Le flash photographique se déclencha et Rufus tendit le caillou à Yu qui restait figé avec le précieu artefact entre les mains. Son coéquipier s’activa alors à étudier le livre dans tout les sens, feuillettant ses pages dans tout les sens.

- Regardez Colonel, un trou à été creusé au sein meme des pages. Une curieuse boite à secret…quand tout le monde passe par un datapad


Le front de Yu était marqué par de nombreuses rides tant il réfléchissait intensément. La cachette était idéale, c’était certain, mais…

- Et vu le livre… soit ce dernier avait une signification particulière pour lui, soit… c’était pour vous.

Bajuki leva les yeux au ciel.

- S’il vous plaît, Major. Pas de dérive mystique, des singularités ou des indices visibles que par une seule et unique personne. C’est bon pour les polars.
- Et pourquoi pas?
Yu secoua la tête, prenant brusquement le livre des mains de Rufus.
- Non, c’est à vous de me dire pourquoi vous partez dans ce délire…

Tyn’or soupira bruyamment pour couper court au futur monologue de son aîné.

- Sérieusement. On est là que depuis … allez 7 heures, max. Et tout ce qu’on constate c’est...le vide. Le vide dans cette chambre, le vide dans ses rapports, le vide dans la ville...Si Rener s’est un instant sentit menacé, ou quoique ce soit, face au vide, je ne trouve pas cela étonnant qu’il ait essayé de laisser des petits cailloux, littéralement ici, sur son chemin.
- Il m’en aurait parlé.
- Il n’en a peut être pas eu le temps. SI c’était juste avant son… enfin …

Le colonel grimaça, puis prit la seule décision pertinente à ce moment.

- Soit. Que ce soit fait sciemment ou non, on analyse ce truc. Et … on garde ça pour nous.
- Bien colonel.

Tun, le second du chef Pachek apparut à ce moment dans la pièce, la porte ayant été laissée grande ouverte. Et dans un geste instinctif, Rufus saisit un autre livre, se décala juste devant Yu et salua chaleureusement l’alien. Yu profita de la petite occultation pour glisser la pierre dans sa poche et fit mine de feuilleter le livre.

Le Pacithhip les regarda avec intérêt, et sa voix mâtinée de roulement étouffé brisa le silence.


- Bonjour messieurs, je venais vérifier que vous aviez tout à votre disposition.

Puis son regard, légèrement inquisiteur se porta sur les livres. Le colonel, se retenant de se gratter la gorge, répondit doucement.


- Ho, oui… et… je racontais quelques histoires au major sur ces livres. Je les ai offerts à l’ambassadeur, cela m’a rappelé des souvenirs.

Les yeux rond de Tun semblèrent s'apaiser dans leur questionnement. Mais avant que l’assistant du chef Pachek ne décide de mener un interrogatoire, Tyn’or décida plutôt d'inverser les rôles.

- Le colonel et moi avons constaté la présence de trace qui montrent clairement que des objets, des cadres, des livres aussi
*il secoua son exemplaire dans la main* sont manquants. Pouvez-vous nous confirmer que personne n’a touché à quoi que ce soit avant notre arrivée?

Tun plissa les yeux très rapidement puis redressa ses épaules. Et avec un sourire et un léger mouvement de trompe, il confirma. Personne n’était intervenu. Comme le stipulait l’accord avec la République Galactique. Puis sa voix se fit plus glissante :

- Néanmoins, je me dois de vous préciser que ces manquements sont liés au fait du gouverneur Rener lui-même. Cela nous a un peu surpris, tant il semblait apprécier ses tableaux. Une envie de changement sans doute.

Changement et Rener. Deux mots qui n’avaient, à priori, pas leur place ensemble. Yu retint une réplique cinglante. Et remercia du mieux qu’il pu le Pacithhip, qui finit par s’éloigner dans le couloir.


- C’est de la connerie.


Rufus le regarda, pinçant pour la deuxième fois ses fines lèvres sur son visage de jeune premier.

- Il peut avoir eu envie de changement.
- Rener n’aimait...n’aime pas le changement. Pour se "recentrer", il se sert justement de ça. De choses immuables qui le tranquilisent.
- Les choses ne sont pas immuables colonel.

Et Yu ne trouva rien à répondre.

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